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Pirès-Pouget : On les appelait les « PP flingueurs »

Propos recueillis par Matthieu Pécot, à Londres

Au milieu des années 1990, Robert Pirès et Cyrille Pouget, du FC Metz, vidaient leurs chargeurs sur un football français qui commençait déjà à se fatiguer des duels OM-PSG. Puis l’un est devenu une star, l’autre pas. Ou un peu moins, disons. En novembre 2010, les deux hommes, qui ne s'étaient pas vus depuis dix ans, se retrouvaient pour évoquer leur époque dorée.

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En 2010, SO FOOT avait réuni les PP Flingueurs à Londres

La première fois que Cyrille Pouget a mis les pieds en Angleterre, il avait obtenu à Liverpool avec le PSG une qualification pour la finale de la Coupe des coupes 1997. La deuxième fois, c’était avec Marseille, pour un match de Ligue des champions face à Chelsea. Les troisième et quatrième, il était venu faire des essais à Bolton et à Portsmouth. La cinquième remonte au 17 novembre 2010, pour des retrouvailles émouvantes avec son ancien binôme Robert Pirès. Ce dernier, alors âgé de 37 ans, venait de décrocher un joli contrat à Aston Villa, tandis que Cyrille, qui avait fait le déplacement de sa Moselle natale dans la journée, vendait des meubles. Les deux anciens internationaux, qui ont joué ensemble à Metz et à Marseille, ne s’étaient plus vus depuis dix ans. Cyrille était évidemment excité à l’idée de retrouver son pote, avec qui il partage quelques mots clés : flingueurs, chenille, Saint-Symphorien, première sélection en équipe de France en remplacement de Patrice Loko en 1996. Des années 1990, monsieur Pouget a gardé l’état d’esprit ainsi que sa femme Maria-Hélène, rencontrée au lycée alors que l’attaquant blondinet préparait son bac scientifique. À cette époque, Robert le cancre – qui a arrêté l’école en troisième – savait sûrement déjà que sa reconversion se passerait sur les plateaux TV. C’est après avoir avalé une bière et un cheeseburger dans un resto du quartier de Hampstead, au nord-ouest de Londres, que Cyrille a vu débarquer son âme sœur professionnelle après qu’elle eut garé son Audi Q7 sur le trottoir d’en face. Il y a eu une longue poignée de mains et plusieurs bises. Trois, quatre, cinq ? On ne les a pas toutes comptées.

À quoi ressemblait votre vie quand vous cassiez la baraque avec le FC Metz ?

Cyrille : C’est sur le terrain que tout se passait. En dehors du terrain, on ne se voyait pas trop. Robert, c’était un fêtard, je ne pouvais pas le suivre.

Robert : J’aimais sortir. On était jeunes, on fêtait les victoires. Et comme on gagnait souvent, on sortait souvent. Faut dire aussi qu’à l’époque, on jouait un match par semaine. On avait le temps de récupérer. Attention, on ne sortait pas les veilles de match !

Cyrille : Mais même quand on gagnait, Joël Muller faisait les décrassages les lendemains. Il y en a qui pouvaient sortir et vomir sur le terrain le lendemain.

Robert : Et d’autres qui sortaient et ne se couchaient pas pour être sûrs de ne pas manquer l’entraînement !

Cyrille : T’as de ses nouvelles à Didier Lang ?

Robert : (Rires.) Non. Moi, je sortais souvent avec David Terrier. Cyril Serredszum était pas mal aussi. Et puis il y avait les grands frères, David Zitelli, Philippe Chanlot…

Cyrille : Tiens, Serredszum, il avait une jambe plus courte que l’autre. C’est pas une blague, c’était lié à ses problèmes de dos. En gros, si on sortait ensemble, avec Robert, c’était parce qu’on était sollicités ensemble. Je me souviens d’une fois où Téléfootnous avait emmenés à une fête foraine et on avait tiré à la carabine sur des ballons.

Les fameux « PP flingueurs » …

Robert : C’est Pierre Ménès, dans L’Équipe, qui nous avait donné ce surnom. Un jour, j’ai commencé à mimer les pistolets après nos buts. Ce genre de conneries, ça venait de moi. La chenille aussi, c’est de moi. Et Rigobert Song n’était jamais très loin quand ça s’amusait quelque part.

