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Pourquoi la Ligue a besoin du retour de Frédéric Thiriez

Par Kevin Charnay et Jérémie Richalet
Pourquoi la Ligue a besoin du retour de Frédéric Thiriez

Vu comme la LFP gère ses affaires ces derniers temps, on en viendrait presque à regretter le départ de Frédéric Thiriez il y a deux ans.

Les play-offs et les barrages devaient être une fête, une manière de rajouter quelques matchs excitants et à fort enjeu à la fin de l’année dans des ambiances de feu. Résultat, lors de la deuxième saison suivant la mise en place de la réforme, c’est déjà un échec. Mardi soir, Grenoble a dû jouer à huis clos contre Péronnas. Et ce mercredi soir, Ajaccio va devoir jouer à huis clos dans un stade neutre, à Montpellier, contre Toulouse. Des événements gérés n’importe comment par la Ligue de football professionnel, au point qu’on en regretterait le départ de Frédéric Thiriez il y a deux ans. Enfin presque.

Parce qu’il aurait pris soin de son bébé

Un soir d’automne 2015, alors qu’il taille soigneusement sa moustache, Frédéric Thiriez a une illumination : il est temps d’instaurer un barrage entre le 18e de Ligue 1 et le 3e de Ligue 2. Ou plutôt de remettre au goût du jour cette idée abandonnée depuis 1993. L’objectif est clair, protéger au maximum les clubs de Ligue 1, tout en respectant la décision du Conseil d’État d’interdire le passage de trois à deux montées chaque année. Mais officiellement, ces play-offs permettraient également d’accroître suspense et spectacle. Sauf qu’en démissionnant en avril 2016, Frédéric Thiriez abandonne son bébé et ne peut plus en prendre soin. Dès 2017, c’est un Troyes-Lorient qui est offert au public en dessert, une double confrontation que beaucoup se sont bouffée pour ne pas mourir de faim avant l’été. Mais cette année, c’est un beau bordel qui a lieu avec l’ajout des play-offs. Nul doute que Frédo n’aurait pas laissé ses barrages adorés se jeter dans la fange.

Parce qu’il n’a pas peur des clubs corses

Lors de ses quatorze années de présidence, Frédéric Thiriez a été le meilleur ennemi du football corse, celui qui cristallisait toutes les colères des clubs de l’Île de Beauté. Celui qui n’a jamais voulu faire du 5 mai une journée sans match en hommage au drame de Furiani a longtemps été qualifié de « raciste anti-corse » , notamment par Pierre-Marie Geromini, président du SC Bastia à l’époque. En 2012, il ne remet pas le trophée du titre de Ligue 2 à Bastia. Trois ans plus tard, en finale de Coupe de la Ligue au stade de France, il ne descend pas saluer les joueurs corses comme le veut le protocole, pour éviter de se prendre une bronca du public bastiais. La tactique de l’autruche, ça a toujours fonctionné pour Thiriez.

Parce qu’un mec à moustache a toujours de l’autorité

Nathalie Boy de la Tour a considéré que l’envahissement du terrain, les chants racistes, les incidents en tribune et la bagarre générale sur le terrain lors d’Ajaccio-Le Havre étaient des « faits de jeu » . Clairement un manque de fermeté. Avec l’ancien président de la Ligue, ça ne se serait pas passé comme ça. Salvador Dali, Tom Selleck, Albert Einstein, Sean Penn, Freddie Mercury, José Bové, Georges Brassens, Chuck Norris, Hulk Hogan, Mario et Luigi, Joseph Staline… C’est un fait, les hommes à moustache ont de la poigne, du charisme et de l’autorité. Comme Frédéric Thiriez, oui, oui.

Parce qu’il s’excuse comme personne

« I am really sorry for this terrible arbitrage » souffle-t-il à l’oreille du président parisien Nasser Al-Kheläifi, à l’issue de la rencontre Lens-PSG d’octobre 2014, exceptionnellement disputée au Stade de France. Son anglais est hésitant, son accent encore plus prononcé que celui d’Arsène Wenger, mais c’est le fond qui dérange plus que la forme. Captée par les caméras de Canal+, cette image rare pose alors la question de sa connivence avec les dirigeants qataris du club de la capitale. Mais la polémique est rapidement éteinte, Gervais Martel déclarant quelques jours plus tard avoir lui aussi reçu des excuses de la part du président de la Ligue pour la prestation contestée de l’arbitre du match Nicolas Rainville. Comment en vouloir à un homme si gentil ?

Parce qu’il est plus délicat de décoiffer Nathalie Boy de la Tour en public

En mai 2013, un an après s’être fait surprendre par un Montpellier en état de grâce, le Paris Saint-Germain version QSI atteint enfin son premier objectif : remporter le championnat de France. Lors des célébrations du titre et de la remise de l’Hexagoal au Parc des Princes, les joueurs parisiens défilent un à un, et chacun se voit offrir une version miniature du trophée des mains de Frédéric Thiriez. Pocho Lavezzi, lui, devait absolument trouver une connerie à faire pour que son passage sorte de la norme. Alors il s’est amusé à décoiffer le président de la Ligue devant tout le monde, et a tellement dû apprécier la sensation qu’il a réitéré son geste lors du Trophée des champions quelques mois plus tard. Et puis la saison suivante, et puis à chaque fois qu’il croisait la route de Moustache sur un podium. Heureusement pour tout le monde, Lavezzi a quitté la Ligue 1 six mois avant que Nathalie Boy de la Tour n’arrive au pouvoir. Le hashtag #BalanceTonPocho était pourtant tout trouvé.

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