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Robert Moreno, la surprise princière

Par Mathieu Faure
Robert Moreno, la surprise princière

Leonardo Jardim débarqué, les supporters de l’ASM étaient soudainement soulagés. Puis, une surprise est sortie du chapeau pour prendre la succession du Portugais : Robert Moreno, adjoint fidèle de Luis Enrique pendant onze ans, qui va voler de ses propres ailes pour la première fois de sa jeune carrière.

On évoquait Marcelino, Unai Emery, Quique Setién… Même le CV de Laurent Blanc a été dans la boucle, à un moment donné. Mais les dirigeants de l’AS Monaco, Oleg Petrov en tête, ont bluffé tout le monde pour sortir un nom du chapeau. Un CV que personne n’a vu venir : Robert Moreno. À tel point que certains membres de l’AS Monaco ont tous eu la même réaction, une fois que l’identité du nouvel entraîneur est arrivé sur leur fil WhatsApp : « C’est qui ? » Après tout, à 42 ans, Robert Moreno a plutôt fait carrière dans l’ombre. Voilà onze piges que l’Espagnol s’était mué en génial numéro 2 de Luis Enrique, que ce soit à la Roma, au Celta de Vigo, au FC Barcelone ou sur le banc de l’équipe d’Espagne. Dans le lot, des titres à la pelle. Notamment avec le Barça, puisque Moreno est par exemple de l’aventure qui va au bout en C1 en 2015.

Quand Luis Enrique décide de prendre du recul pour raisons personnelles (sa jeune fille était atteinte d’une maladie incurable) au cœur du printemps 2019, Moreno se retrouve pour la première fois de sa carrière propulsé numéro 1 sur le banc de la Roja. Pas de quoi l’effrayer, puisqu’il qualifie l’Espagne pour l’Euro 2020 et que la majorité des joueurs adhère à son discours. « Robert Moreno est une personne qui connaît très bien les codes du football et cela se voit. Il a cette âme d’entraîneur. Il dirige l’équipe avec humilité et professionnalisme » , étaye Sergio Ramos, à propos de son sélectionneur intérimaire. Adepte du 4-4-2, schéma auquel il a consacré un bouquin, Mes recettes du 4-4-2, il sait s’adapter à son groupe (il a notamment fait briller la Roja en 4-3-3). Mais aussi aux nouvelles technologies, Moreno ayant longtemps été un «  super œil  » .

Coach dès quatorze ans

D’abord scout puis en charge d’analyser les adversaires, il a brillé par sa capacité à bosser les phases arrêtées. Coach dès son adolescence quand son professeur d’EPS lui demande de gérer les jeunes de L’Hospitalet, Moreno a toujours eu l’envie d’entraîner en lui. De quoi lui mettre le pied à l’étrier, puisqu’il va ensuite traîner son carnet de notes dans des petits clubs barcelonais (Castelldefels ou Damm). Jamais attiré ou pas forcément doué pour être un acteur majeur sur le terrain, Moreno a pris le parti d’être un crack du banc de touche. En 2010, Luis Enrique décide d’en faire son adjoint au sein de l’équipe B du Barça. Le début d’une collaboration fructueuse, mais aussi d’une forte amitié qui va exploser en plein vol en novembre dernier. Alors que la Roja fête sa qualification pour l’Euro 2020, Moreno se voit bien continuer jusqu’au tournoi final. Mais Luis Enrique décide finalement de revenir dans la danse et reprendre son poste, ce que Moreno avait toujours laissé entendre. « Si à un moment, Luis décide qu’il a envie de recommencer à entraîner et qu’il souhaite compter sur nous, je serai le premier à faire un pas de côté pour retravailler avec lui » , avait-il ainsi déclaré en septembre.

Finalement, Moreno est débarqué. À son grand étonnement. Autre mauvaise surprise : la réaction de Luis Enrique, obligé d’organiser une conférence de presse pour donner sa version des faits : «  Je suis contraint de donner plus d’explications que je ne le voudrais parce qu’il y a eu une polémique. Le 12 septembre, lors d’une réunion de vingt minutes chez moi, je lui ai dit que je me sentais bien et que je voulais entraîner de nouveau. Lui, il m’a dit qu’il voulait faire l’Euro à la tête de l’équipe avant de redevenir mon adjoint. Être aussi ambitieux, vu la situation, c’est déloyal selon moi. Et j’ai donc décidé de me passer de lui. J’ai pris des décisions par rapport à mes valeurs. Sur l’aspect professionnel, je n’ai rien à dire à l’encontre de Robert Moreno. Je pensais n’avoir rien à dire non plus sur la personne qu’il est, mais… » Une dinguerie verbale qui se termine sur une dernière punchline : «  La vie te permet de voir qui est ton ami ou pas, en qui tu peux avoir confiance ou pas. Moi, j’ai pris des décisions par rapport à mes valeurs.  »

Luis Enrique, la rupture…

Écarté de l’équipe d’Espagne, Robert Moreno se cherchait donc un challenge à la hauteur de ses ambitions. Et puis, Monaco est venu toquer à sa porte. Avec un effectif parfait pour jouer en 4-4-2, un cadre de travail idéal et des moyens financiers pour mener à bien plusieurs mercatos. Au fond de lui, l’envie de prouver est immense. Surtout, il faut refermer la blessure Luis Enrique. « Je ne sais toujours pas pourquoi il ne me veut pas, et je ne sais pas si je le saurai un jour. Je suis le premier qui se réjouit du retour de Luis Enrique, et je suis de tout cœur avec l’Espagne. J’ai très envie de redevenir entraîneur, je ne peux pas vous en dire plus. Merci beaucoup, à la prochaine » , disait-il fin novembre, lors de sa dernière conférence de presse. La prochaine aura lieu ce lundi à 18h, au stade Louis-II. Robert Moreno a retrouvé un banc, et le sourire. Le miracle de Noël.

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