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Reims, moi je rêve

Par Adrien Hémard
Reims, moi je rêve

En cas de victoire contre Lille ce dimanche, le Stade de Reims s’emparerait seul de la cinquième place de Ligue 1. Les Champenois ne pourraient alors plus se cacher dans la course à l’Europe, parce qu'un promu ne se retrouve pas à cette place par hasard.

Stade de la Meinau, mercredi 3 avril, Strasbourg reçoit Reims. À la 41e minute, l’entraîneur champenois, David Guion, est expulsé par l’arbitre pour une contestation un peu trop véhémente dans sa zone technique. Une image rare, quasi inédite, venant d’un entraîneur connu pour son calme et sa discrétion. Une image aussi révélatrice de la tension qui règne au Stade de Reims en cette fin de saison. Rien à voir avec la lutte pour le maintien, l’objectif annoncé des Rémois. Au contraire, si le Stade de Reims joue des coudes, c’est à l’opposé du classement, en haut. Autrement dit, cette expulsion de David Guion prouve que les Rouge et Blanc se sont pris au jeu de la course à l’Europe.

Un rêve inavoué

Ce soir-là, Reims finit par chuter lourdement à Strasbourg (4-0). Une vraie claque, alors qu’en cas de victoire, la cinquième place tendait les bras aux Rémois. On pensait alors les ambitions européennes du club révolues, la marche trop haute. C’était compter sans les contre-performances répétées de concurrents directs, dont l’OM, qui font qu’en cas de victoire ce dimanche contre le LOSC, le Stade de Reims s’installera à une cinquième place qualificative pour la Ligue Europa, en cas de victoire du PSG en Coupe de France. Et pourquoi pas ?

Ce scénario, toute la cité des Sacres en rêve, mais au club, personne n’ose en parler. Ainsi, dimanche dernier au micro de Canal+, David Guion tempérait l’engouement autour des siens : « On est bien placés au classement, mais on sait que ça va se jouer sur les derniers matchs, dans le money time, avec les équipes qui ont l’habitude de ces sprints finaux. Et puis, nous, on est aussi conscients de surperformer depuis deux ans » . Au stade, la tribune Joncquet reprend certes depuis plusieurs semaines le chant « La Ligue Europa, c’est pour les Rémois » , mais sans trop y croire. À tort.

Un invité plus si surprise que ça

Les raisons d’espérer sont nombreuses. D’abord, le Stade de Reims est porté par une colonne vertébrale en pleine forme : Mendy, Abdelhamid, Romao et Oudin flambent (7 buts en 2019 pour ce dernier), tandis que la recrue Zeneli a vite fait oublier le coup de mou de Cafaro. L’accident de la semaine à Strasbourg ne doit pas remettre en cause la dynamique des Rémois, qui restaient sur 13 matchs sans défaites, un record. « On est sortis de notre ADN dans ce match. Il faut que l’on reste vraiment dans cette discipline et cette rigueur qui nous caractérisent depuis le début de la saison » , a analysé David Guion en conférence de presse. L’ADN en question ? De la solidité, puisque Reims est la quatrième meilleure défense du championnat, et n’a perdu que six matchs cette saison, soit autant que l’OL et le LOSC, l’adversaire du jour.

Dans une région habituée à mettre la pression en bouteille, les Rémois ont surtout le luxe d’être l’équipe la moins attendue parmi les candidats à l’Europe, leur saison étant déjà exceptionnelle pour un promu. D’ailleurs, en brisant la série de 13 matchs sans défaites, la claque reçue à la Meinau a sabré le peu de pression liée à cette série tout en réveillant les joueurs, piqués dans leur orgueil. Surtout, le calendrier à venir paraît favorable à Reims, qui reçoit deux adversaires directs, Lille et Saint-Étienne, dans un stade Auguste-Delaune où Lyon, Rennes, Marseille et Monaco se sont inclinés cette saison. D’ailleurs, parmi les autres adversaires des Rémois (Monaco, Nîmes, Angers, Bordeaux et Paris à la dernière journée), seul Caen aura quelque chose à jouer.

Un retour pour l’histoire

En cas de victoire contre Lille, tous les voyants seraient donc au vert pour les Rémois, à sept journées de la fin. Plus de 55 ans après sa dernière campagne en dehors des frontières, le Stade de Reims pourrait renouer avec sa riche histoire européenne, dont deux finales de C1 en 1956 et 1959. Après tout, en 2015 le club avait renoué avec l’Europe via son centre de formation, lorsque les U19 s’étaient qualifiés en Youth League. Un centre de formation à l’époque géré par un certain David Guion. La même année, le club avait aussi détaillé son projet Horizon 2020, avec pour objectif de réintégrer le top 10 de la Ligue 1 à cette date. Objectif qui devrait être atteint dès cette année, après deux saisons en Ligue 2 entre-temps. Enivrant.

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