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Peter de Toulon

Par Alexis Billebault
Peter de Toulon

L’entraîneur de l’Ajax Amsterdam, Peter Bosz, a passé trois ans à Toulon (1988-1991), quand les Varois évoluaient en Ligue 1. L’ancien milieu de terrain y a laissé une bonne impression auprès de ceux qui l’ont côtoyé sur la rade. Et aucun d’entre eux n’est vraiment surpris de retrouver l’ex-chevelu sur un banc de touche.

À l’époque, les images du championnat néerlandais étaient rares, Internet n’existait pas, et pour voir un joueur, il fallait se déplacer ou l’observer sur un bon vieux magnétoscope VHS. Au cours du premier semestre de l’année 1988, le Sporting Club de Toulon prépare la saison suivante avec un budget limité et l’obligation de dénicher les bonnes affaires. Rolland Courbis, installé sur le banc de touche varois depuis deux ans, reçoit l’appel d’un agent, qui lui parle de deux joueurs néerlandais. « Il s’agissait de Peter Bosz, qui évoluait au RKC Waalwijk, et de John Lammers, un attaquant du VVV Venlo. On a regardé des cassettes, et comme financièrement, c’était abordable pour nous, on a engagé les deux » , se souvient le Marseillais, intéressé par le profil de celui qui deviendra l’entraîneur de l’Ajax. « On voyait qu’il était intelligent dans le jeu, sobre, bon techniquement, et capable d’aller au contact. Il savait construire, mais aussi détruire le jeu adverse. » Bref, le profil idéal dans un effectif où se côtoient quelques fortes personnalités comme Luigi Alfano, Jean-Louis Bérenguier, Bernard Pardo, Pascal Dupraz, Roger Mendy ou Joseph-Antoine Bell.

« Certains ont essayé de le dévergonder »

Figure historique du Sporting, dont il est aujourd’hui l’entraîneur, Alfano se marre en comparant la chevelure fournie de son coéquipier de l’époque et la casquette en peau de fesse qu’arbore aujourd’hui le coach de l’Ajax. « C’est vrai qu’il avait une sacrée crinière. Brun, bouclé… Quand tu le vois aujourd’hui, tu as du mal à le reconnaître. » Redevenu sérieux, l’ex-défenseur toulonnais se souvient d’un exemple de professionnalisme. « Il arrivait une heure avant le début de l’entraînement. Lors des tests d’avant-saison, il était devant tout le monde. Et puis, il s’est très vite mis au français. On habitait pas très loin l’un de l’autre, on se fréquentait un peu. » Une volonté d’intégration confirmée par Courbis. « Au bout de trois mois, il était capable de tenir une conversation sans problème. Cela a vraiment facilité son adaptation dans l’équipe. Bon, à mon avis, il était un peu trop sérieux. Il faut souffler, aller boire un canon de temps en temps. Je crois que certains ont essayé de le dévergonder. Ils ont réussi. Enfin, un peu » , s’amuse un des consultants vedettes de RMC.

Entraîneur, une reconversion naturelle

Sur le terrain, Bosz ne déçoit pas. « Il avait eu une bonne formation dans son pays (Apeldoorn, Vitesse Arnhem, RKC Waalwijk).Quand il est arrivé chez nous, il avait presque 25 ans. La France devait lui permettre de franchir un palier » , intervient l’Ivoirien François Zahoui. « Physiquement, ce n’était pas un monstre (1,75 m). C’était un joueur capable d’évoluer en numéro 6 ou en numéro 8. Il avait une bonne lecture du jeu, c’était celui qui donnait l’impulsion. Il ne marquait pas beaucoup(un but en trois saisons),mais il était régulier dans la performance. Il n’était pas forcément flamboyant. Quand il n’était pas là, tu le voyais » , explique l’ancien sélectionneur des Éléphants. Bosz, « qui pouvait aussi dépanner en défense centrale » , rappelle Courbis, a une sainte horreur de la défaite. « Même en match amical. Un jour, lors d’une rencontre estivale contre les Allemands de Mannheim au stade Mayol, il nous traduisait ce que les joueurs adverses disaient. Ça avait fait monter la pression » , rigole Alfano, jamais très loin des embrouilles.

Rolland Courbis, qui a vite pigé le rôle de sa recrue dans le collectif, en fait l’un de ses cadres. « Le coach en avait fait une pièce essentielle » , reprend Zahoui. « Autant Lammers, qui n’est resté que deux ans, ne s’est pas totalement imposé, autant Bosz a su le faire. Il avait apporté à l’équipe sa régularité, sa clairvoyance, son calme. Il était apprécié du public. Ce n’était pas un joueur qui cherchait le contact physique, mais quand il fallait y aller, il n’hésitait pas. » Frédéric Meyrieu, qui n’a joué qu’une saison avec le Néerlandais (1990-1991) l’avait affronté avec Marseille. « Il ne se laissait pas faire. C’était un mec de caractère. Il en fallait dans cette équipe de Toulon. Et puis, on voyait que c’était un passionné. Son attitude sur le terrain le prouvait. Il régulait le jeu, l’orientait. Tactiquement, on voyait qu’il était pointu. Il faisait partie de ces joueurs qui ne rentrent pas directement chez eux après l’entraînement. Il aimait bien parler des séances. »

Discussions régulières sur le jeu

Trois ans après son arrivée, Peter Bosz quitte Toulon pour le Feyenoord Rotterdam, où il deviendra international (8 sélections), avant de poursuivre sa carrière à JEF United Ichihara (JAP, 1996-1997 et 1999), au Hansa Rostock (1998) et au NAC Breda (1998-1999). « Je crois que son passage à Toulon lui a donné une impulsion » , juge Alfano, qui a failli le recroiser sur la rade il y a trois ans. Aujourd’hui, Bosz entraîne l’Ajax, et cela ne surprend par Rolland Courbis. « On avait des discussions régulières sur le jeu. Il posait des questions. Je l’écoutais, car c’était toujours pertinent, même si nous n’étions pas toujours d’accord. On le sentait vraiment très intéressé par l’aspect tactique. C’était vraiment un joueur exemplaire, qui ne posait pas de problèmes. Autant cela m’étonne que certains deviennent entraîneurs, autant cela m’aurait surpris que Bosz ne le soit pas… »

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Par Alexis Billebault

Tous propos recueillis par AB

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