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Rudi Garcia, du Français au Romain

Par Eric Marinelli
Rudi Garcia, du Français au Romain

Pour sa deuxième saison à la Roma, le Français Rudi Garcia s'est fait adopter à part entière par tout l'environnement giallorosso. Au détriment du reste de l'Italie qui commence maintenant à le haïr.

Il était une fois un gentil petit Francese, qui devenait le premier représentant de son pays à prendre place sur un banc de Serie A. Nous sommes en juin 2013, et les propriétaires américains de l’AS Roma font un choix risqué. Au chevet de la Louve, à peine abattue par la Lazio en finale de Coupe d’Italie, débarque ainsi Rudi Garcia. Pas franchement accueilli comme le sauveur, le natif de Nemours en Seine-et-Marne provoque plutôt le scepticisme au sujet de sa nomination, aussi bien auprès des tifosi que de ses propres nouveaux joueurs. En cause notamment – comme le révélera Daniele De Rossi – une vidéo de démonstration de guitare datant de l’époque lilloise. Funky Garcia. Mais qu’importe, après un mercato très réussi (Strootman, Ljajić, Benatia, Gervinho, Maicon, De Sanctis), le Français convainc très vite son monde avec un début de championnat parfait. 10 victoires consécutives plus tard – un record évidemment -, la Roma caracole en tête, et l’Italie adopte Garcia quasiment à l’unanimité. Au final, la Roma termine seconde derrière une Juventus historique à 102 points et retrouve la Champions League après trois ans d’absence au terme d’une saison traversée sans polémiques ou presque. Le calme avant la tempête.

La grenade Juve-Roma, Garcia dégoupille

Terre de guerriers, Rome aime le goût du sang. La ville éternelle est ainsi faite, et Garcia l’a bien compris. Il s’occupe désormais de tout, de la communication du club jusqu’aux hôtels de mise au vert ou interdit encore le bar de Trigoria (le centre d’entraînement) aux prestataires du club lors des présences des joueurs ou du staff. En parallèle, s’il déclarait au départ « ne pas vouloir jouer dans la cour de récréation et sonner la fin de la récréation » pour éviter les polémiques, ce n’est plus le cas. Sous-entendre que la Juventus est avantagée par les petites équipes qui ne jouent pas le jeu contre elle ne suffit pas non plus. Pourtant la deuxième saison redémarre sur les mêmes bases avec cinq victoires consécutives, mais pas de doute : le Français a déjà laissé derrière lui le costume du bon samaritain avant de se rendre au Juventus Stadium, lors de la sixième journée, pour un affrontement au sommet (le 5 octobre 2014). Le déroulement du match va servir de détonateur. Au terme d’une rencontre très rythmée, la Juventus s’impose (3-2) avec, comme on le sait, un incroyable concours de décisions arbitrales contestables. Contestables oui, mais pas pour autant mauvaises, les jugements de M. Rocchi, l’arbitre de la rencontre, ne pouvant pas catégoriquement être remis en cause, même avec l’aide de la vidéo. Garcia a lui passé la plus grande partie du match en tribunes après avoir mimé un violoniste – suite à l’ouverture de Tévez sur penalty – et été, en conséquence, exclu.

S’ensuit une sortie médiatique des plus mémorables, non sans avoir auparavant égratigné la Vieille Dame. « Je suis fier de mes joueurs et cette rencontre m’a fait comprendre que cette année, nous remporterons le titre parce que nous sommes les plus forts et l’avons démontré » , déclare le Français. Oui, oui après une défaite. Le Corriere dello Sport – journal à consonance romaine – emboîte le pas avec un titre ô combien racoleur : « Championnat faussé » . Dès la sixième journée ? Oui, oui, c’est bien ça. Garcia a réussi son coup pour se faire adopter par la Roma. L’Italie peut commencer à grogner, il s’en moque. Deux mois durant, le Français répète les mêmes allégations rappelant presque à demi-mots le scandale du Calciopoli, sombre époque du football italien. Aidé par les tweets provocateurs à répétition de Nainggolan, Garcia déclare une guerre médiatique à la Juventus. Une guerre que se livrent bien sûr le Corriere et Tuttosport – journal à consonance turinoise -, pendant que la Gazzetta arbitre tranquillement les débats. Une véritable stratégie psychologique du Français, qui cache d’ailleurs les lacunes qui commencent à apparaître au sein de son équipe, et qui ne demandent qu’à germer.

Le sergent laisse place au violoniste

Dans un italien très respectable, Garcia ne s’adresse désormais plus qu’aux tifosi romains et multiplient les petites attentions pour faire monter sa cote. Des soutiens appuyés par exemple aux légendes De Rossi et Totti, peu importe leurs performances et les résultats sportifs. Les plaintes répétitives s’inscrivent elles dans la mentalité romaine, typique ou presque depuis le « Scudetto moral » remporté en 2008, derrière l’Inter. Un mélange entre un éternel deuxième à la Poulidor, et une campagne de victimisation à la Calimero. La com’ de Garcia atteint parfaitement son objectif et séduit l’ensemble de l’environnement giallorosso, en témoigne sa – charmante – nouvelle compagne présentatrice sur Roma Channel. Seulement, à trop jouer avec le feu, on finit par se brûler, à Rome encore plus qu’ailleurs.

Le 6 décembre, la Roma accueille Sassuolo et arrache le match nul (2-2) grâce à deux buts douteux. Honnête ou pas, Garcia nie une quelconque erreur d’arbitrage et loue en version un poil grande gueule la combativité des siens. « Mon équipe a une âme et elle l’a encore prouvé. » Une semaine plus tard, le 14 décembre, la Roma va s’imposer au Genoa (1-0) lors d’une rencontre très disputée et là aussi chargée de décisions contestables. Le président du Genoa, Preziosi, monte au créneau, allant jusqu’à lier – avant de se rétracter – la Roma au scandale de la Mafia touchant la capitale. Garcia est lui temporairement suspendu deux rencontres pour avoir – semble-t-il – tenté de s’en prendre à un stadier à la fin du match. La décision est ensuite annulée, mais le Français est prévenu : l’Italie ne lui fera plus de cadeaux. Il suit là encore sa ligne de défense : « Plus vous nous attaquerez, plus nous lutterons » . Me against the world, part 2. Même Tupac serait jaloux.

Derrière, un nul contre le Milan (0-0), le 20 décembre, avec un penalty oublié pour la Louve. Pas plus d’huile jetée sur le feu que ça de la part de Garcia qui souligne juste « la confirmation que cinq arbitres ne servent à rien » et que « la Roma gagnera le Scudetto malgré tout » . Au cas où vous vous poseriez la question, les chevilles sont encore solides pour lui, pas de problème. Et puis cette reprise à Udine avec ce fameux but fantôme d’Astori (ainsi qu’un penalty possiblement oublié à l’Udinese) qui fait couler tant d’encre, jusqu’à celle de Matteo Renzi. Une nouvelle attaque d’un président, Pozzo en l’occurrence, ne change rien, Garcia esquivant tout logiquement. « Le but d’Astori est valide et il n’y a pas faute sur Kone. » Cette fois, c’est la bonne, Garcia s’est bien mis toute l’Italie à dos pour conquérir sa Roma.

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