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Ronaldo et les regrets cannois

Par Ugo Bocchi
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Ronaldo et les regrets cannois

Avec ceux de Ronaldinho au PSG, la France aurait également pu se payer les débuts européens du Fenomeno. Mais finalement, non. Par manque d'audace et de finance. Et c'est le PSV qui aura ce privilège.

Une petite boucle d’oreille, une touffe bouclée, un mono-sourcil en herbe et de belles grandes dents du bonheur. Jeune, Ronaldo Luis Nazário de Lima comptait avant tout sur ses atouts footballistiques pour se faire une place en société. Et le moins que l’on puisse dire aujourd’hui, c’est qu’il a bien fait. Que ce soit à Valqueire Tennis Club et à Social Ramos en Futsal ou bien plus tard à Sao Cristóvão sur de vraies pelouses, il a bien fait de ne jamais rien lâcher. En même temps, difficile de ne pas tomber sous le charme.

Sa facilité devant les cages et sa capacité à faire danser n’importe quel adversaire prennent le pas sur un physique pas toujours facile. Face à ses performances hors normes, ses parents, pas forcément partants à l’idée de le voir devenir footballeur, s’y résoudront également peu à peu. Par exemple, pour sa première année dans un gymnase à Social Ramos, au cours d’un championnat municipal, il marque 166 buts. Ou bien lors de ses trois premières saisons sur herbe à Sao Cristóvão, il en claque 44 en 76 matchs. Bref, il faut se rendre à l’évidence : ce garçon a beaucoup trop de foot en lui et doit au moins tenter sa chance.

Club Med et VHS

Dessinateur industriel de formation, ancien G.O. au Club Med et notamment au Brésil, Franck Henouda cherche lui aussi à faire fructifier ses talents. Et ce qu’il manie mieux que n’importe qui, c’est la tchatche. Le petit bonhomme a le sourire facile et sait très bien comment tisser du lien. En Martinique, il devient pote avec Claude Puel et Bruno Germain. À Paris, il se fait pote avec des joueurs du PSG et Luis Fernandez. Au Brésil, il se fait pote avec Jairzinho, alors entraîneur de Sao Cristóvão. Et un jour, au début des années 90, ce dernier lui demande s’il ne connaît pas un moyen de refiler trois joueurs en France.

Dans So Foot, Franck Henouda raconte : « Du coup, une relation de Jairzinho me donne trois cassettes. Deux de pros de dix-huit ans. Et une autre d’un joueur en devenir de quinze ans. Je lui dis que je vais en parler à Luis Fernandez qui était devenu entre-temps entraîneur-joueur de l’AS Cannes : 150 000 barres chacun, pour les deux majeurs. Et pour le joueur de quinze ans, 50 000 pour 50% de ses parts, parce que c’était un joueur d’avenir et que son club voulait garder des parts. Luis en parle donc à son président, mais il refuse, car pas d’argent. » Et puis le pari était trop risqué pour un joueur, certes couvert de louanges, mais parfaitement inconnu en Europe : « Jusqu’à aujourd’hui, Luis Fernandez s’en mord les doigts parce que les trois joueurs en question, c’était Djalminha, Marcelinho Carioca, et le troisième, celui de quinze ou seize ans… Ronaldo. Il Fenomeno ! » L’exode européen attendra encore un peu.

Cote à 3,00

Au lieu d’un transfert précoce, Ronaldo et son père signent un contrat avec deux hommes d’affaires, Alexandre Martins et Reinaldo Pitta. Eux négocient le règlement des dettes du phénomène à San Cristóvão. En échange, le jeune attaquant leur file ses droits d’images et l’exclusivité des négociations de ses futurs transferts pour les dix prochaines années. Et donc, après avoir cartonné à Cruzeiro, le duo négocie le transfert de Ronaldo en Europe, au PSV qui, malgré un gros chèque à signer, n’hésite pas à tenter le coup. À raison : en deux saisons d’Eredivisie, Il Fenomeno plantera 65 buts et leur permettra de réaliser une belle plus-value sur son futur transfert. Acheté six millions, il est revendu trois fois plus cher au Barça. La France a bel et bien loupé Ronaldo. Luis Fernandez, également, qui aurait pu se vanter aujourd’hui d’avoir lancé Ronaldo et Ronaldinho. Quant à Franck Henouda, ça ne lui a pas porté trop préjudice puisqu’aujourd’hui, il contrôle une bonne partie des transferts de Brésiliens vers l’Europe. Et chacun de se consoler en se remémorant que c’est tout de même à Paris qu’il a dessiné l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre…

Par Ugo Bocchi

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