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Rapinoe : le football perd sa Megan star

Par Anna Carreau

Megan Rapinoe a joué dimanche soir son dernier match avec les États-Unis, tirant sa révérence après 17 ans de bons et loyaux services. Ballon d’or, double championne du monde, elle a marqué l’histoire du football féminin, en étant bien plus qu’une excellente joueuse. Hommage.

Rapinoe : le football perd sa Megan star

Le football est souvent frileux au moment de brandir le terme de légende lorsqu’un joueur ou – encore plus – une joueuse quitte un club, prend sa retraite ou remporte un nouveau trophée. Mais il n’y a sans doute pas de meilleur qualificatif pour évoquer toute la grandeur de Megan Rapinoe. Elle n’a pas changé seulement le football, elle a changé le monde. À la veille de son dernier match sous le maillot quatre fois étoilé des États-Unis, disputé dimanche à Chicago face à l’Afrique du Sud (2-0), l’attaquante de 38 ans résumait ainsi sa carrière : « Ma mère nous répétait toujours, à moi et à ma sœur jumelle, qu’il est de notre responsabilité d’utiliser notre talent ou notre popularité pour rendre le monde meilleur, d’une manière ou d’une autre. » Après dix-sept années passées à porter haut et fort les couleurs des États-Unis, Megan Rapinoe peut s’en aller avec la sensation du devoir accompli.

Elle est de ces icônes qui marquent une génération, comme ont pu l’être Billie Jean King ou Mohamed Ali avant elle, de ceux qui n’ont pas peur de froisser certains pour faire triompher le plus grand nombre. Le football n’aura peut-être pas d’autre Megan Rapinoe, pas d’autre joueuse capable d’être autant détestée mais aussi adorée. Tout le monde la connaît, peu importe s’il l’aime ou l’exècre. Elle est l’allégorie même de la grandeur américaine, tout en allant contre ceux qui s’en réclament. Ses deux trophées en Coupe du monde (2015 et 2019), sa médaille d’or aux Jeux olympiques en 2012, ses 203 sélections et 63 buts depuis 2006 n’ont d’égal que ses innombrables combats menés en dehors des terrains. Megan Rapinoe a toujours reconnu défendre « une vision du monde », celle où les homosexuel.les et transexuel.les ne sont pas persécuté.es, où les personnes de couleur ne sont pas tué.es par la police, où Donald Trump ne peut pas distiller son discours de haine et où les joueuses et les joueurs sont traités avec le même respect, les mêmes conditions et les mêmes salaires. Ses dernières sorties contre Rubiales vont dans ce sens.

Une carrière comme une passe décisive

« Merci pour tout ce que vous avez fait sur et en dehors des terrains », saluaient d’ailleurs la plupart des internationales dans la nuit de dimanche à lundi, où beaucoup ont vécu en direct sa sortie à la 54e minute pour dire définitivement adieu à un maillot qu’elle a tant fait briller. La génération qui arrive le sait, elle a eu de la chance d’avoir une « Pinoe » avant elle, lui permettant aujourd’hui de ne se concentrer que sur le football et de ne plus avoir à s’épuiser dans de longues batailles pour demander le minimum. Megan Rapinoe a posé les premières pierres d’un football féminin plus juste et plus égalitaire. Un football féminin digne, professionnel et ouvert à tous. Un football féminin qui devra maintenant se construire sans elle et poursuivre le chemin qu’elle a elle-même entamé.

Megan Rapinoe s’en va et laisse derrière elle un héritage aussi précieux que fragile. Elle s’en va avec le sentiment d’avoir rendu le football « un peu meilleur », d’avoir fait de son pays « un meilleur endroit » et l’espoir d’avoir inspiré suffisamment de générations pour que son flambeau ne s’éteigne jamais. « Le football féminin est totalement différent maintenant, de quand j’ai commencé, et c’est ce dont je suis la plus fière, constate la Californienne dans son ultime interview en zone mixte. Nous nous sommes battues pour avoir davantage de place, de reconnaissance, et on l’a aussi fait pour d’autres. » Le football féminin n’en serait sans doute pas là aujourd’hui sans sa persévérance, sa résilience et sa hargne. Il lui doit beaucoup plus que ce qu’il ne pourra jamais lui redonner. Il est encore trop tôt pour savoir de quoi sera faite son après-carrière sportive mais, même les crampons raccrochés, il y a fort à parier que Megan continue d’être une porte-parole contre les discriminations. En attendant, et même si le mot est sans doute trop faible, merci Pinoe.

Par Anna Carreau

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