Cyrille : Rigobert était le numéro un pour ces trucs-là. Il était plus jeune que nous et un peu plus fou que tout le monde. Et puis bon, quand il est arrivé à Metz, il ne savait pas jouer au foot. Mais vraiment pas du tout. Il savait juste tacler. Quand on faisait des torosaux entraînements, il mettait des méchants coups de savate.

Robert : Il venait directement du Tonnerre de Yaoundé. Il est arrivé avec son style et se faisait reprendre de volée par Joël Muller, car il était tout le temps en retard aux entraînements.

Il y avait aussi Jacques Songo’o…

Robert : Ah, Jacquot ! Il se mettait furax, nous gueulait dessus, on se regardait et on se disait : « T’as compris ce qu’il vient de dire ? Non, moi non plus. » (Rires.)

Cyrille : Le truc, c’est qu’il parlait un patois entre le camerounais et le français avec un accent de Moselle. Plus il criait, plus on avait de mal à le comprendre.

La complicité qu’il y avait entre vous à l’époque vous suit-elle encore aujourd’hui ?

Robert : Oui. Mon nom est clairement plus associé aux « PP flingueurs » qu’au FC Metz. Quand je croise un supporter de Metz, soit il me demande si j’ai des nouvelles de Cyrille Pouget, soit il me dit : « Alors, ça va PP flingueur ? »

Cyrille : Moi, grâce à Robert, je vends plus de meubles. À Metz, les gens se souviennent encore pas mal de moi. Mais parfois, ils me demandent simplement si je ne faisais pas du foot il y a quelques années. Je leur réponds que oui, et que je m’appelle Robert Pirès. Quand il est revenu en première ligne pendant la Coupe du monde, sur TF1, moi de mon côté, je me faisais appeler « Robert Pirès » dans le magasin !

Cyrille, comment as-tu abordé ta reconversion ? Pourquoi avoir choisi de vendre des meubles ?

Cyrille : Ce n’est pas facile. J’ai mis du temps à me trouver. Et un jour, j’ai rencontré le copain d’une copine de ma femme. Il m’a mis le pied à l’étrier, et depuis, je vends des meubles à Mobilier de France. Je jouais au foot au Luxembourg, mais je m’ennuyais un peu pendant la journée. J’aurais bien aimé continuer en pro, mais physiquement j’étais cramé. Alors je vends des meubles.

Cyrille, même à l’époque où tu flambais, tu répétais pourtant déjà partout que tu étais loin d’avoir le talent de Robert…

Cyrille : Je vais te dire la vérité haut et fort : j’ai fait beaucoup de clubs dans ma carrière, et mis à part peut-être Rai et Leonardo, je n’ai jamais joué avec un joueur aussi fort que Robert. Et encore Rai, il avançait pas. Bon, j’ai joué un petit peu avec Zidane en équipe de France, mais il ne m’en a pas assez montré pour que je puisse dire avec certitude qu’il était au-dessus du lot. En plus, Robert, il est grand. D’ailleurs, si j’avais fait sa taille, j’aurais mis plus de buts de la tête. J’aurais mis les buts que lui ne mettait pas, car il ne sautait pas. C’était un sacré peureux. Il n’allait pas au contact, car il avait peur de se faire casser le nez.

Robert : Le problème, ce n’est pas ça. C’est juste que je me suis fait ouvrir les deux arcades, en moins de 15 ans et en moins de 17 ans dans deux duels aériens. Ça m’a refroidi. Mon jeu de tête est complètement catastrophique.

Cyrille : Joël Muller reprochait souvent à Robert de se cacher à l’entraînement pendant un exercice où on se faisait des passes à la main, et le but, c’était d’aller au combat contre un autre gars. Il ne valait mieux pas croiser Pascal Pierre dans cet exercice. Lui, il te cassait en deux.

Avez-vous retrouvé avec un autre coéquipier la complémentarité que vous entreteniez l’un avec l’autre ?

Robert : Oui, avec Florian Maurice, en équipe de France espoirs et à Marseille. Pourquoi? Parce qu’il avait exactement le même style que Cyrille. Il y a eu aussi Bruno Rodríguez que je trouvais facilement et qui avait remplacé Cyrille à Metz.

Cyrille : Moi, bizarrement, cette complémentarité, je l’ai retrouvée au Luxembourg, quand je jouais à Esch-sur-Alzette, avec un mec qui s’appelle Rudy Marchal. Mais avec Robert, c’était quand même autre chose. Ma force, c’était mes appels de balle. Personne ne les a jamais aussi bien compris que Robert.

