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Ronaldo, la majorité à 32 ans

Par Nicolas Jucha
Ronaldo, la majorité à 32 ans

On aurait pu penser que les années allaient commencer à peser sur les performances de Cristiano Ronaldo. Mais, à 32 ans, malgré des capacités physiques qui commencent à décliner, le Portugais a réalisé son chef-d'œuvre en étant décisif en finale de Ligue des champions, après avoir déjà fait gagner son Real Madrid aux tours précédents contre le Bayern Munich et l'Atlético de Madrid.

Deux buts en finale d’une Ligue des champions gagnée. Dix, tous décisifs, depuis les quarts de finale de l’épreuve. Cinq pour quasiment éliminer à lui seul – quelques erreurs d’arbitrage ont aidé – le Bayern Munich, un triplé pour plomber l’Atlético de Madrid en demi-finale aller. Cette douzième couronne européenne du Real est un chef-d’œuvre dans la carrière de Cristiano Ronaldo. Une victoire qui devrait lui offrir son cinquième Ballon d’or, et une revanche définitive, incontestable et probablement jouissive, sur tous ceux qui le mettaient en dessous de Lionel Messi. Le Portugais n’aura jamais le génie de l’Argentin, lui qui est plus athlète que magicien, grande gueule plutôt que taiseux… Mais, à force de persévérer, à force de toujours vouloir pousser ses limites plus loin, Cristiano Ronaldo a donc explosé ses derniers plafonds de verre : la centaine de pions européens, l’habitude des réalisations décisives, et une influence majeure dans une grande finale.

Première finale en patron

Un peu moins d’un an en arrière, la star portugaise quittait pourtant la pelouse du Stade de France en pleurs, le genou en vrac, à la dix-septième minute d’une finale de Championnat d’Europe que le Portugal allait gagner sans lui contre la France. En laissant les honneurs du but décisif au Lillois Eder. Quelques semaines auparavant, il s’était satisfait de remporter sa troisième Ligue des champions en ayant simplement marqué le tir au but décisif face à l’Atlético de Madrid. Ni plus, ni moins. Quand en 2014, il avait été tout à sa joie – pectoraux à l’air pour les photographes – parce qu’il avait marqué un penalty au bout du bout d’une prolongation déjà gagnée par son Real face aux Matelassiers. À l’époque, Ronaldo était déjà un grand joueur, une machine à enquiller les buts, à dynamiter les défenses et à faire rêver toutes les midinettes fans de football à cause de sa condition physique hors normes. Mais il lui manquait un petit quelque chose qui le plaçait en porte-à-faux vis-à-vis des plus grands, il le savait et en souffrait. Surtout quand son rival Messi claquait des doublés et des passes décisives dans ses finales européennes… Comme si le travail intense, l’optimisation physique, la détermination sans faille ne pourraient jamais égaler le talent, l’intuition et les inspirations de l’Argentin.

Maintenant, la Coupe du monde 2018 ?

Puis Zinédine Zidane est devenu entraîneur du Real Madrid, il y a dix-huit mois. Ronaldo, lui, a commencé à accuser le poids des années. Moins de courses, moins vite, moins de saut, moins haut. Moins de dribbles et de coups de reins, aussi, pour casser les défenses des faire-valoir en Liga et Ligue des champions. Moins de buts aussi, « seulement » 25 en Liga cette saison quand il en claquait quarante ou plus en 2011, 2012 et 2015. Le natif de Madère a appris à composer avec son âge relativement avancé : moins d’efforts, plus de sérénité, moins de quantité, plus de qualité. D’attaquant complet, il est devenu plus discret, plus rusé. De l’intégralité du front de l’attaque, il s’est recentré sur la zone de vérité. L’évolution parle d’elle-même désormais : que l’on aime Cristiano Ronaldo ou que l’on ne supporte pas son égocentrisme assumé, tout le monde est d’accord. Le Portugais n’est plus seulement un grand nom du football : depuis le printemps, il a gagné l’aura de légende. Dans environ six mois, il obtiendra son cinquième Ballon d’or – égalant le record de Lionel Messi – et personne n’aura l’idée de lui contester. Reste à savoir où désormais il peut s’arrêter : la Coupe du monde en Russie, c’est déjà demain, et à ce niveau d’efficacité, pas évident d’imaginer ce qui pourrait arrêter Ronaldo.

Zidane, l’enfant de Villalonga
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