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PSG : et Leonardo devint scie…

par Chérif Ghemmour
PSG : et Leonardo devint scie…

Coupable d'un passage en force sur l'arbitre de PSG-Valenciennes, le Brésilien risque une suspension allant jusqu'à un an. Peut-être l'épilogue d'une histoire contrariée entre lui et le football français.

Leo trop grand pour la L1…

Leonardo parle trop vite, il fait les questions et les réponses, coupe les journalistes. Depuis hier, il bouscule les arbitres et en devient même grossier lorsqu’il évoque le carton rouge distribué par Alexandre Castro à Thiago Silva : « Ce qui s’est passé est hors de toute logique. Et là, ça fait ch… » . Pas très classe de s’en prendre aux arbitres. Circonstance aggravante, on a ressenti de sa part comme une forme de préméditation, propre aux vrais manipulateurs : « C’est un arbitre qui a fait dix matchs, c’était son dixième cette saison et il a donné 48 cartons jaunes et distribués cinq rouges… Aujourd’hui, c’est un match tranquille et on sort sept jaunes et un rouge ! Je ne comprends pas pourquoi on désigne un arbitre avec neuf matchs pour un match important comme celui-là. » On est ravis d’apprendre que Leo tient un compte serré des sanctions infligées par tel ou tel arbitre, sans oublier le nombre de matchs qu’ils ont eu à juger. Pareille tirade comptable ne s’improvise pas… Avant les arbitres, Leo s’en était pris à Aulas ( « C’est qui Aulas ? » ), aux pelouses trop pelées (après le 0-1 subi à Reims), aux petits clubs de L1 indignes du PSG formaté juste pour la Ligue des champions. Leo avait aussi tapé sur l’amateurisme des clubs hexagonaux ( « Faire juste des toros et tirer au but, ce n’est pas possible » ). Il ironisait sur les Français incapables d’admirer Beckham ( « On l’a juste pris pour faire des photos, et vendre des maillots » ). On arrête là : Leonardo n’aime pas notre L1. D’où ses fréquentes allusions plus flatteuses au foot italien et au foot anglais. Il a le droit, Leo. On peut même en discuter.

Sauf que Leo dépasse les bornes. Les images de son coup d’épaule à Alexandre Castro dans les couloirs du Parc sont pathétiques et ça pourrait lui coûter cher (une suspension d’un an, voire des points de pénalité pour le PSG). Tout comme sa parano dirigée contre un complot anti-PSG fomenté par les arbitres : « Aujourd’hui, on avait déjà quatre joueurs suspendus, et on rajoute un rouge. Si on continue comme ça, on aura dix joueurs suspendus. On n’aura plus d’équipe pour jouer. Si on analyse le rouge de Thiago Silva, on se demande pourquoi. C’est impossible et inacceptable. » Évidemment, Verratti, Beckham et Sirigu, ainsi que Motta ont eu un comportement exemplaire à Évian, en championnat pour les trois cités et en Coupe de France pour l’Italo-Brésilien… Les sanctions infligées à Sirigu, Verratti (deux matchs ferme), Beckham (un ferme) et Motta (trois matchs ferme) auraient dû inciter Leonardo a plus de retenue. Rien du tout ! Il a surtout profité de l’expulsion de Thiago Silva pour entretenir une parano anti-PSG aussi absurde qu’inutile : oui, Thiago Silva a touché l’arbitre. Le rouge est sévère mais il est légitime.

PSG = Paris Sans Générosité…

Le PSG 2012-2013 ressemble à son directeur sportif, Leonardo. Un mélange de talent et de suffisance qui rend fébriles et le club et son directeur sportif au fur et à mesure que le titre de champion qui leur est promis depuis août dernier tarde à tomber dans leur escarcelle. À trois journées de la fin, Paris n’est toujours pas champion alors que l’affaire devrait être pliée depuis longtemps. On l’a encore vu hier soir au Parc : il a fallu attendre les 20 dernières minutes pour que ce PSG largement supérieur à Valenciennes, et même réduit à dix, ne consente à faire l’effort pour décrocher juste un petit match nul. C’est ce manque flagrant de générosité d’une équipe qui dose son talent pour s’offrir le juste minimum (1-1, hier soir) qui désole. Paris sera champion avec quelques points d’avance sur l’OM. Pas plus. Ceci dit, une fin de parcours parisienne désastreuse qui profiterait à Marseille champion sur le fil n’est mathématiquement pas à exclure non plus…