Comment se fait-il que votre duo n’ait pas fonctionné quand vous vous êtes retrouvés à Marseille fin 1999 ?

Cyrille : Le temps était passé. Et puis Marseille était en pleine crise. Tu peux sûrement mieux leur expliquer…

Robert : Il y a cet incident à la Commanderie. On venait de perdre 5-1 à Saint-Étienne, et des supporters ont pété le carreau de ma voiture et balancé un fumigène à l’intérieur. Le siège a pris feu. Bon, ça va, c’était une Classe A que me prêtait le club, mais c’était quand même un peu impressionnant. C’était très tendu à cette époque. Ce que je n’ai jamais compris, c’est pourquoi ils ont viré Rolland Courbis alors qu’on était 6es du classement.

Cyrille : Je suis arrivé au milieu de ce bordel. Je me rappelle qu’Eduardo Berizzo s’était fait braquer sa voiture devant chez lui alors qu’il était au volant. D’ailleurs, quand j’suis arrivé à Marseille, c’est la maison de Berizzo que j’ai reprise. Comme coéquipier, y avait aussi les Brésiliens qu’Abel Braga avait fait venir. Je me souviens de Marcelinho, un mec complètement cinglé. Il tapait sa femme. À côté de ça, c’était un super joueur. Il a confirmé en cartonnant en Allemagne. Après Braga, on a eu Javier Clemente. Alors lui, il était exceptionnel. Il fumait carrément dans le vestiaire pendant ses causeries, j’avais jamais vu ça. Il prenait sa clope, l’allumait, s’approchait de nous et nous donnait des consignes en recrachant sa fumée vers les joueurs. On parle quand même d’un mec qui a entraîné l’équipe d’Espagne…

Cyrille, après coup, regrettes-tu d’avoir quitté le FC Metz pour rejoindre la Suisse ?

Robert : Je lui avais dit de ne pas partir. Je voyais qu’il était en train de faire une erreur. J’ai toujours respecté son choix, mais je ne l’ai jamais approuvé.

Cyrille : Je suis parti en 1996, quand l’équipe tournait super bien. On venait de gagner la Coupe de la Ligue et de terminer 4e du championnat. Beaucoup de personnes n’ont pas compris ce que je faisais. Mais la vérité, c’est que j’ai eu un petit différend avec Carlo Molinari. Il n’a pas voulu que je parte dans un autre club français sous prétexte que j’avais refusé la prolongation qu’il me proposait. Fallait voir le contrat… Il manquait un zéro, celui qu’il a bien voulu mettre sur le contrat de Robert !

Robert : Attention, on me proposait déjà mieux ailleurs ! La Juve et Benfica me voulaient, et Carlo aurait aimé que j’y aille. Mais moi, j’ai préféré rester.

Cyrille : Mon transfert a quand même rapporté 5 millions de francs au club. En 1996, c’était une grosse somme ! Tu sais que j’ai payé la nouvelle tribune à Metz, moi.

Robert : Je sais, je sais. Mais moi, les 65 millions qu’ils ont récupérés en me vendant à Marseille, ça représentait le reste de Saint-Symphorien !

Cyrille : 65 millions ?? Putain, c’est énorme…

Réussir ensemble en équipe de France faisait-il partie de vos plans ?

Cyrille : J’ai été en équipe de France A quelques mois avant Robert, début 1996 avec Aimé Jacquet. La sélection, c’est le très haut niveau. Honnêtement, si j’ai été appelé, c’est parce qu’à l’époque, il n’y avait pas énormément de très bons attaquants. Loko, Madar, Ouédec, Pedros, c’était pas des grands attaquants. Mais je n’étais pas forcément meilleur qu’eux.

À une époque, vous avez bien failli jouer tous les deux à Arsenal…

Cyrille : Quand j’étais au Servette de Genève, oui, Arsène Wenger m’avait appelé. Mais le Servette appartenait à Canal+, et le PSG aussi. Alors le Servette m’a prêté à Paris. À ce moment-là, il y avait pourtant Arsenal et Lens qui me voulaient.

Robert : En Angleterre, Cyrille aurait réussi. En Espagne, non.

Cyrille : Toi qui as fait trois championnats, tu peux confirmer que mine de rien, le championnat français est le plus dur défensivement ?

