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Rennes et sa grosse Betis

Par Julien Duez, au Roazhon Park
Rennes et sa grosse Betis

Face au Betis Séville, le Stade rennais a autant fait rêver qu’il n’a finalement déçu. En se faisant rattraper par des Espagnols supérieurs à tous les niveaux (3-3), les Bretons nagent en pleine incertitude avant le retour jeudi prochain. Il reste deux mi-temps pour écrire l’histoire.

Si Calimero avait été invité à s’exprimer en conférence de presse après la rencontre, le zoziau aurait pu lâcher son sempiternel « C’est trop injuste » sans que la formule ne soit maladroite. Parce que le sentiment qui prédomine route de Lorient, c’est bien celui-là : l’injustice.

En se faisant rattraper en fin de rencontre, le Stade rennais a presque perdu une partie de son envie de croire à une qualification pour un huitième de finale qui serait aussi historique que ce premier seizième de finale de l’histoire du club rouge et noir. Sauf que le football n’est pas juste, et que c’est justement ce qui fait toute sa beauté.

Un soupçon de magie

L’histoire commençait pourtant bien. De manière inespérée, même. Toutes celles et ceux qui traînaient à compter leur monnaie en attrapant leurs pintes à la buvette manquaient l’ouverture du score d’Adrien Hunou, au bout de seulement deux minutes de jeu. En inscrivant son premier pion européen, celui qui remplaçait Benjamin Bourigeaud dans le onze de départ contribuait à donner encore plus de passion à une rencontre qui a fait vibrer toute une ville et tout un peuple. Un peuple qui en a marre d’être constamment associé à la lose. Un peuple qui, en mordant dans sa galette-saucisse, voulait prouver à la France et à l’Europe qu’il était capable de faire plus que de la figuration face à la cinquième meilleure équipe du continent en matière de possession (60% en moyenne).

Et puis, le destin s’est chargé de donner un coup de pouce aux Rennais. Le but contre son camp inscrit par Javi García, d’abord annulé en raison d’une position de hors-jeu supposée de M’Baye Niang, est finalement accordé après consultation de l’arbitre de surface. Aurait-il pu être définitivement refusé si la VAR était d’application en Ligue Europa ? Peut-être, peut-être pas. Une question espagnole, cependant : comment est-il possible de se faire mener 2-0 au bout de dix minutes ? La magie de la Coupe de France version européenne, diront certains.

Le devoir d’y croire

Sauf que les miracles, ils sont beaucoup à penser que ça n’existe pas. Et plus encore côté Bétis. Parce qu’à Rennes, on croit rêver et on en veut encore plus. Lorsque le virevoltant Lo Celso réduit la marque à la demi-heure de jeu, Ben Arfa lui répond en transformant sans trembler un penalty généreux accordé juste avant le retour aux vestiaires. Entre-temps, le Bétis est cependant monté en puissance. Vite, très vite, trop vite. Avec la sortie prématurée de Sarr, le Stade rennais a perdu ce petit supplément de percussion qui lui donnait l’illusion d’arriver à tenter quelque chose, malgré une possession comparable à l’équipe de DHR qui reçoit un gros de Ligue 1 en Coupe (27%). Mais Rennes n’est pas l’AS Vitré, c’est justement une équipe de Ligue 1 qui n’a pas volé sa qualification en seizièmes de finale. Quant à l’adversaire, ce n’était « que » le Bétis. Pas le Naples dont a hérité Zurich, pas l’Inter que s’est mangé le Rapid de Vienne.

Les deux équipes ne jouaient peut-être pas à armes égales. Mais en récupérant des Sévillans sèchement battus 3-0 par Leganés, Rennes, porté par son extraordinaire public, devait proposer autre chose qu’un bloc bas aux allures de punching-ball. Comme dans la chanson, les secondes se transformaient en heures à mesure que le chrono avançait et en dehors de l’une ou l’autre tentative lointaine, la remontée sévillane devenait presque irrémédiable. Quant à l’addition, elle aurait même pu être davantage salée, si Koubek (qui n’a pas grand-chose à se reprocher) n’avait pas été sauvé une fois par son poteau ou si Da Silva ne s’était pas tué à deux reprises pour contrer des centres dangereux en toute fin de match. Alors, voilà. Rennes pouvait débarquer à Séville dans la peau d’un tueur froid, glacial et réaliste. Ce sera finalement avec les chaussons de la timidité qu’ils démarreront leurs deux prochaines mi-temps. Au bout desquelles se trouve une qualification qui n’est pas complètement inatteignable. Il est encore trop tôt pour dire kenavo au Stade rennais.

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