ACTU MERCATO
Pourquoi cet échange Pjanić-Arthur est une belle idée moisie
Par Mathieu Rollinger
Selon La Repubblica, le Barça et la Juve se seraient mis d’accord pour un échange concernant les milieux Miralem Pjanić et Arthur. L'affaire pourrait même être emballée d'ici le 30 juin et serait effective une fois l'actuelle campagne de Ligue des champions bouclée. Pourtant, cette opération semble ne faire que des perdants.
Parce que le Barça récupérerait un trentenaire à la place d’un garçon prometteur
À la première lecture, ce deal dégage clairement un déséquilibre. En effet, le Barça viendrait ajouter avec Pjanić, 30 ans, un quatrième « vieux » à son milieu, déjà (dé)garni de Sergio Busquets (31 ans), Ivan Rakitić (32) et Arturo Vidal (33). Sans vouloir faire du jeunisme à tout prix, ce choix semble être une nouvelle erreur stratégique pour la cellule de recrutement catalane. Cette équipe blaugrana cherche aujourd’hui un nouveau souffle et à construire son projet autour de Frenkie de Jong (23), Riqui Puig (20) et donc Arthur Melo (23). Pas vraiment le bon signal à envoyer quand on cherche justement à relancer une machine.
Parce que Pjanić remplacerait numériquement le remplaçant du remplaçant à Barcelone
Titulaire indiscutable depuis quatre saisons à la Juventus, le Bosnien serait confronté à une situation plus complexe au Barça, puisque le regista convoiterait une position déjà verrouillée par Sergio Busquets et dont la relève est déjà promise à Frenkie de Jong. La preuve, celui qu’il est censé suppléer numériquement affiche cette saison le cinquième temps de jeu parmi les milieux. Miralem Pjanić sait évidemment jouer en tant que relayeur, mais ce n’est pas là que ses qualités de distribution et de couverture du terrain seraient les mieux exploitées. Finalement, l’arrivée de Miralem Pjanić chez les Culés s’apparente à celle d’Antoine Griezmann : on aime son profil, on sait qu’il peut s’adapter, mais on n’a pas vraiment de place pour lui. De plus, s’il a réussi à gratter à Turin quelques coups francs à Cristiano Ronaldo, ce spécialiste de l’exercice aura certainement plus de mal à se tailler un bout de gras conséquent face à une autre référence : Lionel Messi, l’homme aux 52 coups francs marqués en carrière.
Parce que la Juventus devrait en plus payer pour se séparer de son meilleur milieu depuis le départ de Pirlo
Ok, dans cette affaire, la Vieille Dame passerait un coup de chiffon à poussière sur son étagère du milieu, Khedira et Matuidi ne représentant plus l’avenir à 33 ans et Aaron Ramsey étant déjà annoncé partant. Dans la balance, la Juve ferait aussi l’économie de 1,5 million d’euros de salaire chaque année avec le Brésilien, même si elle devrait s’acquitter de 10 millions d’euros de plus que le Barça lors du transfert (Pjanić est coté à 70 millions d’euros, contre 80 pour Arthur). Arthurito apporterait une alternative crédible à Adrien Rabiot qui ne s’est toujours pas imposé en Italie. Mais avec Arthur, malgré sa marge de progression, les Bianconeri ne combleraient pas entièrement ce que Miralem Pjanić est jusqu’ici, à savoir leur meilleur milieu de terrain depuis le départ d’Andrea Pirlo. Certes Rodrigo Bentancur semble aujourd’hui tenir la corde dans l’esprit de Maurizio Sarri pour devenir la nouvelle pièce maîtresse de l’entrejeu, mais les positions sont loin d’être figées. D’autant plus que l’ancien mage napolitain, avec qui Pjanić entretiendrait des relations tempérées, n’est pas certain de faire long feu sur le banc de la Juve. Bref, ce serait bête pour l’ex-Lyonnais d’abandonner à la première difficulté.
Parce que Miralem a le cœur blanc
Cela ne fait pas de mystère depuis son adolescence au centre de formation du FC Metz : Miralem Pjanić est un grand fan du Real Madrid. « Lorsqu’on jouait à FIFA, il prenait toujours le Real Madrid. À cause de Raúl, qu’il surnommait« Le Président », assure son pote Iliès Haddadji. Il n’a jamais caché qu’il aimait ce club. » L’autre idole de Miré ? Zinédine Zidane. Et puis ce n’est pas pour rien si Francis De Taddeo, l’homme qui l’a repéré puis lancé chez les pros, assurait à So Foot que son poulain « a tout pour être un galactique ». Bref, Miralem pourrait bien se tromper de crèmerie.
Parce que le dernier Melo passé à la Juve a viré au drame
Avant Arthur Melo, il y eu Felipe. Un milieu de terrain, brésilien aussi, mais élu Bidone d’oro (l’équivalent italien du Ballon de plomb) en 2009. Et lors de ses deux saisons dans le Piémont, celui-ci ne s’est pas fait que des amis. Pour s’en rendre compte, il suffit de se plonger dans l’autobiographie de Giorgio Chiellini. Après s’être payé Mario Balotelli, le défenseur s’est occupé du cas de Felipe : « Le pire du pire. Je ne supporte pas les personnes irrespectueuses, ceux qui veulent toujours être en opposition. Avec lui, on était toujours à deux doigts de se battre. Je l’ai signalé à la direction, c’est une pomme pourrie. » Et il faut croire que le mauvais ressenti est réciproque. « J’ai toujours été critiqué par les tifosi et je n’aimais pas jouer pour ce club », affirmait Felipe Melo en 2012 au journal turc Milliyet. Bref, si Arthur devait atterrir à la Juve, qu’il ne se fasse floquer que son prénom dans le dos.
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Par Mathieu Rollinger