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- Italie-Espagne (1-1, 4-2 t.a.b)
Pedri : le futur, c’est maintenant
L'Espagne a beau avoir fini la soirée en pleurant, une belle satisfaction est venue apporter un peu de joie : Pedri, auteur d’une demi-finale de haute volée. Le gamin de 18 ans et sa prestation XXL ont ainsi confirmé que la relève était bel et bien assurée. Tant mieux.
Difficile d’avoir un avis sur le match de Jorginho. Avant d’inscrire le tir au but de la victoire, le milieu de terrain italien a eu le plus grand mal à faire vivre son talent dans cette rencontre sous haute tension. La raison mesure 1,74m, pèse 60 kilos et s’appelle Pedri. Le Barcelonais a en effet accaparé Wembley durant 120 minutes pour prouver une nouvelle fois qu’il était un cran au-dessus du reste de l’humanité, tout simplement.
Pedri l’interrupteur
Au coup d’envoi de cet Italie-Espagne, Pedri avait déjà disputé 65 matchs cette saison. Pour son 66e, le joueur du FC Barcelone avait donc prévu de faire les choses en grand. Durant la rencontre, le natif de Tegueste a ainsi assumé un rôle de couteau suisse, se muant en rampe de lancement des attaques espagnoles. Il n’est donc pas étonnant de le voir réussir ses 31 passes tentées en première période, dont 22 dans le camp adverse. Une prouesse exceptionnelle, sublimée par l’adversité féroce de Marco Verratti et Nicolò Barella.
Les chiffres sont abstraits, il est vrai, mais les 97% de caviars délivrés donnent une tonalité bien réelle au partidazo réalisé par le jeune adulte. Preuve en est, ce sont bien ses aînés Busquets et Koke, également auteurs d’une excellente partie, qui ont cédé leurs places dans le second acte. Hyperactif du haut de ses 80 ballons touchés, Pedri s’est fait le relais infaillible et inévitable de l’entrejeu, mettant notamment sur orbite Mikel Oyarzabal ou Dani Olmo. Un énième élément à mettre au crédit de l’ancien prodige de Las Palmas qui aura fait de cet Euro sa compétition.
Le passé fabrique le futur
« À 18 ans, Pedri joue comme un mec de 35 ans. » Voilà une phrase que nous avons entendue tout au long de la saison. Mais force est de constater que jamais un poncif footballistique n’aura eu autant de sens. Pour sa première campagne au plus haut niveau, il s’est imposé comme une évidence, d’abord au Barça. Cinquante-deux apparitions sous le maillot bleu et rouge, soit une seule absence en neuf mois de compétition. Aux côtés de Frenkie de Jong, Pedri aura été l’un des grands arbres cachant la forêt de difficultés sportives des siens. Celui, aussi, qui a su faire oublier le flop Miralem Pjanić et, peut-être, entamé l’après-Xavi tant attendu par les supporters. La première et logique sélection avec la Roja, en mars dernier, impose le respect. Il y a quatre mois, il n’était pas encore international ; ce mercredi soir, on se demandait presque si une vie avait existé avant Pedri.
Voilà donc Pedri embarqué dans l’aventure européenne, guidé par le gourou Luis Enrique. Au sein d’un groupe que l’on décrivait comme une coquille vide, Pedri a su prendre le jeu à son compte durant cet Euro. Titulaire indiscutable d’un onze pourtant évolutif, il a disputé la quasi-intégralité des cinq matchs de l’Espagne, ne manquant qu’une petite minute de jeu (sorti à la 119e face à la Suisse). Finalement, cette confrontation face à l’Italie n’aura été qu’une étape supplémentaire dans ce parcours sans bavure. Le chemin d’un génie nommé Pedro González López qui, en l’espace d’un mois, a mis l’Europe dans sa poche.
Par Adel Bentaha