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Patrick Kisnorbo, à l’Aube d’une nouvelle ère

Par Quentin Ballue
Patrick Kisnorbo, à l’Aube d’une nouvelle ère

Avec un nul contre Nantes au stade de l'Aube (0-0) et une victoire à Strasbourg (2-3), Patrick Kisnorbo a réussi ses débuts à la tête de l'ESTAC. L'ancien défenseur n'a de toute façon pas raté grand-chose depuis qu'il a embrassé sa carrière d'entraîneur, à Melbourne City, où il a dirigé avec succès les U20, les féminines et l'équipe masculine.

Fin novembre, Patrick Kisnorbo a quitté le doux printemps australien pour se frotter à l’automne aubois. Une nouvelle tête en Ligue 1, et même dans l’ensemble des cinq grands championnats européens, puisque aucun Australien n’y avait encore assumé la fonction d’entraîneur. « Paddy » , lui, sait un peu plus où il met les pieds. Parce qu’il a retrouvé Erick Mombaerts, conseiller technique de l’ESTAC, dont il a été l’adjoint. « Un vrai mentor », qui l’est resté quand Kisnorbo a pris sa succession à Melbourne City, puisque l’Australien lui envoyait les vidéos des matchs pour avoir l’avis du Français. Et même à l’autre bout du monde, le bonhomme avait déjà un œil sur l’ESTAC. « C’est un championnat qu’il suivait, confie Florin Bérenguer, qui le côtoyait à Melbourne depuis 2018. Pas mal de fois, j’entendais le matin : « Oh là là, Troyes, putain ! » Moi, étant français, il me parlait de Troyes régulièrement. » Sans se douter qu’il quitterait Melbourne, où il était depuis 2013, pour y poser ses valises à seulement 41 ans, devenant de facto le deuxième entraîneur le plus jeune actuellement en poste dans l’Hexagone.

Forte tête

Entraîner, Kisnorbo y pensait déjà bien avant la fin de sa carrière de joueur. Il a commencé à passer ses diplômes, alors qu’il charbonnait encore sur les terrains anglais. Le bonhomme a commencé sa carrière à South Melbourne, puis s’est envolé pour l’hémisphère nord en 2003. Première escale en Écosse, à Heart of Midlothian, puis l’Angleterre, où il oscille entre le Championship et la League One. Il s’y forge une réputation de combattant indéfectible, notamment à Leeds, où il joue avec un énorme bandage sur la tête. Et pour cause : dès son premier match à Elland Road, il doit se faire poser 12 points de suture à la suite d’un choc. « On m’a dit que je pourrais avoir besoin de chirurgie, mais je ne me vois pas faire ça pour l’instant, j’ai d’autres choses à faire, lâche-t-il alors au Yorkshire Evening Post, se mettant automatiquement les supporters en poche. Chaque fois que je frappe le ballon de la tête, ça fait mal, mais c’est quelque chose que je dois gérer. C’est mon travail et je vais continuer à le faire du mieux possible. Je n’aime pas porter le bandage, mais s’il peut m’aider et m’empêcher de m’ouvrir à nouveau, je vais l’utiliser. De toute façon, je ne suis pas très beau ! »

Une mentalité que Kisnorbo s’attache à transmettre à ses hommes. « Il est sur le dos des joueurs dès la première minute de l’entraînement. Il est au milieu du jeu, il harangue tout le monde pour diffuser cette mentalité de vouloir tout le temps gagner, confirme Bérenguer. Je suis le premier à l’admettre, je n’avais pas la gagne à tout prix en moi. Mais il te donne envie d’aller chercher plus. En 2020, on a perdu la finale des play-offs en prolongation à Sydney. Ça a été douloureux pour tout le monde, lui d’autant plus avec sa mentalité de vainqueur. Il a toujours remobilisé ça. On a gagné l’année d’après, mais il a tout de suite dit : « Vous avez vu tout ce que ça prend pour gagner un trophée. Vous pouvez profiter, mais il ne faut pas se laisser aller pendant les vacances et revenir hors de forme. Il faut continuer à gagner. » C’était une première pour le club de gagner le titre, mais il ne s’est pas satisfait de ça. » Melbourne City a fini premier de la saison régulière en 2021-2022, avant de s’incliner lors de la Grande Finale contre Western United. Et « Paddy » a laissé le club en tête du championnat à l’automne dernier, avec cinq victoires et un nul en six journées.

Glacière, checks et OM

PK a fait les choses dans l’ordre en commençant à coacher les U20 des Citizens, puis l’équipe féminine en W-League, et enfin l’équipe masculine. Toutes ses expériences ont été couronnées d’un ou plusieurs titres. Et parfois de petits bobos, comme en mai 2021, quand il s’était pris une glacière sur la tête pendant la célébration du Premier’s Plate. « Dans le vestiaire, un joueur est arrivé avec la grosse glacière remplie d’eau froide et de glaçons, sourit Bérenguer. Il a été surpris par le poids, c’est tombé sur sa tête et ça l’a ouvert. Sous l’euphorie, tout le monde s’est marré, mais il a fini la soirée avec des points. Il était le premier à en rigoler. Le doc l’a recousu et on a pu repartir fêter ça tous ensemble. » Si Kisnorbo a une grande exigence, du tempérament et qu’il n’hésite pas à rentrer dans ses joueurs, il n’en reste pas moins proche de ses hommes. « Il est toujours jeune, sourit Bérenguer. Le matin, pour dire bonjour, il avait des checks différents avec certains joueurs. Il déconne souvent avec les uns et les autres. Comme je suis Marseille en Ligue 1, il me chambrait beaucoup quand l’OM ne gagnait pas. » Il pourra s’en donner à cœur joie mercredi si l’ESTAC obtient quelque chose contre les Phocéens.

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Par Quentin Ballue

Tous propos de Florin Bérenguer recueillis par QB.

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