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Roma, la fureur de perdre

Par Adrien Candau
Roma, la fureur de perdre

Désintégrée 7 buts à 1 par la Fiorentina en quarts de finale de Coupe d'Italie ce mercredi, la Louve ne semble définitivement plus avoir grand-chose de l'équipe qui avait su renverser le Barça en C1 la saison dernière. Même si, avec du recul, les plus flegmatiques préféreront relativiser l'échec, en se rappelant que l'art d'encaisser les branlées reste une tradition typiquement romaine.

Ce mercredi soir, Eusebio Di Francesco, l’entraîneur romain, a dû subir un difficile exercice rhétorique. Comment expliquer l’inexplicable à tous ces journalistes qui grouillent, devant lui, micros dans les pattes et questions plein les bouches ? Comment sa Roma a-t-elle pu encaisser, d’un coup, sept balles dans le buffet à l’Artemio Franchi, dans une compétition qui constituait l’un des objectifs de sa saison ? Mystère. Il faut bien s’exprimer pourtant, pour répondre aux impératifs médiatiques. Alors Eusebio, la bouche pâteuse, le ton désabusé, se jette dans le vide : « Ce que je regrette le plus, c’est que nous perdons la tête dans ce moment difficile. Nous ne démontrons pas l’union, mais l’inverse… Inutile de parler de changements ou de choix. Cela ne fonctionne pas et ne peut pas continuer. »

Des trous dans la tête

Pour l’entraîneur romain, il s’agit d’adopter la bonne perspective. Prendre sept buts face à l’actuel neuvième de Serie A pourrait n’être qu’une catastrophe d’un soir, certes humiliante, mais qu’une qualification pour la prochaine Ligue des champions pourrait contribuer à faire oublier. La Roma, cinquième, n’est de fait qu’à un point du quatrième, Milan, et donc d’une présence en C1 l’année prochaine. Mais le Mister giallorosso sait que le mal est plus profond : « Ce match a mis en évidence des choses qu’on a déjà vues cette année. »

Des choses comme les soudaines déconnections neuronales dont semblent trop souvent victimes ses joueurs. Illustration contre Cagliari mi-décembre dernier où, alors que la Roma menait deux à zéro à la 84e minute, elle trouve le moyen de concéder le nul à onze contre neuf. Ce jour-là, Di Francesco avait pointé « un problème de caractère. Mentalement, nous sommes très fragiles… C’était un match absurde. » L’absurde, justement, est revenu renverser sur le flanc la Louve le week-end dernier face à l’Atalanta, alors que les Romains ont concédé un nul dantesque, trois partout, après avoir pourtant inscrit les trois premiers pions du match. La débâcle florentine n’a donc fait que confirmer les maux déjà largement entrevus cette saison : des recrues décevantes (Nzonzi, Pastore, Schick), une animation collective beaucoup trop rigide et lisible pour les adversaires et enfin un mental en carton-pâte, alors que le leadership de Daniele De Rossi, de retour de blessure après de longs mois d’absence et entré en jeu à la 77e minute face aux Violets, a visiblement cruellement manqué aux Romanisti.

Fessées rituelles

Évidemment, Eusebio Di Francesco va s’en prendre plein la tronche. Pourtant, il n’est pas le premier entraîneur romain à encaisser une branlée monumentale. Perdre sept buts à un est même en passe de devenir une petite tradition dans la ville éternelle. Luciano Spalletti avait initié la chose quand sa Roma avait cédé sept fois face aux assauts de Manchester United en quarts de finale retour de C1 en 2007. Avec Rudi Garcia, les Giallorossi avaient implosé sur le même score contre le Bayern Munich, en phase de groupes de Ligue des champions en 2014. Signe que la Roma a depuis longtemps un truc qui ne semble pas tourner rond dans sa tête. La différence, c’est que la Louve version Di Francesco ne s’est pas couchée face à un ogre européen, mais juste face à une Fiorentina confortablement installée dans le ventre mou de la Serie A.

Elle semble surtout avoir perdu en route ce petit quelque chose en plus que son actuel Mister semblait avoir réussi à lui inculquer : du caractère. Quelques chiffres à attraper pour comprendre le schmilblick : lors de l’exercice 2017-2018, la Louve, troisième du championnat, n’avait encaissé que quatre pions de plus que la Juventus en Serie A (28 contre 24), le tout en marquant à peine plus de buts que des équipes comme la Sampdoria et l’Atalanta (61 contre 57). L’accent était alors mis sur l’organisation, la grinta, les exploits de Džeko devant et ceux d’Alisson dans ses cages. Pas forcément spectaculaire, mais efficace : en C1, Chelsea tombait à Rome par trois buts à zéro en phase de poules avant que la fameuse « Romantada » face au Barça ne symbolise les tripes qui semblaient avoir poussé dans l’estomac de cette Roma-là. Quelques mois plus tard, le club de la capitale semble pourtant n’avoir plus grand-chose dans le bide. Il va pourtant bien lui falloir se retricoter un semblant de courage et de volonté : ce dimanche, les Giallorossi reçoivent Milan à l’Olimpico, pour un match couperet en vue d’une qualification pour la prochaine C1.

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Tous propos issus de la Gazzetta dello Sport.

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