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Qui est Joris Chotard, la nouvelle révélation montpelliéraine ?
Propulsé titulaire l'été dernier après la blessure de Florent Mollet, Joris Chotard, 18 ans, a finalement transformé l'opportunité en or. Le voilà titulaire indiscutable à Montpellier et nouveau bijou de la formation héraultaise. Attention monstre en cours de création.
La carrière de Joris Chotard a beau démarrer à l’allure d’une Formule 1, lui l’imagine plutôt comme une vieille Citroën 2CV à manipuler avec une grande précaution. Car si la jeune promesse se balade déjà avec l’étiquette de joueur pressé collé aux cuisses, le milieu de Montpellier est plutôt de ceux qui freinent des quatre fers face aux louanges. La preuve, lors d’un entretien récemment filé au Midi Libre : « Ce n’est pas parce que tout est bien en ce moment que ce sera toujours le cas. Je reste conscient qu’il faut toujours travailler, rester avec la tête sur les épaules parce que ça peut redescendre aussi vite que c’est monté. Je continue à bosser, mais je profite quand même parce que ce sont de grands moments. Différents, mais tous forts. »
Chotard a finalement les envies d’un gosse de 18 piges : s’amuser et jouer au foot avec ses potes. Seule différence : ce gamin-là joue beaucoup mieux et plus vite que les autres mecs de son âge. Si bien qu’il a la chance de pouvoir se frotter, désormais, « à des hommes, pas des jeunes. Certains pourraient même être mon père ou ma mère. » Si bien, surtout, que Joris Chotard cavale désormais avec douze matchs de Ligue 1 accrochés à la ceinture et qu’il a réussi à pousser ses concurrents directs sur le banc lors de la réception du PSG, samedi dernier, match au cours duquel le natif d’Orange a offert une cravate monstrueuse à Neymar. Autre chose ? Oui, bien sûr : face aux Parisiens, il a de nouveau glissé sur la piste sans complexe, gratté de nombreux ballons et brillé dans les transitions avant de progressivement tomber physiquement. Chotard a fait du Chotard, a roulé avec son culot, et s’il n’a pas tout bien fait, il a malgré tout confirmé une chose essentielle dans le joli monde du haut niveau : ce type sait enchaîner les performances de qualité. Mais quel est ce phénomène ?
Jeune héros devenu cheville tactique
Un cadeau pour Der Zakarian et surtout un joueur qui permet à Montpellier de ne jamais être désorganisé. En mouvement permanent, Joris Chotard demande le ballon, le reçoit, le donne, le redemande, le reçoit de nouveau et le redonne : il dicte le rythme pendant que ses potes s’organisent autour de lui, ce qui fait de lui la cheville tactique du MHSC version 2018-2019, notamment depuis le retour de blessure de Téji Savanier qui a replacé Chotard en 6. Cela a fait une victime : Florent Mollet, qu’il avait déjà remplacé après la blessure à la cuisse de l’ancien joueur du FC Metz lors de l’été. Mais cela a surtout fait naître un murmure persistant : le club héraultais tient avec Chotard un jeune héros à couver. « Et cela lui va bien, car il est capable de résister aux attentes. Même sous pression, il répond présent » , rassurait il y a quelque temps son ancien entraîneur chez les moins de 19 ans, Frédéric Garny, là où Geoffrey Dernis, interrogé par L’Équipe, ne cache pas son admiration pour la promesse : « C’est rare de dégager à cet âge-là autant de sérénité et de maturité dans le jeu. C’est déjà un joueur quasiment complet. Quand il a le ballon dans les pieds, il ne fait pas n’importe quoi. À la récupération, il ne ménage pas ses efforts. Il a aussi cette lucidité et ce bagage technique au-dessus de la moyenne. Il se sort de situations périlleuses naturellement, sans s’affoler. »
Mieux : sur un terrain, Joris Chotard, fan de l’OM, donne dans la certitude et s’amuse à griller les temps de passage. Encore plus brillant lorsqu’on sait que l’international U19, qui revendique Busquets pour modèle, évolue dans un secteur où il est rare de voir émerger des joueurs aussi vite et aussi bien. « Je l’avais récupéré en U13 et il était déjà comme ça : un peu foufou au départ, mais très propre dans son jeu, capable de lâcher des transversales cliniques de 30-40 mètres, bosseur, confie Kévin Corbière, son ancien coach à l’US Le Pontet Grand Avignon 84. En plus, Joris, c’est une pâte, un bijou pour un entraîneur. Lorsqu’il a signé à Montpellier, Henri Stambouli avait annoncé que ce serait au minimum un très bon joueur de Ligue 2. Il ne s’était pas trompé. » Excellent lors des réceptions de Monaco, Toulouse et Amiens, Chotard devrait connaître à Lille, vendredi soir, sa onzième titularisation en Ligue 1 de la saison sans que personne ne trouve à y redire quelque chose. Au fond, le gosse, qui avoue avoir toujours eu une attirance « pour ce qui tourne rond » , est simplement à sa place. Alors, accrochez-vos ceintures : le bolide n’est qu’à ses premiers tours de piste.
Par Maxime Brigand
Propos de Kévin Corbière et Frédéric Garny recueillis par MB.