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Pourquoi boit-on de la bière devant le foot ?

Par Morgan Henry
Pourquoi boit-on de la bière devant le foot ?

Brune ou blonde, rousse ou ambrée, la bière est aux soirées foot ce que Jesse Pinkman est à Walter White : indispensable. Pièce maîtresse de n'importe quel match, elle se sirote comme du lait d'orgeat et arrose la troisième mi-temps. Si l'alcool était l'équipe de France, la bière serait Didier Deschamps : solide, corsée, parfois amère mais toujours généreuse.

Certains disent qu’elle fait grossir les corps. D’autres affirment qu’elle est l’emblème du mauvais goût et de la beauferie à la française. Longtemps raillée, moquée, traînée dans la boue, le constat est pourtant sans appel : la bière n’a jamais été aussi tendance qu’aujourd’hui. Capable de rassembler l’ouvrier et le banquier, le poivrot et le catho, la boisson numéro 1 en Allemagne entretient également un lien très étroit avec le ballon rond. Aussi complémentaire que Stone et Charden, bière-foot est une alliance qui gagne. Élément phare des soirées Coupe du monde au même titre que la pizza et les Pringles aux oignons, la « roteuse » – comme disent les puristes – trouve toujours une place de choix dans un frigo les soirs de match. Nombre de consommateurs vous le diront : il existe un besoin presque vital de décapsuler dès lors qu’un bout de terrain fait irruption sur un écran de télévision. Parce qu’un « pshiiit » bien claqué fait autant vibrer qu’un hymne national ou la musique du multiplex, la bière est LA chose à ne pas oublier en soirée. Ne croyez pas tout ce qu’on vous dit à la télé : avec l’alcool, la fête est bien plus folle.

« La bière est à l’alcool ce que le foot est au sport »

Qui ne s’est jamais retrouvé les fesses vissées sur un tabouret Ikea, isolé près du frigo, car vos potes ont pris possession du canapé et que vous êtes arrivé légèrement à la bourre ? Cette place, aussi inconfortable soit-elle, peut bien souvent vous faire louper un match et transformer votre soirée foot en cauchemar sans nom. Et comme une galère n’arrive jamais seule, vos amis ont généralement très soif et vous demandent toutes les quatre minutes de leur sortir une « Seize » du bac à légumes. Comble de l’enfer, c’est souvent ces soirs-là où le frigo contient l’équivalent de trois citernes de cervoise… Alors oui, le foot et la bière, c’est culturel ! « Je pense qu’il y a une république de la bière comme il y a une république des idées » , résume Frédéric Serval, grand amateur de houblon, qui a fini par se mettre à brasser sa propre bière depuis son appartement parisien. Si la sainte-liqueur se marie aussi bien avec le jeu de balle, c’est d’abord pour des raisons de partage et de convivialité, comme nous l’explique de nouveau Frédéric : « Je pense que c’est lié à la nature du produit. La bière est un alcool très populaire. Pas dans le sens où il a du succès mais dans le sens où il est facile à produire et ne coûte pas cher. On peut le trouver dans tous les pays du monde et, finalement, il est assez proche du football. De la même manière que pour le foot, tu as juste besoin d’un ballon et de deux trucs pour faire les cages, pour faire de la bière tu n’as besoin de rien. La bière est à l’alcool ce que le foot est au sport. C’est quelque chose de super convivial et facile d’accès. » Raison de plus pour les réunir, donc.

On n’a pas le même maillot, mais on a la même boisson

Si tous les moyens sont bons pour s’alcooliser devant les matchs de l’équipe de France, voire devant un Bosnie-Iran pour les plus imbibés, pourquoi ne pas le faire avec du rouge ou de la Suze, par exemple ? Là encore, ce sont les vertus du produit qui parlent : « La bière est une boisson qui rafraîchit et désaltère. Et ça peut aussi être un produit de dégustation. Globalement, des bières dites de goût ont des degrés un peu plus forts que des bières dites de désaltération. Devant un match de foot, on est plus sur une bière de désaltération que sur une bière de goût. On n’imagine pas boire un grand vin pendant un match mais plutôt pendant un moment de repos. La bière, c’est un produit un peu plus léger qu’on peut boire en faisant autre chose » , analyse un porte-parole des Brasseries Kronenbourg. Il n’y a qu’à regarder les terrasses des bars ou aller sonner chez les voisins pour s’en convaincre : devant le foot, c’est la bière qui coule à flots, et pas autre chose ! Symbole d’union entre les peuples, vecteur d’intégration en terre inconnue, la bière permet également de rendre la victoire plus belle et la défaite moins lourde. Avec un degré d’alcool tournant généralement autour des 5%, la bibine assure la chauffe et permet – en principe – d’éviter la cuite. Grande amie du supporter, elle trahit rarement son consommateur et rend la purge du samedi soir un poil plus attractive.

Bière de match et bière de soif

Spécialiste en matière de vin, la France est étonnamment l’un des plus faibles consommateurs de bière d’Europe. À raison de 30 litres par an et par personne, les Français sont par exemple à des années-lumière des Allemands, qui ingurgitent chacun 120 litres de rôteuse à l’année ! Comme nous l’indique le porte-parole des Brasseries Kronenbourg, « la bière est un produit saisonnier qui agit dans sa fonction rafraîchissante » . Si les plus téméraires sont prêts à écouler des fûts de Karmeliet même en plein hiver, Frédéric Gaultier, gérant du bar à bières La Cervoiserie à Nantes, confirme que la bière est une spécialité estivale : « Les ventes de bières ordinaires en grande surface explosent à cette période de l’année. Nous, vu qu’on ne diffuse pas les matchs à La Cervoiserie, on se rend vraiment compte de la consommation des gens chez eux via les ventes à emporter. » Situé à deux pas du Stade de la Beaujoire, ce magasin de « bières précieuses » affiche complet avant chaque match du FCN. « Les bières allemandes, ou de type allemand, sont vraiment adaptées aux soirées foot. En fin de compte, la bière de match, c’est la bière de soif. Tu peux boire quelques verres, tu as toujours une bouteille à la main et quelque chose à boire qui ne t’alcoolise pas forcément » , ajoute Frédo.

Où sont les femmes ?

Si la cervoise rassemble les corps et réunit les cœurs les soirs de match, reste maintenant à la faire adopter par la gent féminine. Encore légèrement hostiles à l’amertume du produit, les amatrices de bière restent minoritaires, même si la tendance commence à s’inverser. « C’est comme au rugby, ça reste une boisson vachement masculine » , nous glisse Brice, barman au Café d’Orléans dans le XIVe arrondissement de Paris. « C’est un truc qui correspond vraiment bien au sport et surtout au foot. La bière fait partie des mœurs. Je sais pas pourquoi, mais on aime bien trinquer avec une binouse devant un match de foot. Un soir comme celui de France-Équateur, il y a deux voire trois fois plus de monde » , poursuit l’homme de comptoir, sourire au coin des lèvres. Alors non, aucun patron de bar ne se cachera pour le dire : retransmettre du foot dans son établissement est l’assurance de voir son chiffre d’affaires grimper en flèche et les fûts de bibine descendre à vitesse grand V. « Lundi, si je peux avoir du monde sur la route, j’aurai du monde sur la route » , conclut Brice en terminant son Ricard. « Tu viens lundi ? Ça va être magique ! » . Inutile de nous le demander deux fois, la table est déjà réservée.

Par Morgan Henry

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