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PSG-Real 1993 vu par les Madrilènes de l’époque

Par Antoine Donnarieix
PSG-Real 1993 vu par les Madrilènes de l’époque

Battu 3-1 au match aller à Madrid, le Paris Saint-Germain va devoir exceller ce mardi face au Real Madrid s’il veut voir la couleur des quarts de finale en Ligue des champions. Impossible ? Non. Le 18 mars 1993, Paris démarrait son quart de finale retour de C3 avec le même écart à combler. Retour sur une soirée que les Madrilènes préfèrent aujourd’hui oublier.

C’est un chant habituel des supporters parisiens, que ce soit au Parc ou en déplacement : Paris est magique. D’accord, mais au fait, pourquoi ? Pour sa tour Eiffel, sa place du Trocadéro et ses Champs-Élysées diront les touristes venus des quatre coins de la planète. Pourtant, si les Parisiens se plaisent à rendre hommage à leur Ville Lumière par leur voix, c’est avant tout pour l’honneur de leur club, le Paris Saint-Germain. Et si dans son histoire initiée en 1970, le PSG doit retenir la grande soirée européenne où la magie est apparue au Parc, c’est celle du 18 mars 1993. Il y a tout juste 25 ans.

Muñoz : « Des mecs qui voulaient en découdre »

Lama, Sassus, Ricardo, Kombouaré, Colleter, Le Guen, Guérin, Valdo, Ginola, Simba, Weah. Voici les onze hommes qui, vêtus en tunique blanche dans cette nuit hivernale, s’avancent avec la conviction de faire tomber les Merengues. Une composition incisive choisie par Artur Jorge avec un meneur de jeu et trois attaquants, afin de bousculer d’entrée le favori des pronostics. Dans le couloir principal qui mène à la pelouse, Fernando Muñoz García sait que l’équipe rencontrée deux semaines plus tôt à Madrid possède encore du talent à revendre. « Je me souviens de Weah, Ginola et les deux Brésiliens, Valdo et Ricardo, rembobine le défenseur latéral. C’était fort, vraiment fort ! Quand nous les avions battus au match aller, nous nous sommes dit une fois dans le vestiaire que cette équipe était très douée. En face, c’étaient des mecs qui voulaient en découdre. »

Le PSG démarre la rencontre avec une dalle énorme, au contraire du Real, pourtant en position favorable. « Les joueurs du PSG étaient très bons, mais ce qu’il manquait au club, c’était d’aller chercher un titre européen, que ce soit la C2 ou la C3, analyse Muñoz. Ce n’est pas pour dénigrer l’exploit du PSG, mais quand le Real ne joue pas la C1, le club ne s’investit pas autant. Si on jouait la C3 cette saison-là, c’est parce que le club était dans une période sombre. » Pour Paris, petit ou grand Real, peu importe : les six Ligue des champions et deux coupes UEFA parlent en faveur de la Maison-Blanche. Plein à craquer, le Parc observe le corner rentrant de Valdo pour la tête aussi violente que victorieuse de George Weah (1-0, 33e). Paris passe devant au score, tandis que Madrid souffre. Fin du premier acte.

La naissance du Magnifique

Hélas pour Paris, le Real Madrid sait souffrir sans tomber. Dans les buts, Francisco Buyo parvient à maintenir les siens vers la qualification et se met à gagner du temps à chaque dégagement. De quoi inspirer David Ginola, qui va renvoyer Buyo dans ses filets à l’aide d’une fantastique demi-volée sous la barre (2-0, 81e). Buteur au match aller, Ginola remet ça au retour et va être adoubé par la presse espagnole à travers un surnom : El Magnífico. Sur le banc, Benito Floro paraît impuissant. « Ginola était l’une de mes priorités de recrutement pour la saison suivante, avoue maintenant le coach madrilène. Malheureusement, la direction m’a expliqué qu’elle ne pouvait pas recruter ce joueur pour des raisons financières. Le Real subissait une période économique compliquée, et le mettre sous contrat était alors impossible. Mais Ginola constituait la recrue rêvée au Real : il était rapide, technique, porté vers l’avant. C’est un joueur que j’ai vraiment admiré. »

Dans les vapes, le Real apparaît perdu, mais doit marquer pour éviter l’élimination. De quoi laisser des espaces et engendrer un contre ponctué par Valdo, dont la feinte de frappe au préalable met Ricardo Rocha au supplice (3-0, 89e). La fin du film ? Non. Dans son maillot bleu pour l’occasion, le Real revient de nulle part par Iván Zamorano (3-1, 92e). « L’ADN du Real, c’est de ne jamais s’avouer vaincu, explique Muñoz. Après avoir pris ce bouillon, cela nous permettait de croire qu’une qualification était possible en prolongation. C’était un but à l’arrachée, mais qui signifiait que nous n’étions pas encore morts. » En réalité, la faucheuse arrive quatre minutes plus tard. Poussé par la magie, Paris enlève la qualification sur le gong grâce au « casque d’or » Antoine Kombouaré (4-1, 96e). « Ce but nous enlève tout espoir parce que Paris l’inscrit à la dernière seconde du match, se remémore Floro. Après ce coup de tête, nos illusions s’écroulent. »

Pour la première fois de son histoire, Paris atteint les demi-finales d’une compétition européenne. Le Real quitte quant à lui la pelouse tête basse. « Se rappeler de ce match-là, c’est la première fois que quelqu’un me le demande, témoigne Muñoz. En Espagne, cette défaite fait partie du passé et personne ne souhaite en parler à nouveau. Mais j’imagine qu’en France, le souvenir est bien différent… En tout cas, j’espère que cette fois-ci, Madrid passera ! » Si on s’en tient à l’histoire et aux signes du destin, pas sûr que ce vœu soit exaucé.

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Par Antoine Donnarieix

Propos de Muñoz et Floro recueillis par AD

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