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Quimper, l’anomalie bretonne

Par Adrien Hémard, avec Alexis Souhard
Quimper, l’anomalie bretonne

Troisième ville de Bretagne après Rennes et Brest, chef-lieu du Finistère et deuxième ville où il fait le plus bon vivre en France selon plusieurs études, Quimper est une exception bretonne. Dans une région prolifique en clubs de football professionnels, la capitale de la Cornouaille et son Quimper Kerfeunteun FC (Régional 2) font tache parmi les Brest, Vannes, Guingamp, Rennes, Lorient, St Malo, St Brieuc et Concarneau, qui évoluent tous au minimum en N2. À qui la faute ?

« Ça fait vingt ans qu’on vit bien sans foot » , pose d’entrée Ludovic Jolivet, maire LR d’une ville représentée par son équipe masculine de basket en Pro B, et féminine de Volley en Pro A. Pourtant, entre 1970 et 1990, c’était bien le foot et le Stade quimpérois qui faisaient briller la capitale de la Cornouaille avec seize saisons en D2. « À l’époque, Quimper n’était pas très spectaculaire : c’était du football d’engagement, qui se rapprochait de celui du Stade brestois, en opposition à un foot lorientais plus technique. Il y avait des différences entre le Finistère Nord et Sud » , se souvient Christian Gourcuff. Joueur brestois entre 1977 et 1983, Yvon le Roux ajoute : « C’étaient les gros derbys, avec une énorme rivalité et 10 000 personnes. Il y avait de quoi faire pour aller en D1. C’est malheureux que maintenant dans le Sud-Finistère, ce soit Concarneau qui mène le train et que Quimper ait tout perdu. »

De dépôts de bilan en fusion

Vingt-huit ans plus tard, après plusieurs dépôts de bilan, le club est englué dans les divisions amateurs, atteignant même le neuvième échelon en 2015. Indigne d’une ville de 63 000 habitants. « Louper la montée a démobilisé tout le monde » , explique le maire, en référence aux années 1980 pendant lesquelles le club, mené par les Leclerc, visait la L1. Il poursuit : « À l’arrivée de Canal+, on n’a pas su prendre le wagon comme Guingamp, Rennes ou Brest. Il a été très difficile de prendre la main ensuite, et donc impossible de rattraper notre retard » , poursuit-il, fataliste. Président du club de 2008 à 2015, Jean-Paul Thomas développe : « Le jour où les investisseurs se sont retirés, il y a eu un enchaînement, c’était déception sur déception. Le Quimper Cornouailles(nom du club entre 1987 et 2000, N.D.L.R.)a eu un nouveau comité, mais ça n’a pas fonctionné. Les sponsors sont partis. On a déposé le bilan. » À l’échec sportif et financier, Christian Gourcuff ajoute celui de l’identité du club, qui « ne s’est jamais trouvé » .

Pour relever la tête et attirer de nouveaux sponsors, le Stade quimpérois (nom du club entre 2000 et 2008, N.D.L.R.) opte pour une fusion avec le voisin de Kerfeunteun en 2008. Naît alors le Quimper Kerfeunteun FC. « La fusion ne s’est pas forcément bien passée, avec d’un côté du personnel du Stade quimpérois avec l’ambition de rallier la N3, et de l’autre le personnel du Kerfeunteun. La mayonnaise n’a pas pris au début » , regrette Jean-Paul Thomas, alors président. Sportivement, le club végète dans les différentes divisions régionales et n’attire pas l’investisseur tant désiré. Successeur de Jean-Paul Thomas entre 2015 et juin dernier, Gilbert Férec précise : « À Concarneau et Guingamp, il y a peu de grosses associations sportives, donc les sponsors se concentrent sur le même club. Alors que chez nous, il y a une douzaine de clubs en district… » Pour se relever, le club vient de nommer une nouvelle présidente : Céline Merlette. L’objectif ? La Régionale 1 d’ici 2021, puis le National 2, minimum.