Ce PSG oscille donc entre le meilleur avec un Carlo Ancelotti, sérieux, bosseur et appliqué, respectueux du championnat de France (plus que la saison passée, où il avait quelque peu « sous-estimé » notre L1) et le moins bon avec un Leonardo hautain qui regarde beaucoup trop souvent vers l’Italie. Combien de fois certains joueurs étrangers du PSG (Verratti, Zlatan, Thiago Silva, Pastore, Lavezzi, etc) ont évoqué un possible retour en Serie A, même si parfois les propos relevaient d’une certaine maladresse ? Le double discours clivant qui opère au sommet du club entre Ancelotti et Leonardo génère en partie cette fébrilité qui traverse actuellement le club en cette fin d’exercice. Paris-Leonardo ne s’investit à fond qu’en Ligue des champions, mais peine à se motiver en championnat et zappe carrément les deux coupes nationales. Paris-Ancelotti s’applique malgré tout et confesse même parfois sa honte à la sortie de productions minables. Vivement que la saison se termine…

Aulas… Trois fois Aulas !

On ne va pas jouer les vierges effarouchées devant l’attitude bêtement provocatrice de Leonardo : il se moque sûrement de savoir si son PSG est aimé ou pas. Nous aussi. On ne demande pas à un club d’être sympa ou non. Et puis surtout, avant Leonardo on a eu (et on a encore) un autre sacré numéro : Jean-Michel Aulas. Reprenez les déclarations anti-arbitres et autres prononcées hier soir par le Brésilien de Paris : ce sont les mêmes qu’Aulas a faites et continue de faire encore. Un truc vieux comme le monde du foot, celui du « seuls contre le reste du monde » afin de resserrer les rangs du groupe. Jouer personnellement au paratonnerre comme le font Leo et Aulas sert accessoirement à prendre la foudre sur soi afin d’en épargner le groupe (la fameuse pression)… Sauf que ça marche mieux avec Aulas et ses joueurs ! Aulas a toujours été 100 % investi dans son club au point, en tant qu’un des actionnaires principaux, d’y avoir injecté une partie de son argent. Aulas ne regarde jamais ailleurs : il est Lyon, il est l’OL. Est-ce que Leo est le PSG ? Pour son club, Aulas est partout, siège partout, dans tous les organismes et institutions affiliées à la LFP, la FFF et l’UEFA : sa parfaite connaissance des dossiers est reconnue par tous. Avant de parader, Aulas a bouffé de la vache enragée pendant 15 ans. C’est cette foi d’Aulas en son club qui, jusqu’à présent, a aussi forcé le respect et la loyauté des joueurs lyonnais depuis les années de gloire jusqu’à aujourd’hui : l’OL n’est plus le grand OL, mais il ne s’est pas fondu non plus dans l’anonymat du ventre mou de la L1, ou pire, tout en bas. Les joueurs lyonnais ont même digéré l’épisode hivernal désastreux initié par leur président…

Pour comprendre Leo et son attachement problématique envers le PSG, il faut en revenir à la genèse de son arrivée au club parisien… Encore sous contrat avec l’Inter jusqu’en juin 2012, il répond favorablement à l’appel des Qataris en juin 2001 et résilie donc son contrat à Milan fin juin. S’ensuivra alors le long quiproquo gaguesque qui le retiendra longtemps au Brésil (juin) avant un passage à Londres et puis une conférence de presse anthologique… à San Siro ! Alors que le PSG l’attend depuis des semaines pour commencer à plancher sur le recrutement. À San Siro, le 7 juillet, il avait eu ces mots incroyables : « Je vous dis la vérité. Quand j’ai eu cette première proposition des Qataris, je me suis dit non c’est impossible, pas tout de suite. Plus tard, je pensais… Je ne pouvais pas laisser tout ce que j’avais construit avec l’Inter. Je suis déçu de ne plus être l’entraîneur de l’Inter. J’avais créé un lien avec tous les gens qui travaillent au club, surtout avec le président qui comme je l’ai dit, m’a considéré comme un fils. Aujourd’hui, je n’exclus pas de commencer la saison avec le PSG le 6 août. Mais je n’exclus pas non plus de ne pas y être. » Finalement, Leo « signera » au PSG six jours plus tard, le 13 juillet 2011. Mais son esprit est-il vraiment à Paris ou est-il resté là-bas, en Italie ?

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