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Quand l’OM se maintenait grâce au goal-average

Par Antoine Donnarieix
Quand l’OM se maintenait grâce au goal-average

Lors de la dernière journée de la saison 1999-2000, l’OM se déplace à Sedan avec un seul objectif : sauver sa peau en D1. Il le fera et enverra... Nancy en D2. Pour deux petits buts.

Même le plus grand des fadas ne pouvait imaginer un tel scénario à l’aube de la saison 1999-2000. L’OM, vice-champion de France et maillot Ericsson doré pour célébrer son centenaire, s’est qualifié pour la prochaine édition de la Ligue des champions. Prête à s’installer sur la durée, la direction emmenée par Robert Louis-Dreyfus annonce un projet ambitieux pour le prochain exercice : rester dans le top 2 français et taper un quart de finale de C1. Hélas, tout va capoter en quelques mois. Le 24 novembre 1999, Rolland Courbis prend la porte à la suite d’une défaite à domicile contre la Lazio (0-2). Son remplaçant est recruté en interne, ce sera Bernard Casoni. Le club sort de la C1, les journées passent et les résultats fléchissent encore, à tel point que l’ancien vainqueur de la finale de Munich en 93 se retrouve avec 41 points en 33 journées. Bien loin des étoiles européennes, l’objectif à court terme sera donc d’éviter la descente en seconde division, où pas moins de cinq équipes sont concernées par le maintien à 90 minutes de l’issue du championnat. Sans chichi, Casoni pose le décor en conférence de presse : « Pour sauver notre saison, il faut battre Sedan. » Non, Marseille ne craint plus dégun.

Le club des cinq

Pour ce match couperet, Casoni opte pour un changement de Stéphane dans les buts : Trévisan remplace Porato. « Être dans une situation pareille dans un club comme l’OM, ça fait peur, c’est vraiment le mot, explique aujourd’hui Trévisan. En cours de saison, un préparateur mental était venu nous aider au club. J’avais travaillé avec lui régulièrement, et je lui avais dit que mon objectif, c’était d’être titulaire au dernier match de la saison. Après, je ne pensais pas que ce serait un match avec cet enjeu… » La pression, l’OM la subit en réalité plus à domicile qu’à l’extérieur. Lors de l’avant-dernière journée, le club phocéen s’est contenté d’un match nul tiré par les cheveux au Vélodrome pour rester devant un adversaire direct, l’AS Nancy-Lorraine (2-2). Une semaine plus tard, l’équipe de László Bölöni reçoit l’AJ Auxerre dans la position de relégable et Abdeslam Ouaddou, titulaire en défense, s’en souvient encore : « On savait que le destin n’était pas entre nos mains, mais on se disait qu’avec une victoire, on allait se maintenir. Marseille allait à Sedan, et d’autres matchs pouvaient aussi nous être favorables. »

Nantes chez un HAC déjà relégué, Rennes contre Metz ou encore Troyes face au PSG peuvent prétendre à la seizième place, synonyme de relégation dans ce championnat à dix-huit équipes. Mais dans cet épilogue de la saison, c’est bien le mano a mano entre l’OM et Nancy, séparés de deux points, qui va monopoliser l’attention. Quand Matthieu Verschuère ouvre le score pour Sedan d’une frappe sèche (34e), Nancy est toujours tenu en échec par l’AJA. Le temps pour Jérôme Leroy d’égaliser juste avant la pause (1-1, 45e) et l’OM reprend deux points d’avance. Alors, quitte ou double à l’OM ? « C’est un sentiment partagé, témoigne Trévisan. On ne savait pas le résultat de Nancy, on restait sur notre match, il fallait faire le boulot. Mais plus le chrono avance, plus tu te dis qu’il ne faut pas se livrer. » Avec des œillères concernant ses concurrents, l’OM ne voit donc pas l’ouverture du score de l’ASNL à Marcel-Picot, par Tony Cascarino (50e). Si un but sedanais arrive à cet instant, Marseille se retrouve en zone rouge.

« C’est un soulagement, pas une satisfaction »

Pour ce déplacement, les joueurs phocéens étaient protégés, voire dorlotés par leur staff, prêt à tout pour que leur préparation soit optimale. « Même si la direction nous a fait savoir que ce soir-là, en cas de défaite, il allait y avoir beaucoup de mouvements dans le club, tempère Trévisan. Des postes de salariés étaient en jeu… Il fallait avoir cette prise de conscience. » Dans les Ardennes, les minutes sont longues à tenir pour les hommes de Casoni, toujours en ballottage favorable. « À ce moment-là, le but n’était pas de gagner le match haut la main, raconte Trévisan. C’était de rester solidaires, et profiter de nos individualités pour faire la différence. » Des individualités comme Robert Pirès qui, d’une subtile passe, trouve Ibrahima Bakayoko pour donner l’avantage aux siens (1-2, 72e).

L’OM souffle, mais va se faire peur jusqu’au bout, car Laurent Huard embrase Émile-Albeau en égalisant à la dernière minute (90e, 2-2). Résultat : Marseille se maintient en D1 avec 42 points, comme Nancy vainqueur d’Auxerre (2-0), mais grâce à une meilleure différence de buts (0 contre -2). « Là, on prend conscience qu’on est passé tout près de la catastrophe, assure Trévisan. C’est un soulagement, pas une satisfaction. On était contents de ne pas représenter ceux qui ont fait descendre l’OM en D2… Dans le vestiaire, la joie était intérieure et retenue. » Pour Nancy, la nouvelle est terrible. « Quand tu descends pour une différence de buts, il y a beaucoup plus d’amertume, avoue Ouaddou. Si au niveau des points, les choses sont claires, tu acceptes mieux le classement. Dans un cas pareil, ça fait mal. » Côté olympien, le spectre de la honte s’efface, et les joueurs peuvent partir en vacances sans trop cogiter. Quant à Casoni, il ne fera pas de vieux os sur le banc. « C’était une autre époque, termine Trévisan. Les deux années suivantes, le club a connu sept entraîneurs ! » Un sacré coup de mistral.

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