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Quand Rabiot faisait les beaux jours du Stadium

Par Kevin Charnay
Quand Rabiot faisait les beaux jours du Stadium

Ce samedi soir, Adrien Rabiot et le PSG se déplacent à Toulouse. Si l'affiche paraît banale, elle ne l'est pas pour le jeune milieu de terrain, qui s'est fait les dents en Ligue 1 lors d'un prêt dans la ville rose il y a trois ans.

« J’éprouve un sentiment particulier à chaque fois que j’affronte Toulouse. Après quelques apparitions avec Paris, c’est ce club qui m’a fait vraiment découvrir la Ligue 1. Je suis un peu touché par leur classement. Ils ne sont pas à leur place. Ils ont gagné leur dernier match. C’est positif. Après, quand je les affronte, il n’y a plus d’amitié ! » Comme il l’expliquait mardi, les six mois passés par Adrien Rabiot au Téfécé ont été d’une importance capitale dans la carrière du jeune joueur. En janvier 2013, Adrien Rabiot, 18 ans, a gagné la confiance de Carlo Ancelotti. Le désormais ex-entraîneur du PSG l’a déjà lancé huit fois en match officiel avec les pros. Mais Rabiot, (déjà) insatisfait de son temps de jeu, demande à être prêté. Il rejoint donc Toulouse le 31 janvier. Sans option d’achat. Une opération qui arrange tout le monde. Adrien Rabiot va pouvoir exposer la pleine mesure de son talent en Ligue 1. Le PSG envoie son poulain s’aguerrir sans prendre le risque de le perdre. Le Téf’ a besoin d’un renfort de poids au milieu de terrain après le départ de Moussa Sissoko. Et tout va se passer comme sur des roulettes.

Le « Cristiano Ronaldo » de la Haute-Garonne

À peine trois jours après l’officialisation de son prêt, Rabiot est aligné d’entrée face au Stade rennais. Malgré la défaite (2-0), il est l’un des meilleurs Toulousains sur le terrain. Mais, en manque de rythme, il doit se contenter de cirer le banc pendant deux matchs. À son retour, contre le Stade brestois, il inscrit son premier but sous ses nouvelles couleurs. Un bijou qui le révèle un peu plus aux yeux de ses coéquipiers, de ses supporters, et de la Ligue 1 en général. Mais c’est lui qui le raconte le mieux, à chaud : « Je reçois le ballon, je me retourne. Je lève la tête, je ne vois pas trop de solutions – et le gardien un poil avancé, aussi. Alors je choisis de frapper. En force. Après, ça finit bien. Il y a toujours un peu de réussite qui accompagne… Mais je n’ai pas tiré pour tirer ; j’ai tenté pour marquer. » Un but qui lui vaut le surnom de « Cristiano Ronaldo » de la part de ses coéquipiers.

Oui, parce qu’à Toulouse, Rabiot ne se traîne pas encore la réputation du petit prétentieux et impatient. Il est même apprécié dans les vestiaires. « Chez nous, notamment avec moi, on n’a jamais eu un seul problème, il s’est intégré très rapidement, il a su se faire apprécier du vestiaire. Il n’a jamais manifesté le moindre mécontentement. C’est un des garçons les plus faciles que j’ai eu à gérer à Toulouse » , se souvient Alain Casanova, élogieux. Même son entourage si souvent critiqué n’est pas un problème. Selon le JDD, à Toulouse, quand on parle de Véronique Rabiot, mère qu’on dit envahissante et agent du joueur, on évoque « des relations cordiales avec une maman qui avait une vision très claire des intérêts de son fils » .

Un bonheur sur le terrain

Mais le plus important, c’est ce que Rabiot prouve sur le terrain. Après son but victorieux contre Brest, le milieu de terrain dispute tous les matchs du Téfécé dans leur intégralité, sauf lors de la défaite contre Lorient où il ne joue que 45 minutes. Le grand gaucher rayonne grâce à sa relance impeccable et à sa capacité à se projeter. Il apporte à Toulouse quelque chose de différent sur le plan technique. « Il a une grande aisance pour tenir le ballon sous la pression et sa première touche est extraordinaire. Jeu court, jeu long, frappe de loin, il sait tout faire. Et puis, athlétiquement, il est capable de faire de gros efforts et d’enchaîner les courses » , encense encore Alain Casanova. Et puis, à Toulouse, Rabiot progresse sur le plan tactique et montre une facilité déconcertante à appréhender la compétition.

Des performances de haut vol qui lui permettent de devenir une des pièces maîtresses de l’équipe de France des moins de 19 ans à l’Euro. Pendant que Rabiot et ses potes se hissent jusqu’en finale du tournoi (défaite contre la Serbie), le PSG et le Téfécé discutent en coulisses de l’éventuelle prolongation du prêt. Le président Sadran veut absolument le conserver, en agitant l’argument selon lequel Toulouse serait l’endroit idéal pour sa progression. « Sans parler pour lui, il connaît l’intérêt qu’il peut y avoir à être un leader du jeu, à 18 ans dans notre équipe. Progresser en une année, davantage qu’en trois d’intermittence, en résumé » , expliquait-il pour convaincre toutes les parties. Alain Casanova est évidemment du même avis.

Une expérience écourtée

Sauf que le PSG a des obligations par rapport à l’UEFA concernant le nombre de joueurs formés au club. Il ne restera pas plus de six mois à Toulouse. « Il avait aussi envie de s’imposer dans le groupe parisien. Ce n’était pas qu’un second couteau. Pour moi, quand il est parti de chez nous, il pouvait déjà prétendre à une vraie place dans l’équipe. » En tout cas, malgré son court passage à Toulouse, il laisse un souvenir impérissable à son ancien coach, qui n’hésite pas à le couvrir d’éloges encore aujourd’hui. « Il est aux portes de l’équipe de France et quand il sera installé, il n’en bougera plus. Je lui souhaite le meilleur, car il le mérite. Il a des valeurs, du respect et de la reconnaissance. C’est quelqu’un de bien humainement. » Mais comme l’a dit Rabiot, peu importe que Toulouse lui ait permis de se faire un nom, ce soir, il n’y aura pas d’amitié. En atteste son doublé contre le Tef’ en février dernier. Petit ingrat.

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