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Rennes, la plus belle année

Par Clément Gavard
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Rennes, la plus belle année

En s'imposant contre Bordeaux samedi soir, le Stade rennais a gagné le droit de passer les fêtes sur le podium de la Ligue 1. Une manière idéale de boucler une année historique et exceptionnelle pour le club breton, qui rêve de faire durer le plaisir en 2020.

En cette journée où la fameuse magie de Noël devrait être invoquée dans de nombreux foyers, les supporters rennais pourront se rappeler qu’ils n’ont pas dû attendre le 25 décembre pour être gâtés. Il suffisait de se balader autour du Roazhon Park samedi soir, avant le coup d’envoi du dernier match de 2019 contre Bordeaux, pour se rendre compte de l’euphorie ambiante. À quelques jours des fêtes de fin d’année, la météo exécrable et les averses orageuses n’ont pas empêché plus de 26 000 personnes de se rassembler pour une ultime sauterie. Pas de place pour les éternels pessimistes, l’optimisme règne dans les troquets et devant les stands de galettes-saucisses. « C’est bon, on va gagner. Ce soir, c’est le podium pour nous » , glisse un trentenaire dans le bar des supporters, avant de tremper ses lèvres dans sa bière. Un visionnaire puisque plus tard dans la soirée, un but tardif de M’Baye Niang permettra au Stade rennais de triompher des Girondins (1-0) pour s’installer à la troisième place du classement et offrir un nouveau moment de plaisir à un public breton en fusion. À Rennes, cette année historique ne pouvait pas se terminer autrement.

Le poids de l’histoire

Au moment de faire le bilan, la famille rouge et noire s’est souvenue qu’elle avait déballé de sacrés cadeaux depuis l’hiver dernier : une double confrontation dantesque contre le Betis en février, une victoire de gala contre Arsenal en mars, et surtout un trophée attendu depuis quarante-huit ans avec une Coupe de France, remportée face au grand PSG au bout d’un scénario renversant, fêtée pendant de nombreuses semaines par des supporters sevrés depuis tant d’années. Un sentiment partagé par Julien Stéphan, arrivé sur le banc de l’équipe première en décembre dernier, après le succès contre Bordeaux : « Plus généralement, c’est l’année civile 2019 qui aura été exceptionnelle pour le club, et c’est bien évidemment une grande satisfaction de la terminer de cette manière-là. » Les plus sceptiques répondront peut-être que le deuxième semestre n’a pas été aussi fructueux, notamment avec un parcours décevant en Ligue Europa, mais les autres pourront leur rappeler qu’il ne faut pas bouder son plaisir : ce n’est pas chaque année que le Stade rennais emmène ses amoureux à Rome, Cluj ou Glasgow.

Sur les forums comme du côté de la route de Lorient, la question ne cesse d’être posée depuis quelques mois : le club centenaire a-t-il vécu la plus belle année de son histoire ? Les septuagénaires ne sont pas loin de répondre par la positive, même s’ils mentionnent tous la saison 1964-1965, celle du premier sacre en Coupe de France, à une époque où l’entraîneur se nommait Jean Prouff. Une autre période, un autre football et un passé en noir et blanc que les plus anciens aimaient ressasser, avant que les nouvelles générations ne puissent enfin avoir le droit à leur moment de gloire au printemps dernier. « Peu importe le résultat ce soir, cette année restera gravée à jamais, insistait un jeune, largement approuvé par le quinquagénaire à ses côtés, avant d’entrer à l’intérieur du stade samedi soir. C’est fou ce qu’on a vécu, il ne faut pas l’oublier. Et ce n’est peut-être pas terminé. » Les bons souvenirs n’empêchent pas de se tourner vers l’avenir.

Un nouveau rêve

Les questions fusent dans la tête des décideurs rennais, comme dans celle des supporters, qui ne demandent qu’à prolonger le plaisir en 2020. Comment surfer sur la vague de l’euphorie et des succès ? Comment ne pas retomber dans la routine d’une saison banale sans grands frissons ? Peut-être en surmontant les passages à vide, déjà, en ne cédant pas au traditionnel psychodrame à la première crise venue. Ce que le Stade rennais a plutôt réussi à faire cet automne quand l’équipe de Stéphan enchaînait dix rencontres consécutives sans gagner. Même si les querelles intestines ont parfois pointé le bout de leur nez dans le domaine public, le technicien breton assurant fin octobre devant les journalistes que sa position d’entraîneur avait été fragilisée lors d’un entretien de Sylvain Armand sur le site officiel du club. En attendant, Stéphan n’a jamais vraiment été menacé (officiellement) dans les sorties médiatiques du président Létang. Mieux, il est sorti renforcé de la défaite contre Cluj à domicile, imposant avec habileté une forme d’union sacrée, probablement nécessaire pour faire comprendre à tous les acteurs du club que l’instabilité ne sera pas toujours gage de réussite.

Depuis, Rennes a remporté sept de ses huit derniers matchs de Ligue 1, atteignant un total quasiment historique de 33 points après dix-huit journées – le record à mi-saison est de 35 unités dans l’histoire du club -, alors qu’une rencontre en retard à Nîmes doit se jouer le 15 janvier. Et voilà un nouveau rêve qui se dessine : entendre résonner l’hymne de la Ligue des champions dans l’enceinte rennaise, douze ans après le traumatisme de Lille, où un but de Nicolas Fauvergue dans le temps additionnel avait privé le Stade rennais du premier podium de son histoire. Samedi soir, pendant que les supporters tiraient des plans sur la comète, les joueurs et les dirigeants préféraient miser sur la prudence et l’humilité. « J’ai envie de dire impossible n’est pas rennais, a souri Benjamin Bourigeaud en zone mixte. Mais il faut garder la tête froide, essayer de continuer de travailler sereinement. Pour l’instant, il est hors de question de s’enflammer, d’évoquer la Ligue des champions. Le championnat est un marathon. » Le temps de recharger les batteries et de passer une tête en Coupe de France, la deuxième partie de la course pourra commencer le 10 janvier avec une affiche : la réception de Marseille et la possibilité d’aller titiller l’actuel dauphin du PSG. La magie de Noël sera terminée, c’est vrai, mais celle du Stade rennais n’est pas vouée à disparaître avec la nouvelle année.

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Par Clément Gavard

Propos recueillis par CG sauf mentions

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