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PSG-Nantes : Neymar, l’âge de raison
Trentenaire depuis février dernier, Neymar n'est plus le même joueur qu'à son arrivée à Paris. S'il n'est plus destiné à faire le bonheur de YouTube à chaque fois qu'il touche le ballon, le Brésilien peut toutefois toujours rendre des services au Paris Saint-Germain, dans un rôle plus axial comme le font bon nombre d'ailiers une fois que leurs jambes n'avancent plus.
Contrairement à Ander Herrera, Layvin Kurzawa, Julian Draxler, Rafinha ou encore Georginio Wijnaldum, Neymar a eu le droit de voyager au Japon pour y disputer trois matchs amicaux et se prendre des ippons par Teddy Riner. Contrairement à ses quatre autres coéquipiers, le Brésilien dispute l’entraînement avec le groupe pro et ne doit pas se rendre au Camp des Loges une fois que tout le monde est parti pour rejouer le Loft Story, sans Loana, Jean-Édouard et l’immense Aziz. Contrairement à eux, Neymar est aussi du voyage pour Tel-Aviv où se dispute le Trophée des champions face à Nantes. Pourtant, comme pour les cinq lofteurs, le Paris Saint-Germain aurait très certainement écouté une offre de transfert si celle-ci était parvenue sur la table de Luis Campos et d’Antero Henrique. Sauf qu’elle n’est jamais arrivée, ou alors la destination n’était pas satisfaisante pour Neymar. Car le football n’étant pas la NBA, où un joueur peut être transféré à l’autre bout du pays sans avoir son mot à dire, le capitaine de la Seleção a, lui, décidé de rester dans la capitale, activant même une clause lui permettant d’être sous contrat jusqu’en 2027. Pour le plus grand bonheur de son nouveau coach, qui avait affirmé sa volonté de le voir rester dès sa première conférence de presse : « Évidemment que je souhaite que Neymar reste, parce que quand vous avez des joueurs de classe mondiale, c’est mieux de les avoir avec vous que contre vous. » De par son âge, son contrat, son salaire, ses blessures récurrentes, Neymar devrait donc rester encore quelques années dans la capitale. Alors autant faire avec lui, en le mettant dans les meilleures dispositions. Il y a pire, comme problématique.
Diviser pour mieux régner
Ce n’est pas une nouveauté, Neymar est un joueur qui divise. D’un côté, il y a ceux qui s’excitent sur un dribble et une jolie passe face à une équipe japonaise en amical et qui affirment haut et fort que « cette année est la bonne ». Tant pis si cette même phrase a été prononcée par ces mêmes personnes chaque été depuis l’arrivée du Brésilien à Paris, en 2017. De l’autre côté, il y a ceux qui s’insurgent d’une pseudo simulation face au Gamba Osaka, en faisant mine de découvrir que Neymar en rajoute dès qu’il est touché, et qui font passer le Brésilien pour un vulgaire Éverton après chaque mauvaise performance de sa part.
Au milieu de cette mêlée, il n’y a absolument personne. Comme s’il était impossible d’être mesuré sur le cas de l’ancien du Barça. Pourtant, les dernières années de Neymar ont prouvé qu’il était bon de nuancer ses propos. Oui, le PSG est meilleur lorsque le Brésilien est en grande forme, comme l’a prouvé le Final 8 de la Ligue des champions 2020. Non, le PSG ne peut pas compter sur lui sur une saison entière en raison de ses blessures récurrentes et de ses coups de mou fréquents. Surtout, n’en déplaise aux nostalgiques, Neymar n’est plus ce joueur agile, rapide et aux dribbles ronaldinhesques qui s’amuse sur son aile et dont chaque match peut faire l’objet d’une compilation YouTube. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il est devenu un joueur lambda. Ce n’est d’ailleurs ni le premier, ni le dernier à devoir faire évoluer son jeu en raison d’un âge et d’un physique différent.
La Terre du milieu
Dans un live Facebook, en marge de la rentrée des classes, Neymar a prévenu : « Cette saison, tous les tirs vont rentrer, les coups francs, les têtes. Je me sens bien. Je suis confiant ! Je me suis beaucoup entraîné pendant mes vacances. » Il est vrai que le Brésilien est revenu plus affûté qu’à l’accoutumée de son mois de repos. Et même une semaine plus tôt, comme le lui a demandé le club. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il va retrouver ses jambes de 20 ans. Cela tombe bien, avec la défense à trois mise en place par Christophe Galtier, Neymar sera moins amené à déborder sur un côté puisque les deux ailes seront accaparées par les pistons Nuno Mendes et Achraf Hakimi. Le Brésilien aura alors toute la liberté du monde pour rentrer dans l’axe et lancer une des trois locomotives, en comptant Kylian Mbappé. Un rôle qui se rapproche plus de celui qu’il occupe avec la Seleção où il évolue dans l’axe en meneur de jeu ou faux 9. Et où il rayonne.
D’ailleurs, son sélectionneur Tite a vite compris que Neymar ne doit désormais plus jouer sur un côté comme il l’a affirmé dans le podcast Sexta Estrela de Globo Esporte : « Si un entraîneur aligne Neymar sur un côté, je le traiterai d’âne. Ça restreint considérablement la capacité créative d’un joueur qui a ces qualités. » Car si le Brésilien n’a plus les jambes pour cavaler sur un côté, il a toujours son art de la passe, qui en fera, à l’avenir un formidable regista. C’est donc dans un rôle plus axial que Neymar aborde cette nouvelle saison. Et surtout avec une responsabilité moins lourde sur les épaules. Car depuis sa prolongation XXL cet été, tous les regards sont portés sur Kylian Mbappé, amené à être le leader de cette équipe. Et visiblement, le nouveau boss a accepté que le Brésilien reste à ses côtés une saison de plus. Il doit faire partie de ceux qui pensent que cette année, c’est la bonne pour Neymar.
Par Steven Oliveira