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Pascal Dupraz, un pompier pour éviter le feu de Forez
En convalescence, l’AS Saint-Étienne s’est séparée de Claude Puel pour remettre son destin entre les mains de Pascal Dupraz. Une stratégie compréhensible au regard de la position du club, actuellement lanterne rouge de Ligue 1, et des faits d'arme de l'entraîneur de 59 ans, habitué des missions de sauvetage. Pas le choix le plus érotique, mais peut-être le plus pragmatique.
Il est de retour. Après quasiment quatre ans d’absence, Pascal Dupraz revient en Ligue 1. Le Haut-Savoyard était resté dans les radars avec son passage au Stade Malherbe de Caen (2019-2021) et son rôle de consultant télé, mais il n’avait plus occupé le fauteuil d’un entraîneur de l’élite depuis janvier 2018. Son aventure toulousaine avait alors pris fin à l’issue d’une douzième défaite en 22 journées sur la pelouse de Montpellier. Mardi, Dupraz s’est officiellement engagé avec l’AS Saint-Étienne jusqu’en juin 2022, le communiqué du club forézien annonçant l’objectif, évident : « entourer et accompagner un groupe conscient de la difficulté de sa situation actuelle », et in fine « maintenir les Verts en Ligue 1 Uber Eats ». Une mission, sur le papier, taillée pour Dupraz.
Un feu de Forez à éteindre
« En plus d’être un bâtisseur, il m’arrive de remplir des missions compliquées, rappelait Dupraz mercredi en conférence de presse. J’ai la faiblesse de penser que j’ai des recettes pour faire en sorte que l’équipe aille mieux. » Le CV du natif d’Annemasse parle pour lui. Inutile de rappeler qu’il a participé à la folle ascension d’Évian Thonon Gaillard, tantôt comme coach, tantôt comme directeur sportif, menant le club à une finale de Coupe de France en 2013. Surtout, il a fait ses preuves en tant que pompier de service. Un argument majeur pour le nouveau coordinateur sportif Loïc Perrin, qui expliquait vouloir un entraîneur « qui connaît la Ligue 1 », « qui sait fédérer » et « qui a eu l’expérience de reprendre un club en cours de saison ».
Dupraz s’est retrouvé dans cette situation à Toulouse en mars 2016. Malgré un retard de dix points à combler, il réussit l’exploit de sortir le Téf’ des flammes et d’éviter la relégation. La mayonnaise a également pris au Stade Malherbe de Caen, qu’il a récupéré à la 17e place de Ligue 2 en octobre 2019. Les Normands sont remontés jusqu’aux portes du top 10 pour finalement se classer au 13e rang au moment de l’arrêt du championnat en mars. À chaque fois, Dupraz est parvenu à remobiliser ses troupes pour obtenir des résultats rapidement. Exactement ce dont a besoin aujourd’hui une équipe stéphanoise qui squatte la zone rouge depuis septembre et qui n’a pris que 12 points en 18 journées.
Dans tous ses Étrat
Proche de Jean-François Soucasse, le président exécutif de l’ASSE, avec qui il a travaillé à Toulouse, Dupraz n’a jamais caché sa sympathie pour le club forézien, alors que Roland Romeyer l’avait sondé en 2019 pour prendre la suite de Jean-Louis Gasset. Cette fois, les négociations ont bel et bien abouti. Arrivé avec son préparateur physique Baptiste Hamid, l’homme a dirigé son premier entraînement mercredi. Il a refusé de s’épancher tactiquement devant les journalistes, préférant réserver cette discussion à son effectif. Il a en revanche confié avoir attentivement scruté les matchs des Verts, conscient qu’il y avait pour lui « une potentialité de retrouver un emploi ». Également conscient de la pression inhérente au défi de relever un monument du football français, le technicien a insisté sur la nécessité de redonner confiance à son groupe : « Pour moi, la confiance en soi, c’est au moins 50% de la performance, donc il faut d’abord qu’ils retrouvent confiance en eux individuellement. Ensuite, cette confiance rejaillira sur le collectif. Il faut beaucoup de mots simples, d’empathie et de bienveillance. L’objectif se situe là, redonner confiance à l’équipe. » Au niveau comptable, la tâche n’a rien d’insurmontable, l’ASSE n’étant qu’à trois points du barragiste, Metz. Une bonne série et le club du Forez pourrait aussi rapidement se rapprocher d’équipes comme Troyes (à quatre points), Clermont ou Bordeaux (à cinq points).
Premiers pas pic.twitter.com/rO7RretIHL
— AS Saint-Étienne (@ASSEofficiel) December 15, 2021
Les écarts restent légers, mais Dupraz a tenu à marteler à maintes reprises le mot « humilité » au moment d’entamer ce mandat de six mois, dans « un club évocateur » pour lui. « Je ne vais pas faire de sensiblerie, je ne peux pas le faire. Néanmoins, mon père aurait pu être footballeur, il a été champion de France amateurs et il était souvent dans les tribunes de l’AS Saint-Étienne. En 1976, j’avais 14 ans, pas l’âge de raison, mais l’âge d’une certaine forme de clairvoyance quant au football.[…]Parce que ce club me transporte quelque part, j’imagine comme d’habitude une issue favorable. Vous ne pourrez pas me voir me départir de mon optimisme. C’est comme ça. Si je ne pensais pas que le club puisse se maintenir, je ne serais pas devant vous. » Premiers tests dimanche dans un petit derby contre Lyon-La Duchère en Coupe de France, puis mercredi prochain avec la réception du FC Nantes. Deux rencontres pour d’ores et déjà s’assurer que « Dieupraz » est toujours capable de convaincre de nouveaux fidèles.
Par Quentin Ballue