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Peter Stöger, le bon coup du Rhin

Par Julien Duez
Peter Stöger, le bon coup du Rhin

Sur le banc de Cologne depuis 2013, Peter Stöger (51 ans) a tout connu avec les Geißböcke. Au moment d’affronter Stuttgart, le Effzeh est bon dernier au classement. Mais un type qui a disputé une finale de C2 avec le Rapid Vienne face au PSG et qui boit des bières avec les supporters peut tout à fait être l'homme de la situation.

Un point sur vingt et un possibles. Alors que le FC Cologne était censé briller au firmament, le club de la Domstadt réalise son pire départ depuis la remontée en Bundesliga en 2015. Pourtant, Peter Stöger ne semble pas inquiet outre-mesure. Car pour ce Viennois à qui tout a réussi depuis son arrivée sur les bords du Rhin, les situations de crise font partie du football et il n’apparaît aujourd’hui que peu raisonnable de balayer d’un revers de la main tout le travail effectué en amont pour en arriver là.

Asthme, finale de C2 et Mondial 98

Lorsqu’il était enfant, Peter Stöger souffrait d’asthme. Un mal dont il n’a jamais complètement guéri au moment d’entamer sa carrière. « Mes capacités pulmonaires étaient de 80%. Il y a bien des médicaments qui auraient pu m’aider à avoir une meilleure condition physique, mais à cause des règles en matière de dopage, ils étaient tabous. »

Ces 56 kilos sur la balance à ses débuts ( « Je devais tout miser sur l’intelligence de jeu, car au niveau des duels, je n’aurais pas fait le poids » ) ne l’empêchent pas de jouer près de vingt ans au plus haut niveau, sans jamais quitter l’Autriche. Mais son bilan comme numéro 6 au physique souffreteux n’est pas vilain pour autant : une finale de C2 face au PSG perdue avec le Rapid Vienne, quatre titres et trois coupes nationales, sans compter qu’il a fait partie de la dernière équipe d’Autriche engagée dans une Coupe du monde, en 1998. Homme discret dans les déclarations comme dans l’apparence (on ne lui connaît qu’une boucle d’oreille dans sa jeunesse comme unique signe de fantaisie), Stöger a toujours préféré être bon à l’échelle humaine que moyen chez les gros.

Chroniqueur pour arrondir les fins de mois

Dans les années 1990, il refuse des offres de l’Eintracht Francfort et du Munich 1860 pour rester dans sa chère Autriche. Plus tard, comme entraîneur, il choisit de quitter l’Austria Vienne pour descendre deux divisions plus bas, au First Vienna FC, avec lequel il remporte un titre de D3. « Au départ, les supporters étaient méfiants, car ils pensaient que je ne resterais que quelques mois, mais l’histoire a finalement duré trois ans. » Trois ans au cours desquels il cumule son poste d’entraîneur avec un rôle d’expert à la télévision et de chroniqueur dans les journaux pour arrondir ses fins de mois. De cette expérience dans un football de peu de moyens, il comprendra le privilège de jouer devant 10 000 spectateurs. Une évidence en Allemagne, une rareté en Autriche.

Faire avec les moyens du bord

Lorsqu’il arrive à Cologne, l’équipe est sur la pente descendante. Stöger se chargera de la ramener au plus haut niveau, un titre de champion de D2 à la clé. Dans les vestiaires, il cherche à façonner la mentalité de ses troupes, afin de maintenir le niveau exigé par la Bundesliga sans pour autant prendre le melon. « Les joueurs qui ne rechignent pas à aider le kiné à porter ses valises ou à laver eux-mêmes les gourdes sont les meilleurs professionnels. » Selon Stöger, une équipe qui sait comment se comporter dans la vie devient plus responsable sur le terrain : « Il est important de ne pas oublier que les joueurs professionnels sont des privilégiés, en comparaison à d’autres gens qui ont autant de stress, mais gagnent nettement moins d’argent. »

Sous sa houlette, plusieurs éléments connaissent le feu des projecteurs, à l’image du gardien Timo Horn ou l’international Jonas Hector, aujourd’hui blessé, comme un autre bouffeur de craie, Marcel Risse. La récente déchirure à la cuisse du Colombien Jhon Córdoba n’a fait que plonger davantage Cologne dans la sinistrose. Depuis le transfert d’Anthony Modeste vers la Chine cet été, l’équipe semble plus déboussolée que jamais. Mais Peter Stöger refuse de regarder dans le rétroviseur : « Au vu de la situation financière, c’était impossible de le garder. » Tout comme de croire que le départ du Français est la cause de tous les maux de son équipe. Cologne a grandi vite, trop vite peut-être. Elle a désormais besoin de temps pour gérer sereinement son nouveau statut.

En attendant, c’est à Stuttgart qu’il faudra faire ses preuves. Une défaite de plus et les chances de se maintenir deviendraient encore plus ténues. Mais Peter Stöger tiendra. Il a déjà survécu aux licenciements d’Andries Jonker et de Carlo Ancelotti et chacun semble lui accorder sa confiance, des fans avec qui il boit volontiers une bière de temps en temps, jusqu’aux pontes du conseil d’administration. Et s’il avoue ne pas avoir peur de se faire renvoyer, une chose est sûre : « Ce serait difficile de continuer à vivre ici en n’étant plus entraîneur. » Cologne est une ville qui vit pour son club, et même si Stöger est l’entraîneur qui a tenu le plus longtemps depuis 1963, la confiance de son peuple ne sera jamais éternelle.

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Par Julien Duez



Propos de Peter Stöger recueillis par 11Freunde et Kicker

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