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  • Sortie du SO FOOT 160
  • Luka Modrić

Raynald Denoueix : « Modrić sait où sera la meilleure passe à faire »

Propos recueillis par Andrea Chazy
Raynald Denoueix : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Modrić sait où sera la meilleure passe à faire<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Observateur assidu et formateur reconnu, Raynald Denoueix prêche très souvent la bonne parole lorsqu'il s'agit de jeu. Peu après la fin de la Coupe du monde, le chantre du beau jeu à la nantaise avait accepté de décortiquer le jeu du milieu croate et madrilène Luka Modrić, mis à l'honneur à l'occasion de la sortie du numéro 160 de So Foot ce jeudi.

Que ce soit avec la Croatie ou le Real Madrid, Luka Modrić donne le sentiment d’être excellent en permanence. Existe-t-il néanmoins des différences sur le plan du jeu ?

À Madrid, il a Casemiro derrière lui, en sélection c’est Rakitić. La différence majeure se situe au niveau du rapport de force.

Ça a été tout sauf surprenant de le voir à ce niveau-là. (Rires.) Il se retrouve dans une équipe qui fonctionne assez bien, qui est assez homogène. Il est un peu dans la même configuration qu’à Madrid, même si devant, les profils des joueurs sont différents. À Madrid, il a Casemiro derrière lui, en sélection c’est Rakitić. La différence majeure se situe au niveau du rapport de force. Lorsqu’il joue avec le Real, qui domine la majeure partie de ses rencontres, il a plus souvent l’occasion de se retrouver plus proche de la surface adverse qu’avec la Croatie. La saison dernière au Real, Isco avait tendance à venir dans l’axe. Benzema aussi. Pareil pour Asensio. Il y avait pas mal de joueurs qui pouvaient venir à l’intérieur derrière Ronaldo, ce qui faisait qu’il était moins nécessaire qu’il soit proche de l’attaquant.

On a quand même le sentiment qu’avec la Croatie, il terminait les matchs beaucoup plus marqué physiquement…Ce n’est pas étonnant de le voir plus fatigué à la fin de ses matchs en équipe nationale. Son équipe tient moins le ballon, la maîtrise collective n’est pas au niveau de celle qu’il y a à Madrid. Dans le rapport de force, la Croatie n’est pas aussi supérieure face à d’autres sélections comme peut l’être le Real avec la plupart des équipes qu’il rencontre. À Madrid, ses partenaires, qui font partie des meilleurs du monde et qui sont ensemble tous les jours depuis plusieurs saisons, sont capables de tenir le ballon dans les 25 derniers mètres, chose que les Croates avaient beaucoup plus de mal à faire. C’est une question de profil de joueurs.

Comment peut-on essayer d’expliquer sa faculté à prendre en permanence la bonne décision ?(Il coupe.) Il voit la bonne décision à prendre parce que dans sa tête il sait, en fonction de la situation de jeu, où sera la meilleure passe à faire.

Il ne va pas balancer le ballon dans le paquet et espérer que ça tombe sur un partenaire. Non, il va chercher un joueur en particulier.

Quelque part, Modrić se dit « à cet endroit, je dois avoir un partenaire » et c’est donc là où il regarde en priorité. Quand il va chercher un partenaire dans la surface, il ne va pas balancer le ballon dans le paquet et espérer que ça tombe sur un partenaire. Non, il va chercher un joueur en particulier. C’est la différence entre les bons joueurs et les moins bons. C’est toute la différence avec ceux qui partent sur le côté, mettent le ballon dans le paquet en espérant qu’un défenseur se loupe et se disent : « Avec un peu de chance, elle va bien tomber sur la tête d’un partenaire. » Ça marche une fois tous les dix matchs. D’ailleurs, dans ces équipes moins fortes, souvent, les attaquants courent avec les défenseurs. Alors que parfois, il suffit simplement de s’arrêter pour se démarquer. Parce que tout est une question d’espaces.

Cette faculté de la dernière passe, de casser des lignes en une seule transmission que lui ou Iniesta ont, est-ce que ça n’aurait pas été plus difficile pour Modrić de la faire valoir face à des blocs plus regroupés ?Je ne pense pas, car dans le championnat espagnol lorsque Madrid ou Barcelone jouent, en face il y a du monde derrière. Face à eux, il y a beaucoup d’équipes qui mettent six, sept, huit joueurs pour défendre. La différence est qu’en Liga dans ces défenses regroupées, beaucoup de latéraux sont d’anciens attaquants. Ils peuvent donc se projeter plus vite vers l’avant dès que leur équipe récupère le ballon.

Durant le Mondial, y a-t-il eu un mouvement initié par Modrić qui a retenu votre attention ?

Le but du jeu, c’est d’anticiper. Si ça vient d’arriver, c’est déjà trop tard. Comme pour nous lorsqu’on regarde le match à la télévision.

Pas forcément, je regardais ça tranquillou. (Rires.) Après, je n’étais pas en Russie, et la façon dont sont filmés les matchs aujourd’hui, avec beaucoup de gros plans sur des mecs en tribunes ou sur le banc, nous empêche de voir par exemple les possibilités de passes qu’il a. On ne peut pas se dire : « Ah bah tiens, il aurait pu la donner à untel ou untel » , parce qu’on ne voit le ballon que lorsqu’il est arrivé. Et là, c’est comme quand on est un mauvais joueur : c’est foutu. Ils ne comprennent que lorsque l’adversaire court ou que le ballon arrive. C’est trop tard. Le but du jeu, c’est d’anticiper. Si ça vient d’arriver, c’est déjà trop tard. Comme pour nous lorsqu’on regarde le match à la télévision.

Est-ce que vous lui voyez un axe de progression ? Il y a un secteur dont on parle peu, mais qu’il pourrait peut-être améliorer : c’est son jeu de tête. Il y a certainement une question de taille, même si par exemple Messi est bon de la tête. S’il voit des espaces ou même s’il est oublié sur coup de pied arrêté, Messi est capable d’aller s’imposer dans les airs. On l’a vu à Rome (face à Manchester United en finale de Ligue des champions, N.D.L.R.). Modrić, je n’ai pas trop de souvenir à ce niveau-là.

Vidéo


Peut-être qu’il est trop cérébral pour mettre la tête ? (Rires.) C’est possible, peut-être qu’il n’a pas envie de perdre des neurones, qu’il a peur d’abîmer des connexions. Il est tellement intelligent qu’il se dit « faut pas que ça s’endommage là-haut » .

Au niveau des statistiques aussi, est-ce qu’il n’existe pas un manque pour lui permettre de postuler un autre statut sur le plan individuel ?

Les buts qu’Iniesta et Modrić inscrivent, on s’en souvient. Ce ne sont pas des buts qui ne servent à rien dans des matchs d’avant-saison.

Il n’y en a pas beaucoup des milieux qui vont mettre 25 buts par saison, et ce n’est pas son rôle prioritaire. Iniesta, par exemple, ne mettait pas non plus beaucoup de buts, car ils sont dans une zone où on ne peut pas tout leur demander. Ils ne peuvent pas être parmi les meilleurs à la fois au milieu de terrain et en même temps devant. Mais les buts que lui et Modrić inscrivent, on s’en souvient. Ce ne sont pas des buts qui ne servent à rien dans des matchs d’avant-saison.

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