Robert : Ouais, mais du coup, c’est trop tactique. En Angleterre, pas du tout. Il y a un peu de rigueur, mais pour résumer : si tu n’es pas prêt physiquement, tu exploses. C’est le charme du foot anglais, c’est du non-stop ! Les 0-0 de Premier League sont plus passionnants que ceux de Ligue 1. C’est malheureux, mais c’est vrai.

(Pendant la conversation, soudainement, Pouget et Pirès parlent du contrat de Pirès avec Petrol Hahn et du fait qu’il s’était laissé pousser les cheveux pour l’occasion.)

Il se disait aussi que la mouche que tu arborais sous la lèvre était en rapport avec un contrat chez Puma…

Robert : Non, ça, c’était personnel. Il n’y avait aucun rapport avec Puma. Je ne sais pas d’où c’est sorti.

Cyrille : Comme l’histoire avec Estelle Denis… Alors, il s’est passé quelque chose ou pas ?

Robert : Qu’est-ce que tu veux faire ? On ne peut jamais tout contrôler. Enfin la rumeur avec Estelle Denis, c’était de la pure connerie. S’il y avait eu un truc entre elle et moi, je l’aurais dit puisque je m’en fous. Cette femme, je ne l’ai jamais vue et je ne lui ai jamais parlé !

N’empêche, est-ce que tu penses que cette histoire est l’une des raisons qui expliquent que Domenech ne t’a plus appelé après ce fameux match à Chypre en octobre 2004 ?

Robert : Sûrement. Mais à la limite, je ne veux même pas le savoir. Il ne le dira jamais, ni à moi ni à personne d’autre. Chypre, c’est la dernière fois que j’ai porté le maillot bleu. À la mi-temps, Domenech me sort sans rien me dire, on menait 1-0 (score final 2-0). J’aurais préféré qu’il me dise que j’étais mauvais. À partir de ce moment, je ne voulais même plus le voir. Pendant que les autres jouaient ou regardaient la deuxième mi-temps, j’étais seul, sur le parking derrière le stade. Au coup de sifflet final, je suis monté dans un taxi qui était là pour les joueurs d’Arsenal. Aujourd’hui, je rigole. Enfoncer Domenech maintenant, ça ne sert à rien. Fallait se réveiller avant, en 2008. C’est même devenu trop facile de le critiquer après le Mondial 2010.

Cyrille : J’aime le côté kamikaze de Domenech. Pas insolent, mais presque. Même si seul contre tous, à un moment, on s’essouffle et on ne devient plus crédible. Il aurait pu sortir par la grande porte s’il était parti après la Coupe du monde 2006. C’était à ses employeurs de prendre cette décision, pas à lui. C’est une belle erreur de l’avoir gardé.

Quel est le pire moment de votre carrière ?

Cyrille : Après Marseille, je suis allé à Saint- Étienne, et là…

Robert : T’as joué à Saint-Étienne, toi ?

Cyrille : J’avais oublié de venir avec ma chaussure droite. J’étais très mauvais. Et avec Antonetti, ça ne passait pas du tout. Faut dire que j’étais arrivé en novembre, et que de juin à novembre, j’étais dans le « loft » à Marseille, avec Florian Maurice, Bruno N’Gotty, Sébastien Pérez, Jérôme Leroy… Il y avait une vingtaine d’autres gars. À cause de ça, je suis arrivé à Saint-Étienne grillé physiquement.

Robert : T’as été à Saint-Étienne avec Antonetti ? J’avais zappé ça…

Cyrille : C’est lui qui m’avait fait venir, et malgré ça, le courant n’est jamais passé. En général, quand tu es joueur, tu décides de la fin de ta carrière. Moi, c’est Antonetti qui a choisi à ma place. Même si la vraie fin, c’était à Metz (quand Cyrille y est retourné en 2002-2003). On est montés de Ligue 2 en Ligue 1, mais Jean Fernandez m’a dit qu’il ne compterait plus sur moi.

Robert : Pour moi, le pire moment, c’est forcément 2006. D’abord, je ne suis pas sélectionné pour le Mondial. Quatre jours plus tard, je suis remplacé en finale de la Ligue des champions contre le Barça, au Stade de France, à la 18e minute (à la suite de l’expulsion de Jens Lehmann, le gardien d’Arsenal). Deux mois après, je me pète les croisés juste après ma signature à Villarreal. L’année noire, noire, noire.

Cyrille : Mais pourquoi avoir quitté Arsenal ?