Une scène footballistique morcelée

Si, pour l’instant, le Quimper Kerfeunteun FC ne parvient pas à gravir les échelons, c’est d’abord à cause de l’histoire de la ville, ce que confirme le maire : « Quimper, c’est la fusion de quatre communes en 1960. Toutes ces communes avaient leur club de foot et l’ont gardé depuis. Il y a donc une rivalité de quartier qui n’a jamais permis de fédérer derrière le stade quimpérois. » Ce morcellement pousse chaque club à tirer la couverture à soi : « On n’a jamais réussi à fédérer tout le monde » , regrette Jean-Paul Thomas. Et ce, malgré les tentatives du maire actuel lors de son rôle d’adjoint aux sports en 2008 : « J’ai essayé de changer ça, mais les clubs n’ont pas voulu s’unir. Les dirigeants préféraient protéger et privilégier leur club de quartier plutôt que d’en former un gros. Pourtant, la solution passe par un projet commun des clubs de la ville. » Dans ce cas de figure, Ludovic Jolivet serait prêt à soutenir le projet.

Car jusqu’ici, le soutien de la municipalité est plus que timide, et même dénoncé : « Ce qui est malheureux, c’est que la municipalité a laissé le club sombrer. Il fallait sauver le club quand il était encore en D3 » , affirme Yvon Le Roux, appuyé par Jean-Paul Thomas, catégorique : « On avait 25 000 euros de la part de la municipalité, ce qui est largement insuffisant pour faire marcher le club. Je ne pense pas que l’objectif de la ville est de nouveau d’avoir une équipe pro. » Pourtant, la ville soutient les équipes pro de basket et de volley, et Ludovic Jolivet, le maire, est lui-même un ancien adjoint aux Sports : « Bien sûr, quand ça ne marche pas, on peut accuser la collectivité de ne pas mettre de moyens, mais la collectivité ne peut pas tout faire » , se défend-il, « c’est trop facile d’accuser la municipalité alors que le problème vient des rivalités entre les clubs quimpérois issus des villages historiques. »

Infrastructures vétustes, Riyad Mahrez et voisins encombrants

Et ce n’est pas le vétuste stade de Penvillers, dans un piteux état, qui va réconcilier le QKFC et la mairie : « C’est l’un des pires stades que je connaisse » , tranche Christian Gourcuff. Pas facile dans de telles conditions de raviver la ferveur autour du club, même si quelques amoureux ont tenté le coup avec le kop Celtic Kemper 08 fondé en 2008, depuis porté disparu. « On tourne à 150 personnes environ. Faute de grosses écuries, les gens ne viennent pas au stade, ce sont des sportifs de télévision » , regrette Gilbert Férec. S’il pointe le manque d’identité du club, Christian Gourcuff dénonce aussi une politique de formation longtemps inexistante, ce qui a changé, comme l’explique Gilbert Férec : « Notre formation a une fonction d’appui. Par exemple, avec le SRFC, on a une convention qui permet de garder les jeunes jusqu’à 15 ans. L’intérêt avec les clubs pros, c’est d’avoir des affinités pour conclure des contrats pros, et permettant de financer notre propre club. On a quand même eu Riyad Mahrez. »

Mais aujourd’hui, le club dominant la Cornouaille évolue à une vingtaine de kilomètres, à Concarneau. « C’est une ville qui bouge, au contraire de Quimper. Le président du club est un industriel réunissant autour de lui un gratin d’entreprises, ça simplifie les choses » , explique le président sortant Gilbert Férec. Son prédécesseur, Jean-Paul Thomas, confirme : « On subit l’omnipotence de Concarneau qui a saisi sa chance, grâce à des gens compétents et un environnement économique favorable. Pendant des années, il y avait une rivalité sportive, avec une certaine animosité entre les clubs et les dirigeants : on se tirait la bourre » . L’autre voisin modèle, c’est le Stade brestois, encore plus détesté depuis qu’il est venu piller la jusque-là solide section féminine de Quimper il y a deux ans, emportant joueuses et entraîneur. Une équipe de Brest qui ne joue pas dans la même cour à en croire Christian Gourcuff : « À Brest, il y a un vrai engouement populaire, tout un secteur économique qui n’attend que le retour de la Ligue 1. Ce qu’on n’a jamais senti à Quimper. » La preuve, avec cet aveu du maire Ludovic Jolinet : « On ne doit pas raisonner uniquement en matière de ville, mais de territoires, et de ce point de vue-là, on a un club : à Concarneau. »

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Par Adrien Hémard, avec Alexis Souhard

Tous propos recueillis par AS et AH

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