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PSG-Bayern : la guerre des mondes

Par Adrien Candau
PSG-Bayern : la guerre des mondes

Alors que les Munichois mènent depuis des mois un assaut médiatique massif contre le PSG, qu'ils accusent de déréguler le marché des transferts et de fausser l'équité sportive, le choc de ce mercredi voit s'affronter deux idées du football qui semblent irréconciliables.

Il faut s’imaginer deux micro-univers. Le premier, ordonné, discipliné, réglé comme une montre suisse, est dominé par un Bayern à la gestion irréprochable depuis deux décennies. Le second, plus chaotique, mais aussi plus jeune et flamboyant, a pour champion le Paris Saint-Germain et sa politique de dépense dérégulée. Deux mondes dont la rencontre au plus haut niveau européen ne pouvait qu’alimenter les flammes d’un conflit autant sportif qu’économique et idéologique.

Hoeness face aux « requins »

Bien avant de s’affronter ce mercredi soir en C1, le Bayern et Paris se sont livré une lutte rhétorique sans merci pendant l’été. L’assaut a été piloté par les Munichois, choqués par les transferts qu’a conclus la direction parisienne cet été, en attirant dans ses filets Neymar puis Mbappé pour respectivement 220 puis 180 millions d’euros. Le président du FCB, Uli Hoeness, n’a ainsi cessé de cibler le club francilien par médias interposés : « Le transfert de Neymar ? C’est un signe de faiblesse… Le transfert le plus onéreux n’est pas le meilleur si ce n’est pas celui qui vous apporte le plus. Nous devons trouver notre propre voie au milieu de ce bassin de requins à 100 ou 200 millions d’euros. »

Une opinion relayée par d’autres grandes figures du club bavarois comme Giovane Élber, désormais ambassadeur du Bayern : « Je pense que le PSG a détruit le marché en payant de telles sommes, non seulement pour Neymar, mais aussi pour Mbappé. » Mais aussi par le vice-président munichois Karl-Heinz Rummenigge, critique depuis des années à l’encontre du PSG : « Je ne peux pas imaginer que le PSG puisse répondre aux critères du fair-play financier… La puissance de l’équipe est très dépendante du marché des transferts, et le PSG pourrait investir indéfiniment. Nous pensons que ce n’est pas juste… » Autant de déclarations qui ont laissé insensible la direction francilienne : « Si quelqu’un est fâché ou jaloux, ce n’est pas notre problème » , répondait Nasser Al-Khelaïfi fin août.

Champion de la stabilité

De fait, les échanges entre Munichois et Parisiens sont sans doute condamnés à rester un dialogue de sourds. La faute aux identités et objectifs foncièrement opposés des deux clubs. Le Bayern fonctionne comme une entreprise réglée comme du papier à musique, s’érigeant comme le champion du modèle vertueux de la Bundesliga. Un championnat qui mise sur une gestion à long terme, en se protégeant notamment des risques liés à la dépendance de ses clubs à un seul investisseur. Depuis 2002, plus de la moitié des parts d’un club de Bundesliga doivent ainsi appartenir à ses membres. Ce qui rend impossible toute prise de contrôle par un seul acteur, dont le bon vouloir conditionnerait l’avenir de l’institution. « En limitant l’influence des mécènes, ils minimisent le risque de voir le club brutalement s’affaiblir, voire de disparaître » , relève l’économiste du sport Jean-François Brocard.

« À la place, ils ont très bien développé les relais de croissance connus du foot allemand : stade, formation, billetterie, produits dérivés… Ils basent leur exploitation sur un marché local stable. Les clubs allemands ont aussi entre eux une sorte de « gentlemen’s agreement » pour vendre leurs joueurs à des prix normés et ne pas déréguler le marché. On l’a vu avec les ventes des joueurs de Dortmund au Bayern, finalisées pour des montants importants, mais raisonnables. » Le résultat est là. Depuis près de deux décennies, le FC Bayern ne cesse d’enregistrer des profits, alors que la dette du club munichois est inexistante, ce qui en fait un cas unique parmi les mastodontes du football européen.

Les failles du FPF

Problème : « Le système allemand marche très bien au niveau national, mais moins au niveau européen. » La faute à des clubs qui peuvent s’affranchir de la saine logique entrepreneuriale du Bayern, comme le PSG. Souvent qualifié d’arme diplomatique du Qatar, le club francilien est une structure pour laquelle les préoccupations budgétaires et financières sont quasiment inexistantes grâce au sponsoring de QSI. Une puissance économique sans contrainte, à laquelle le Bayern tente d’imposer des régulations, comme le fair-play financier, une initiative défendue par de nombreux dirigeants du football outre-Rhin. Avec un succès jusqu’ici limité, au regard du dernier mercato parisien.

« Il y a tout de même l’UEFA qui a ouvert une enquête sur le PSG début septembre… nuance Jean-François Brocard. Les Allemands peuvent être agaçants à faire la morale à tout le monde, mais il est difficile de leur donner tort : leur modèle est plus stable et équitable, ils ont le sentiment d’avoir raison seuls contre tous… On va voir ce qu’ils vont faire avec l’UEFA pour faire évoluer le FPF : quand on instaure une nouvelle réglementation, il faut être capable de mettre en place des sanctions applicables. Jusqu’ici, on n’est pas certain que tout cela fonctionne très bien. »

En attendant de trouver de nouvelles parades, le Bayern ne s’avoue pas pour autant vaincu. Et se dit qu’il pourra toujours miser sur sa gestion pérenne, pour démontrer à terme la supériorité de son modèle : « Il va arriver un moment où tous ceux qui dépensent autant d’argent ne pourront plus se payer une baguette, parce que le succès sportif ne se programme pas comme se l’imaginent les pourvoyeurs de fonds, affirme Uli Hoeness. Une seule équipe peut gagner la C1 chaque année. Les payeurs vont dire : « Nous avons mis tellement d’argent pour rien. Ras le bol ! »Et là, notre heure viendra. »

Par Adrien Candau

Propos de Jean-François Brocard recueillis par AC

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