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Ramírez, Oscar Wild

Par Florian Lefèvre
Ramírez, Oscar Wild

Déjà éliminé de la course aux huitièmes de finale, le Costa Rica peut quand même s'offrir un baroud d'honneur face à la Suisse. L'occasion de se pencher sur le destin du sélectionneur des Ticos Oscar Ramírez. Un fermier qui a fait un régime en vue du Mondial.

Ce 16 juin 1990, au Stadio delle Alpi de Turin, le Costa Rica ressemble à une Vieille Dame. Le maillot rayé noir et blanc costaricien correspond à s’y méprendre à la tunique de la Juventus. Pour la première fois de son histoire, la sélection d’Amérique centrale s’est qualifiée pour la Coupe du monde au bout un tournoi à dix façon Hunger Games de la zone CONCACAF. Pourtant, un an après avoir obtenu son ticket, le Costa Rica semble repartir à zéro après l’éviction du sélectionneur Marvin Rodríguez, son successeur Bora Milutinović ayant largement remanié l’effectif. Malgré tout, l’alchimie a fonctionné au premier match, car les Ticos ont battu l’Écosse. Les voilà donc lors du deuxième match opposés au Brésil pour aller chercher une place en huitièmes de finale.

La Seleção et la castagne en tribune

Numéro 10 dans le dos, le Michel Platini costaricien s’appelle Oscar Ramírez. Un blond qui porte le mulet frisé et un petit duvet. « Quand on a joué contre le Brésil, à la fin de l’échauffement, certains d’entre nous ont continué à cirer leurs crampons. Les Brésiliens étaient flippés de notre détermination parce qu’ils avaient deux personnes dans leur staff pour s’occuper de leurs pompes » , se rappelle l’ancien meneur de jeu costaricien. Le Brésil s’imposera de justesse 1-0, mais le Costa Rica ira chercher son billet pour le tour suivant en battant la Suède 2-1, avant de s’incliner 4-1 contre la Tchécoslovaquie en huitièmes. Qu’importe, sortir des poules était déjà un gage de réussite. Rétrospectivement, ce Mondial italien représente la pierre fondatrice du retour des Ticos sur la scène mondiale. Car ce sont les joueurs de 1990 qui vont ensuite prendre en main le destin de la sélection.

D’abord, Alexandre Guimarães, sélectionneur lors des Coupes du monde 2002 et 2006, puis Hernán Medford, Rónald González Brenes chez les jeunes, et aujourd’hui Óscar Ramírez à la tête de l’équipe nationale. À vrai dire, l’homme qui arbore aujourd’hui des cheveux noirs, la raie sur le côté et une moustache épaisse, a été nommé sélectionneur par la force des choses. Quand en août 2015, une vidéo circule montrant son prédécesseur Paulo Wanchope en train de se battre comme un chiffonnier avec un spectateur au cours d’une rencontre des espoirs costariciens, Wanchope se retrouve contraint de démissionner. Et c’est Ramírez, qui venait d’être nommé adjoint, qui devient numéro un. Lui, le coach couronné de succès à la tête des Leones d’Alajuelense (quatre victoires en tournoi d’ouverture plus une en tournoi de clôture sur la période 2010-2015), l’un des deux clubs les plus prestigieux du pays avec le Deportivo Saprissa.

Les poulets frits et les agrumes

Alajuela, justement, là où commence la carrière du petit milieu de terrain potelé au début des années 1980. Ramírez se souvient : « La première fois où j’ai figuré sur la feuille de match d’Alajuelense, Javier el Zurdo (le Gaucher) Jiménez m’a regardé et m’a dit :« Hé, t’as du bidon ?! Muchacho, t’as le ténia ou quoi ?! » » Au vrai, El Machillo – comme on l’appelle alors pour son pelage blond – est en surpoids depuis qu’il est petit. Et pour cause : le bonhomme n’a pas été élevé au sans gluten. « Gamin, j’avais déjà de la bedaine. Depuis tout petit, je travaillais dans le resto de poulets frits de mon père, et son repas habituel c’était des burusquitas de poulet avec du soda, tous les soirs. C’était la routine… »

De cette enfance riche en matière grasse, à mettre la main à la patte entre la cuisine et l’abattoir, l’aîné d’une fratrie de sept a gardé le goût du terroir. Voilà pourquoi, après avoir brillé par sa technique et sa science du placement entre Alajuelense et Saprissa, le jour où il n’y a pas de match, Oscar Ramírez retourne à Hojancha, un petit paradis de nature au cœur de la province du Guanacaste. « La bosse du commerce est restée en moi, explique-t-il.(…)Je suis un type qui aime le commerce, celui du bétail, acheter, vendre… » À Hojancha, El Machillo tient aujourd’hui une exploitation d’agrumes. Et il y serait sûrement en train de cajoler ses oranges et ses citrons si le devoir national ne l’avait appelé pour prendre les rênes de la sélection.

Régime sans glucides

Sur la route de la Coupe du monde en Russie, les Ticos sont allés chercher deux victoires face aux USA. La dernière fois qu’une équipe du Costa Rica avait gagné sur le sol états-unien, c’était en 1985 et Ramírez était sur le terrain. Quatre ans après la sensation costaricienne au Brésil, en Russie, la bande à Keylor Navas est déjà éliminée du Mondial 2018 avant le dernier match de poule face à la Suisse. Une déception. Mais le sélectionneur tient quand même une victoire : avoir perdu une dizaine de kilos en trois mois en s’appliquant à un régime strict sans glucides. « J’ai commencé à grossir quand j’ai passé beaucoup de temps sur la vidéo » , confie l’ancien obèse. Que va faire El Machillo en rentrant à la maison ? Reprendre son quotidien, avec sa femme et ses quatre enfants. À savoir : lever à 6h15, lecture de la bible, un café avec son épouse et un passage chez sa mère pour recevoir une bénédiction avant d’aller travailler… Ce mercredi soir, au stade de Nijni Novgorod, Oscar Ramírez portera un costard-cravate, qu’il aura préparé la veille, comme tous ses vêtements. Il fait ça tous les jours.


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Par Florian Lefèvre

Propos d'Oscar Ramírez tirés d'interviews à La Teja, El País et La Nación.

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