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PSG-Liverpool, une thérapie de groupe

Par Mathieu Rollinger, au Parc des Princes
PSG-Liverpool, une thérapie de groupe

Qu'elles soient individuelles ou collectives, des questions entouraient les joueurs et l'entraîneur du Paris Saint-Germain avant cette rencontre cruciale face à Liverpool. Ils y ont répondu, et la manière importe finalement peu, car c'est surtout le caractère de cette équipe qui s'est enfin dévoilé.

Cela n’avait beau être qu’un match de poule, il y aura un avant et un après ce PSG-Liverpool. Et de toute manière, c’est la condition pour que cela fasse événement. Avant de se frotter aux Reds, les Parisiens nourrissaient un cruel besoin de (se) prouver des choses, de renverser des idées préconçues ou seulement d’inverser des pressentiments négatifs. Comme celui de cet habitué d’Auteuil, traînant à la quête de certitudes aux abords du stade. « Je ne sais pas pourquoi, mais franchement je ne le sens pas ce match » , soufflait-il comme s’il venait de se trahir.

Sas de compression

Si les oreilles des hommes de Thomas Tuchel sifflaient, c’est parce que ce PSG-là traînait encore une flopée de doutes derrière lui, hérités de déconvenues d’un passé plus ou moins proche. Cette équipe qui n’avait su renverser Naples ou sortir vainqueur d’Anfield pouvait-elle relever ce défi ? Mesurait-elle le risque encouru d’être reversée en Ligue Europa ? Pouvait-elle éviter de craquer lors d’un grand rendez-vous européen comme ce fut le cas lors des huitièmes de finale contre le Real Madrid l’an dernier ou à Barcelone la saison précédente ?

Et ce supporter croisé en amont de la rencontre n’était visiblement pas le seul à ne pas être 100% confiant. Car c’est tout un stade qui a oscillé entre frénésie et nervosité. Ainsi la sérénité était aussi absente en début de match, quand le tifo « Come On » a peiné à se déployer entièrement à l’entrée des joueurs, que sur la fin. Et à chaque minute de la seconde mi-temps qui s’écoulait, c’était un décibel que le Parc des Princes perdait, et ce, jusqu’à un ultime coup franc de Henderson, rendu inoffensif à cause d’une faute de Dejan Lovren. Après ça ? Une pure délivrance.

« Je vais pouvoir rentrer chez moi »

À la suite de cette victoire chèrement acquise, les effusions de joie assuraient deux choses : les Parisiens ont rempli leur mission et tiré plusieurs choses au clair. On a suffisamment reproché à Thiago Silva son émotivité pour être étonné de le voir en larmes en sortant du terrain. Mais cette fois, plus que de la peur ou de la frustration, ce qui coulait sur ses joues avait un goût de revanche. « C’est chiant parce qu’avec toutes les blessures que j’ai eues avant les grands matchs de Ligue des champions, les gens sortaient que Thiago n’était pas prêt, qu’il était faible mentalement, déglutissait-il au micro de RMC Sport. Aujourd’hui, ce n’est pas une démonstration pour ceux qui parlent, mais pour moi-même, ma famille qui était là. Je joue pour ma famille, pour mon petit qui m’avait demandé de gagner. Je suis content parce qu’on a réalisé un très bon match et je vais pouvoir rentrer chez moi. »

Sa prestation parlait pourtant pour lui : O Monstro a été le capitaine dont le PSG avait besoin, exemplaire d’agressivité dans une telle bataille. Ce mercredi, le Brésilien n’a pas été le seul à pouvoir dire ses quatre vérités. Neymar s’était assez vu reprocher de ne pas être le patron offensif de ce groupe et d’être absent lors des échéances importantes (pour tout dire, lors de la double confrontation face au Real l’an dernier) pour que l’on ne puisse pas reconnaître que ce garçon évolue dans d’autres sphères, tant il a été précieux dans l’accélération et l’orientation du jeu. Les recrues Thilo Kehrer – d’une aisance folle de chaque côté du terrain – et Juan Bernat – propre et buteur – ont légitimé leur faculté à être à la hauteur des attentes. Sans oublier Marquinhos, véritable moteur à propulsion de cette équipe alignée dans une disposition inattendue.

Tuchel dans le mille

Une fois la douche prise, il n’y avait qu’à voir les attitudes des uns et des autres face à la cohorte de journalistes en zone mixte : les gars de Liverpool, Virgil van Dijk et Andy Robertson, passaient de longues minutes à se confesser sur leurs errements quand Kylian Mbappé expédiait le service après-vente. « C’est un soulagement et une satisfaction aussi. On a su répondre, on a su montrer qu’on pouvait répondre sur ce genre de match, balançait le Français. Au-delà de faire du jeu, on a montré qu’on pouvait aussi être des hommes, face à des hommes. » Le porte-parole d’une troupe qui n’aurait fait que son devoir.

Cette réaction contre Liverpool était nécessaire. Pas encore trop tardive pour s’éviter de mauvaises surprises, et suffisamment tôt pour croire encore en ses chances dans cette compétition. Juste au bon moment. Et c’est Thomas Tuchel, lui aussi sorti grandi de ce duel tactique face à son compatriote Jürgen Klopp, qui synthétisait le mieux cet état d’esprit observé dans ses rangs. « C’était notre dernière occasion de montrer que nous étions capables de rivaliser avec une équipe comme Liverpool qui possède une mentalité incroyable, assurait-il en conférence de presse. On a joué en équipe, avec beaucoup d’énergie.(…)Tout le monde était prêt à souffrir pour les autres. » Ne reste plus qu’à prouver que cette vérité n’est pas uniquement celle d’un soir.

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