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Rummenigge, héros de Séville

Par Côme Tessier
Rummenigge, héros de Séville

Le match de Séville est avant tout le sien. Pas celui de Schumacher. Pas celui de Battiston. Ni même celui de Platini. Si l'Allemagne se qualifie aux forceps, elle le doit à Karl-Heinz Rummenigge, blessé mais entré pour changer le cours du match. La France a calé. L'Allemagne a Kalle.

« Mon dieu, Rümmenisch ! » Si Jacques Chirac ne maîtrisait pas parfaitement les noms des joueurs de l’équipe de France 98, François Mitterand avait un regard plus avisé sur les joueurs adverses en 82. Alors que la France mène déjà 2-1 pendant la prolongation, le président français sait qu’il faut être méfiant, car Karl-Heinz Rummenigge va entrer en scène. Blessé, diminué, l’attaquant de la Nationalmannschaft a jusque-là été l’un des joueurs les plus prolifiques de cette Coupe du monde en Espagne. Il va continuer de prouver son talent ce soir-là. Son entrée change la donne, la physionomie du match et le dénouement. Séville 82, avant d’être l’histoire d’une défaite, c’est le couronnement d’un monstre du football allemand, qui fait revenir les siens de nulle part pour arracher sa place en finale de la Coupe du monde. Le 8 juillet 1982, nuit de Karl-Heinz Rummenigge.

Un supplément tactique

Quand Marius Trésor envoie sa superbe reprise de volée dans les filets de Schumacher, dès le début de la prolongation, la réalisation passe très rapidement l’image de Karl-Heinz Rummenigge le long de la ligne de touche. L’Allemand accélère visiblement son échauffement. Son heure va venir. Signe que les Allemands n’ont pas encore rendu les armes et qu’ils ont de la réserve. Thierry Roland prévient de ce qui pend au nez des Bleus : « Au prochain arrêt de jeu, Rummenigge rentre. » La question est encore de savoir à la place de qui… Jupp Derwall, le sélectionneur de la RFA, choisit de tenter le tout pour le tout. Hans-Peter Briegel, défenseur un peu rugueux, est sorti. L’Allemagne passe à quatre attaquants. Le choix est osé – l’Allemagne encaisse un 3e but dans un premier temps – mais payant à terme. La France recule, la France multiplie les pertes de balle et le siège se met en place. Pire, Rummenigge pose d’énormes problèmes de marquage à la ligne défensive française. Même à une jambe, il ne tient pas en place. Il se balade sur le front gauche, sur le front droit, décroche pour toucher la balle et imprimer le rythme. Dans son rapport d’après-match, le futur président de la DFB Wolfgang Niersbach écrit à côté du nom de Kalle les mots suivants : « Le risque paye. Rummenigge […] se montre décisif dans le renversement de la situation par ses nombreux dribbles. »

En direct, Roland et Larqué sentent le vent tourner. « On a pas su résoudre le problème du marquage. » La fatigue n’aidant pas dans la torpeur de Séville : Janvion, Trésor, Amoros sont déjà épuisés pour l’éprouvante première partie du match. Thierry Roland, avec un habile zeugma : « Janvion tire la jambe, Tigana tire la jambe, Kaltz tire le corner. » Rummenigge finit de leur casser les jambes en multipliant les courses. Arrive alors le véritable tournant. Kalle est véritablement décisif par son but, un but essentiel, un but qui arrive au bon moment. Alors que plusieurs joueurs sont au sol, à se battre pour la récupération de la balle, Rummenigge s’impose et part en contre. Le joueur du Bayern remonte tout le terrain, s’appuie sur Littbarski et se jette à la conclusion. 3-2 ! Quand il faut changer de côté, l’Allemagne est encore derrière, mais il ne manque déjà plus qu’un petit but et les forces ont changé de camp.

Un supplément d’âme

Quand on demande à Klaus Fischer son souvenir du match, il souligne l’entrée de Rummenigge comme l’événement déterminant. « D’un seul coup, notre capitaine longuement blessé entre en jeu et marque de suite. Quelque chose comme ça vous donne des forces supplémentaires. » Harald Schumacher ne dit pas le contraire au Figaro, en 2002. « À Séville, lorsque la France menait 3-1, ce sont les joueurs qui avaient leur destin en main. Breitner, Rummenigge et moi-même avons donné l’impulsion pour renverser la situation. » Si tout n’est pas parfait dans son jeu, c’est aussi mentalement que l’entrée de Rummenigge change la donne. La RFA a retrouvé son capitaine, son maître à jouer, son leader. Alors qu’un Littbarski peinait à trouver un nouveau souffle pour poursuivre ses attaques, alors qu’un Kaltz ne faisait plus les bons choix, tous se remettent au niveau et suivent l’exemple de Rummenigge. Niersbach trouve encore les mots justes dans son compte-rendu. « Il guide une équipe presque désespérée, battue, avec le leitmotiv de la résurrection. » Eusébio parle lui d’Allemands « faits d’acier » . Ils ne renoncent pas. Littbarski multiplie les centres à la recherche d’Hrubesch. L’un d’entre eux conduit à l’égalisation. Il reste alors encore les tirs au but. Le bon moment pour un Rummenigge frais mentalement de faire valoir son sang-froid. C’est évidemment lui qui est désigné pour être le cinquième tireur – comme Platini côté Bleus. Son tir n’est pas décisif, mais il ne tremble pas alors qu’un raté condamnait l’Allemagne. Hrubesch, qui lui succède, tire exactement comme lui. L’Allemagne est en finale, grâce à son attaquant qui surgit hors de la nuit de Séville et court avec la balle au galop. Le justicier était de l’autre côté. Il n’y a pas de justice.

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