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Pourquoi le football est-il meilleur que le Vendée Globe ?

Par Swann Borsellino
Pourquoi le football est-il meilleur que le Vendée Globe ?

Il y en pour qui la voile, c’est comme le cheval : c’est génial. Très peu pour vous. Parce que votre truc à vous, c’est le foot. Comme tout le monde, en fait. Un sport où un chalutier ne brisera pas le tibia d’un joueur. Un sport que l’on peut pratiquer partout, aussi.

4 septembre. Ça fait dix jours que vous êtes rentré de vos vacances un peu nulles à Arcachon, et à part jouer au foot avec les potes, vous ne savez pas trop quoi faire. Mais à vrai dire, cela suffit à votre bonheur. C’est la rentrée des classes et vous avez les boules. Surtout que comme chaque année de la primaire, un de vos amis n’est pas là parce qu’apparemment quand on passe l’été au bled, les vacances durent un mois de plus. Au deuxième rang, trop malins pour être de vrais fayots, mais beaucoup trop précieux pour coller le radiateur : deux phénomènes. Un mec, une nana, deux marinières Saint James et deux paires de chaussures bateau. Ouais, celles avec les lacets en carton. Vous tendez l’oreille, puis prenez votre tête dans vos bras. Vous avez bien entendu : ces deux salauds ont passé l’intégralité de leurs vacances d’été à Paimpol pour faire de la voile « aux Glénans » . « Il faisait quinze degrés, on a navigué comme des petits fous. Et puis bon, j’ai révisé mes nœuds. Je suis solide, là » . Évidemment, ils sont les seuls du lycée à se palucher sur le Vendée Globe. Le Vendée Globe, un truc que vous écriviez « Vent des Globes » étant petit. Mais le pire, c’est qu’ils détestent le foot. Trop mainstream, trop collectif.
Tous derrière les Tigres Vendéens Etoiles Chaumoise 85 !

Car oui, le Vendée Globe, contrairement au football, c’est un truc de solitaire, de vrais « loups de mer » . Comprendre d’ « alcolo » , en fait. L’homme avec la nature, quoi. L’histoire d’un type qui part tout seul pour 90 jours de mer, et qui va se taper des énormes vagues, un vent de fou, va bouffer de la merde même pas lyophilisée et passer Noël seul devant une webcam retransmise sur Infosport. Des valeurs aux antipodes de celles du football et de son goût du collectif, surtout aux Sables d’Olonne, ville départ de « l’Everest de la mer » . Une expression qui ne veut rien dire, on est bien d’accord. Bref. Là-bas, en Vendée, et plus particulièrement au stade de la Rudelière, 1100 places, les Tigres Vendéens Etoiles Chaumoise 85 se démènent comme ils peuvent en Division d’Honneur Atlantique. Et s’ils n’affrontent pas des monstres marins tous les dimanches après-midi, les supporters sont là, accoudés à la rambarde et la troisième mi-temps est belle. Oui, le football est un sport de partage, bien plus accessible, que l’on peut pratiquer partout et avec peu de matériel.
Alors évidemment, ce côté solitaire débouche sur des histoires touchantes, comme les aventures fabuleuses de Kito de Pavant – un nom extraordinaire -, un homme qui est « allé se coucher au mauvais moment » et s’est mangé un chalutier la semaine dernière. A la clé, un deuxième abandon consécutif, au bout de 44 heures de course, mieux que l’an passé où il avait tenu un jour et quatre heures. Mais au fond, ce type reste un ersatz d’Abou Diaby. Pas plus. Au rayon fake, toujours, cette saloperie de « Virtual Regatta » , sorte de Football Manager de la mer. Pas de transferts juteux ou de Sir Alex Ferguson à aller déloger au Hall of Fame. Non, non, juste des cartes météo, de la mer, des voiles virtuelles et un bonheur pur et simple : avoir dépassé quelques bateaux en se levant à trois heures du matin. Du lol en barres pour Miles Jacobson.
« Bonduelle » , « La potagère » et « Cheminée Poujoulat »

On aime aussi critiquer le football pour sa publicité, un sport qui « donnerait son boule aux Qataris et aux milliardaires du monde entier » . C’est vrai, c’est un problème. Mais si ça c’est un problème, que dire du fait de passer 90 jours à naviguer sur « Bonduelle » , « La potagère » ou « Cheminée Poujoulat » ? A ce prix-là, on préfère encore le top modèle Pius N’Diefi dans son maillot Sedan floqué de Caisse d’Epargne, Jean Floch’ charcuterie and co. Mais le pire dans cet événement que serait le Vendée Globe, c’est que peu importe les prouesses et les efforts des navigateurs, tout le monde s’en fout. A titre d’exemple, le vainqueur qui va risquer sa vie et passer trois mois pourris va empocher 150 000 euros, une somme qui se rapproche du salaire mensuel de Jérémy Morel qui, lui, représente un vrai risque pour son équipe. Au vrai, on voit aussi des types s’émerveiller des conneries de Mario Balotelli et des buts de Zlatan, pendant que des types restent en mer, mouillés comme des clébards, sans tomber malade, alors que vous, vous chopez une gastro dès que vous oubliez de vous sécher les cheveux. Le Vendée Globe, c’est enfin et aussi, une compétition de patronymes bien nazes : Jean-Pierre Dick, Armel Le Cleac’h, Roland Jourdain… Des hommes qui méritent Ellen MacArthur en WAG, quoi.

Par Swann Borsellino

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