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Piqué-Ramos, frérots de la Roja

Par Matthieu Pécot, au stade Loujniki
Piqué-Ramos, frérots de la Roja

Éliminée par la Russie, l’Espagne ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Elle a beaucoup trop reposé sur l’efficacité ou l'inefficacité de ses deux salopards magnifiques. Si Ramos et Piqué partent sur ça, on aura le droit de rigoler, mais aussi de pleurer.

Quelque part entre les chatons mignons et les grimaces des enfants en bas âge qui goûtent à un citron pour la première fois de leur vie, les séances d’entraînement du Barça occupent une belle place sur internet dans la catégorie « vidéos addictives à souhait » . On y voit donc des super joueurs multiplier les passes rapides à une touche du balle. Tiki-taka, toque, més que un club, vamos ! Celles où les défenseurs catalans s’entraînent à faire des mains dans leur surface sont introuvables et pourtant, elles doivent bien exister. Sinon, comment expliquer que quinze jours après la patte folle de Samuel Umtiti face à l’Australie, Gerard Piqué a à son tour permis à un adversaire d’égaliser à 1-1 sur penalty à cause d’une main baladeuse ?

Cet après-midi à Moscou, on voyait mal comment les Russes allaient pouvoir se relancer dans un match dans lequel ils étaient menés et où ils ne faisaient que courir après le ballon. Et puis, sur un centre de Samedov, le déménageur Artem Dzyuba (1,94m, 89kg) a profité d’un marquage un peu lâche de Gerard Piqué pour placer une belle tête. La seule défense que Piqué – dos à l’action – a été foutu de proposer a consisté à lever le bras gauche en étant parfaitement conscient qu’il allait se trouver sur la trajectoire du ballon. Un penalty transformé par Dzyuba plus tard (1-1, 41e), un constat s’imposait : Gerard Piqué (31 ans) et Sergio Ramos (32 ans) sont deux jolis mabouls dont on peut être certain, à peu près à chaque match, qu’ils influenceront directement sur le résultat, pour le bien ou le mal de leur équipe. Cette élimination prématurée des champions du monde 2010 a mille causes, mais concernant le match en lui-même, difficile d’ignorer l’impact énorme du geste de Piqué.

Les bons et les mauvais coups

Cet après-midi, les frérots de la Roja se sont réparti les tâches : Piqué a eu le mauvais rôle en occasionnant le but russe et a parfois donné l’impression d’avoir besoin de plusieurs bouffées de Ventoline pour se requinquer ; de l’autre côté, Ramos s’est servi de son brassard de capitaine pour rappeler que le port de ce bout de tissu oblige parfois à être le bon guide qu’il a été. Voilà pourquoi douze minutes lui ont suffi pour ouvrir le score. À la réception d’un coup franc d’Asensio, il a résisté à un plaquage du vieux (39 ans dans treize jours) méchant (ses sourcils sont les plus froncés de l’histoire de la pilosité faciale) Sergey Ignashevich pour marquer on ne sait comment. Enfin si, on a su après avoir vu le ralenti sur l’écran géant du stade que ce but était en fait un csc d’Ignashevich, ce qui n’a pas empêché Ramos de célébrer le but comme s’il en était l’auteur.

Reste qu’une fois de plus dans sa carrière, Ramos était dans un bon coup. Avant d’en arriver aux tirs au but, l’Espagne, quand elle en avait marre de jouer à la passe à dix, s’en est souvent remise à l’excellence du jeu de tête offensif de ses deux défenseurs pour créer timidement le danger en fin de match (Piqué 89e, 105e, Ramos 90e). Et quand il fallait tuer le temps, Sergio Ramos envoyait une aile de pigeon dans une situation un peu chaude (107e).

Ils ont tous les deux mis leur tir au but

Et puis l’heure des tirs au but est arrivé. Et il était difficile d’être étonné de voir le Madrilène et le Barcelonais arriver parfaitement détendus au point de penalty. D’ailleurs, il n’y avait aucun doute que ces deux-là allaient faire partie des cinq. Piqué, deuxième tireur, s’est ainsi levé le ballon en faisant une louche avant de prendre Akinfeev à contre-pied avec l’aide du poteau. Ramos, lui, a transformé tranquillement le quatrième tir espagnol avant de chambrer Cheryshev, le seul Russe qui évolue en Liga. On n’imagine qu’il a dû le taquiner en espagnol. Peut-être qu’il lui a tout simplement débité des paroles du morceau de rap qu’il a sorti juste avant de s’envoler pour la Coupe du monde. Après tout, le passage où il parle de lui à la troisième personne et de ses attributs était approprié : « Il est né avec 2 ballons d’or, ils sont bien installés. » Le seul morceau de métal auquel aura accès Sergio Ramos cet été se trouvait donc dans son slip.

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