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Revoir Pastore

Par Pierre Maturana
Revoir Pastore

Si la Serie A attend de pied ferme le premier but de Cristiano Ronaldo sous les couleurs de la Juventus, elle a pris en pleine tronche celui de Javier Pastore avec la Roma, lundi face à l'Atalanta Bergame (3-3).

C’est un grand classique de la vie : quand on vous reproche de ne pas en faire assez, on se rattrape en en faisant trop. Ainsi, lundi soir, dans un match de Serie A qui n’exciterait habituellement que les inconditionnels du championnat italien, entre la Roma et l’Atalanta, Javier Pastore a brillamment rappelé à tout le monde ce que signifiait d’être Javier Pastore. À tout le monde, c’est-à-dire tous ceux qui l’aiment d’un amour démesuré comme à ceux qui ne comprennent pas qu’on puisse admirer ce joueur dont la carrière compte au moins autant de blessures et d’absences que de coups d’éclat et de fulgurances. Il l’a fait d’une talonnade qui roule doucement vers le petit filet adverse au milieu d’une forêt de défenseurs. On attendait la prochaine pépite de Pastore, sans forcément attendre un petit bijou. Mais c’est sa façon de se faire pardonner, de rattraper le temps perdu.

Il n’aura suffi que de cette talonnade à la deuxième minute d’un match nul pour que Pastore refasse le tour des réseaux sociaux et de tous les médias. Pour autant, ça ne suffira certainement pas à faire regretter les fans du PSG. Qui ont eu le droit à ce genre de sucreries pendant son passage à Paris et qui savent qu’elles peuvent s’espacer confortablement dans le temps. On ne saura probablement jamais si le PSG n’a pas compris Pastore, ou si Pastore n’a pas compris le PSG. On sait juste qu’aujourd’hui, le PSG a besoin d’artistes à temps plein plus que d’élégance par intermittence.

Au bon PSG au mauvais moment

Avec le recul, on se dira sans doute que Pastore est arrivé trop tard au PSG. Ou dans le mauvais PSG. Qu’il était au bon endroit au mauvais moment, en somme. Qu’il aurait été plus à l’aise à une autre époque, à une époque où le PSG avait quelque part moins d’exigences et d’obligations de résultats, de spectacle, de palmarès. Comme Ronaldinho, Okocha, Raí, à qui personne ne demandait de rafler les titres nationaux et d’aller décrocher la première Ligue des champions du club. Avec le recul, ceux qui le critiquaient non-stop atténueront leurs propos et réaliseront qu’à divers égards, à sa manière, Javier Pastore aura marqué l’histoire du club. Avec le recul, ceux qui le défendaient coûte que coûte se rendront compte que c’était peut-être parfois exagéré.

Quoi qu’il en soit, lundi soir, Javier Pastore a rassuré tout le monde. Il est toujours ce joueur capable de gestes qui hérissent les poils. Il n’a rien perdu et il a encore beaucoup à donner. Si Palerme était trop petit pour lui et si Paris était trop grand, on peut imaginer que le juste milieu et la bonne hauteur se trouvent à Rome. Comme si les Parisiens avaient dit au revoir à Pastore pour que tous les amateurs de foot puissent, enfin, pour de bon, revoir Pastore.

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