Robert : Il y avait Villarreal qui me proposait deux ans de contrat et ça me tentait vraiment beaucoup. Et puis ce qui m’est arrivé en finale de C1 m’a achevé. Mais Arsenal, ça reste MON club. On a quand même fait 49 matchs d’invincibilité entre 2003 et 2004. On entrait sur le terrain, on savait qu’on n’allait pas perdre. Dans le tunnel, on se lançait des défis. Moi, j’ai tenté un truc avec Titi, contre Manchester City. On menait 1-0 sur penalty, c’est moi qui l’avais transformé. Dix minutes plus tard, deuxième penalty. Titi me dit : « Viens on le fait… » Pendant trente secondes, il m’a mis une énorme pression. Je devais lui décaler le ballon au lieu de frapper. Au dernier moment, je me suis chié dessus en me disant qu’il n’arriverait jamais le premier. Arsène ne m’a rien dit, car on avait gagné 1-0 et que j’avais marqué. Mais en revanche, je me suis fait défoncer par la presse.

Il y a une histoire de peluche dans ta carrière, Cyrille…

Cyrille : J’ai joué à la Jeunesse d’Esch pendant trois ans. Le tout dernier match en 2006, finale de Coupe de Luxembourg, 3 200 spectateurs.

Robert : C’était contre qui la finale ?

Cyrille : Dudelange. Le propriétaire, c’est Flavio Becca, ça te dit quelque chose ?

Robert : Oui, j’en ai déjà entendu parler.

Cyrille : Ah les hommes riches, tu les connais, toi… Bref, on mène 1-0, puis je marque le 2-0. Un but d’anthologie : j’ai un ballon le long de la touche, je dribble un joueur avec une balle piquée, je repique dans l’axe, petit crochet intérieur sur un défenseur, et devant le gardien, je fais un passement de jambes à la Ronaldo et je marque. Mon plus beau but depuis que je jouais au foot. Là, j’ai couru vers le banc et j’ai sorti le doudou de ma fille, une vache en peluche. Bon, après, je rate la balle du 3-0 et on finit par perdre 3-2.

Robert : J’ai pas rêvé, t’as bien dit que t’avais dribblé un joueur ?

Cyrille : J’ai fait une bonne carrière sans savoir dribbler, c’est vrai. Ma manière de dribbler, c’était mes appels de balle. De toute façon, à Metz, Robert dribblait à ma place. Je me souviens d’un jour où Alain Goma… Faut retrouver la cassette d’un Metz-Auxerre, mais sans exagérer, Goma a dû prendre huit petits ponts de Robert, dont trois dans la même action. Tu te rappelles ?

Robert : Oui. Ce soir-là, j’étais en feu. Goma et moi, on a quitté le terrain en même temps sur une action où je pousse trop le ballon, je réussis à lui faire un dernier petit pont et là, il me découpe. Carton rouge direct pour lui, sortie sur blessure pour moi. J’ai toujours eu peur d’Alain Goma.

Cyrille : En parlant de carton rouge, moi, j’étais un spécialiste. Un des matchs les plus chauds que j’aie joués, c’est un Metz-Le Havre où Frédéric Meyrieu était particulièrement nerveux. Je jouais au Havre à ce moment-là, j’étais même capitaine. On est menés 1-0, penalty pour nous, je le tire, Letizi l’arrête. En deuxième mi-temps, j’ai taclé Kastendeuch à la gorge. Il ne m’avait rien fait, mais en même temps, je n’ai jamais été ami avec lui. Et puis j’étais généralement impulsif et hargneux sur le terrain. Jamais je ne me suis excusé après avoir pris un rouge.

C’est pour ça que les supporters du PSG t’aimaient beaucoup ?

Madame Pouget : Un blond aux yeux bleus, ça passait bien. (Rires.)

Cyrille : Je n’étais pas le roi, mais disons qu’on ne m’insultait pas. Des mecs de la tribune Boulogne sifflaient Dely Valdés comme pas possible. Et moi, ils scandaient mon nom et voulaient que je le remplace. Pourquoi ? C’est triste à dire, mais c’est juste parce que je suis blanc.

Robert : L’hiver, il est même rose. Le surnom de Cyrille Pouget, c’est « le petit cochon »!

Cyrille : C’est pas de ma faute, quand je bronze, je bronze rose.

Entretien paru initialement dans le SO FOOT 82 de décembre 2010/janvier 2011. Découvrez nos offres d’abonnement.

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Propos recueillis par Matthieu Pécot, à Londres

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