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Pourquoi la question des femmes et du foot revient à chaque Mondial ?

Par Victor van den Woldenberg et Paul Piquard
Pourquoi la question des femmes et du foot revient à chaque Mondial ?

Articles, livres ou reportages télé, le rapport des femmes au foot a été observé sous toutes les coutures en ce début de Coupe du monde. Comme si une femme ne pouvait s'intéresser au foot que tous les quatre ans. Comme s'il fallait forcément définir son rapport au ballon rond. Un rapport qui serait différent de celui de ces messieurs.

La marché doit être porteur. Avant chaque Coupe du monde, les magazines se sentent investis de la mission d’expliquer cette activité barbare qu’est le foot aux femmes. De Glamour à Public en passant par le magazine Elle, dont la couverture du dernier numéro est squattée par Gisele Bündchen, tout juste vêtue d’un drapeau brésilien, le sujet est décliné à l’envi et généralement précédé d’un top des beaux gosses de la Coupe du monde. On ne compte plus non plus les manuels de survie publiés ces dernières semaines. Bref, il faut parler football à « la ménagère de moins de 50 ans » , l’intéresser et l’impliquer. S’il existe évidemment des filles qui captent un peu plus loin que la règle du hors-jeu (on pense à toi, Marinette Pichon), les préjugés ont la vie dure, comme le constate Émilie Nemeth, co-auteur de Mon mec aime le foot. Et alors ? : « Le foot, c’est un sujet universel, mais dans les esprits, l’idée que ce soit un sport pour les hommes, fait par les hommes est assez ancrée. Au final, il y a quand même des filles qui suivent les matchs. » En période de Coupe du monde, il occupe certaines rubriques où il n’y trouverait d’habitude pas sa place : « C’est plus facile de s’y intéresser parce qu’on en bouffe tout le temps pendant la compétition. Pendant la saison de Ligue 1, par exemple, la presse féminine ne va pas parler de foot. Là, même la presse féminine fait des sujets sexo, des sujets coupe de cheveux, en rapport avec le foot. »

« Je suis contente quand la France joue, parce que je suis amoureuse de Karim Benzema »

À croire que deux seules solutions s’offrent alors aux femmes. Soit elles subissent et acceptent de vivre un mois d’enfer avec un fantôme pour copain ou mari, soit elles s’y intéressent. « Il y a des copines qui se plaignent que leur copain rentre du travail à 18h et enchaîne les deux matchs et qui ont peur que leur mec ne leur parle pas pendant un mois. Là, c’est un exemple de quelqu’un qui subit la Coupe du monde » , constate Émilie Nemeth par ailleurs cofondatrice du site footpouf.com. Et quand elles veulent s’impliquer, elles le feraient forcément à leur manière, en portant un œil beaucoup plus attentif au physique des joueurs qu’à leur technique par exemple. Un point de vue réducteur que préfère prendre en dérision Sophie-Marie Larrouy, co-auteur de Le foot expliqué aux filles, à ma mère et à Didier Deschamps, non sans une pointe d’ironie : « Je suis contente quand la France joue, parce que je suis amoureuse de Karim Benzema et que cela fait toujours plaisir de le voir, mais on peut soutenir une autre équipe. On se choisit des types qui ont l’air sympathique sur le terrain. L’essentiel, c’est de se retrouver et faire des commentaires débiles sur les coupes de cheveux des mecs. » Et avec les audaces capillaires de Griezmann ou Debuchy, elles sont plutôt bien servies.

Patriotisme, rosé-pamplemousse et rillettes de thon

Mais une Coupe du monde, c’est aussi toujours cette parenthèse où celles (et ceux aussi) qui délaissent le football le reste du temps se prennent de passion pour leur sélection. On appelle ça le syndrome France 98. « Tant que ton pays est en jeu, il y a une sorte de mécanisme de patriotisme, même si on y est pas du tout sujet en temps normal, et que cela nous fait gerber. Le fait de soutenir l’équipe de son pays procure quand même une sorte de fierté, de foi en quelque chose qui est agréable à ressentir » , continue Sophie-Marie Larrouy. Le principal est donc finalement là : réussir à ce que le football intéresse la gent féminine le temps de quelques semaines, histoire qu’elles s’adaptent aux soirées bières/charcuterie/chips dans le seul but de se rassembler et de passer un bon moment. Toujours à leur façon. « Et puis, en vrai, si on regarde les matchs, c’est surtout pour boire du rosé-pamplemousse et manger des rillettes de thon faites maison ! » Une certaine idée de la vie.

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