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Rafael Silva : « Je devais prolonger à Wuhan, mais avec ce qui se passe… »

Propos recueillis par Simon Butel
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Parti début janvier en stage d'avant-saison en Espagne avec son club du Wuhan Zall FC, Rafael Silva n'imaginait sans doute pas y être encore coincé plus d'un mois plus tard. La faute au coronavirus, qui a déjà fait plus de 2000 victimes, la plupart en Chine, et retardé la reprise du championnat chinois. En attendant de pouvoir rentrer à Wuhan, épicentre de l'épidémie, et de challenger Cédric Bakambu au classement des buteurs de la Chinese Super League, l'attaquant brésilien fait le point sur sa situation.

Comment est l’ambiance au sein de l’équipe en Espagne ? Dans quel état d’esprit sont tes coéquipiers et tes proches ? La situation est vraiment compliquée, et elle l’est de plus en plus,

On partage notre quotidien avec des Chinois qui ont de la famille là-bas, à Wuhan. On les voit bouleversés, chaque jour plus préoccupés par cette épidémie. Un de mes coéquipiers a perdu sa grand-mère cette semaine.

parce qu’on partage notre quotidien avec des Chinois qui ont de la famille là-bas, à Wuhan. On les voit bouleversés, chaque jour plus préoccupés par cette épidémie. Un de mes coéquipiers a perdu sa grand-mère cette semaine, donc la situation est vraiment difficile, et leur inquiétude est vraiment forte. On n’en sait pas beaucoup plus que ce qui se dit à la télé et sur internet et que vous savez déjà. On n’a pas énormément d’infos. Ma famille est vraiment préoccupée, surtout les premiers jours où ils se sont beaucoup inquiétés. Ils voulaient savoir où j’étais, si j’allais retourner en Chine ou pas… Ils s’inquiètent beaucoup pour ma santé.

Comment le club et le staff médical ont-il traité cette situation ? Est-ce que vous avez dû prendre des mesures spéciales ou passer des tests ? Les médecins ont pris notre température tous les jours pour s’assurer qu’on n’avait pas de fièvre. C’était obligatoire. Ils ont fait ça pendant quinze jours, soit le temps d’incubation du virus. Si après quinze jours vous n’avez pas de réaction, c’est que vous n’avez pas le virus. Donc ils ont arrêté, et maintenant la préoccupation est surtout de savoir comment vont nos proches en Chine. Certains proches de joueurs de l’équipe sont infectés, à Wuhan.

Au Wuhan Zall, vous n’êtes que trois étrangers avec le Brésilien Leo Baptistão (ancien joueur de l’Atlético de Madrid) et l’Ivoirien Jean-Évrard Kouassi. Dans quel état d’esprit vous êtes, en ce moment ? On se pose pas mal de questions, on ne sait pas de quoi seront faits les prochains jours, ce qu’il va se passer. Mais ce qui nous préoccupe le plus, ce sont nos coéquipiers chinois qui ont des proches là-bas. Bien sûr, on se demande quand est-ce qu’on va rentrer, si on va rentrer… Si l’épidémie perdure et se renforce, peut-être qu’on devra aller dans une autre ville que Wuhan pour nous entraîner et jouer nos matchs en toute sécurité.

Vous avez une idée de quand vous rentrerez en Chine ? Je ne sais rien du tout : je ne sais pas si je vais rentrer, quand je vais rentrer, ni quand le championnat reprend. Donc tout ce qu’on peut faire, c’est continuer à s’entraîner, se préparer chaque jour et attendre. Il n’y a rien d’autre à faire. C’est vraiment malheureux… On espère bien sûr que tout va s’arranger le plus rapidement possible, et que le nombre de victimes n’augmentera pas trop.

Certains joueurs sont partis en prêt à l’étranger, comme Yannick Ferreira Carrasco. Tu en penses quoi ? C’est bien pour des joueurs comme Carrasco ou Ighalo de pouvoir se maintenir en forme, garder le rythme et jouer au plus haut niveau en attendant de reprendre en Chine, quand tout sera arrangé. Je pense qu’ils vont revenir en forme.

Tu sors d’une belle saison. Ce n’est pas frustrant de ne pas pouvoir continuer sur ta lancée ? C’est compliqué parce qu’on s’entraîne en vue d’une échéance, la reprise du championnat, et maintenant on ne sait plus quand ça reprend. On perd donc en concentration, mais c’est normal, c’est très difficile de maintenir le cap, de rester concentré, motivé et de poursuivre une préparation aussi longue.

Comment tu t’es retrouvé en Chine, au fait ?Ça faisait déjà un moment que je jouais en Asie (avant de signer en Chine, en 2018, il a évolué trois ans à Albirex Niigata et un an aux Urawa Red Diamonds, tous deux pensionnaires de la première division japonaise, N.D.L.R.). Ce qui m’a convaincu de signer en Chine ? La proposition qui m’a été faite. Aucun autre club au monde ne me donnerait de telles conditions.

Jusqu’ici, ça se passait comment pour toi, là-bas ? Tu t’es bien adapté au foot et à la vie locale ? Vu que j’étais déjà en Asie, je me suis facilement et rapidement adapté. Sportivement, ça s’est bien passé aussi, puisqu’on a fini champion de deuxième division dès ma première saison à Wuhan. Au quotidien, c’est sûr qu’il y a des petites choses qui changent, mais on s’y fait sans problème.

Qu’est-ce que tu fais de ton temps libre ?En dehors du foot, je passe énormément de temps avec ma petite amie, ma famille, mes amis… Il y a toujours quelqu’un à la maison. Ça m’évite de me sentir seul, et ça permet de passer le temps.

Qu’est-ce que tu penses du championnat chinois ? C’est sûr que les joueurs locaux évoluant dans le championnat chinois ne sont pas les meilleurs du monde. Mais avec l’arrivée de joueurs étrangers, la ligue se renforce. Et je pense qu’elle va continuer de se développer dans les prochaines années.

C’est quoi l’objectif, pour toi ? Rester en Chine ou intégrer un championnat un peu plus ronflant ? Il me reste un an de contrat avec Wuhan. Le projet, à la base, c’était de prolonger et de rester en Chine, mais avec ce qui se passe en ce moment, d’autres opportunités se sont présentées à moi. Je vais étudier tout ça avec attention, et tâcher de faire le meilleur choix possible pour mon avenir. J’ai eu des contacts en France et en Europe, mais je préfère ne pas en parler pour le moment, ne serait-ce que parce qu’on ne sait pas comment la situation va évoluer en Chine.

Propos recueillis par Simon Butel

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