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  • Ligue 1
  • J13
  • PSG-Nantes (4-1)

Paris gobe les Canaris tout crus

Par Théo Denmat, au Parc des Princes
Paris gobe les Canaris tout crus

Nouvelle démonstration parisienne, ou la preuve que l'on peut trembler de froid plus que de frissons. Nantes avait prévu de garer deux bus devant ses cages, mais pas sûr que deux de plus auraient suffi à arrêter la machine Cavani.

PSG 4-1 FC Nantes

Buts : Cavani (37e et 77e), Di María (41e) et Pastore (65e) pour Paris // Nakoulma (56e) pour Nantes

Comme quoi, ça va vite. L’Uruguay perd 2-1 à domicile contre l’Autriche ? Edinson Cavani marque un doublé. L’Argentine explose 4-2 face au Nigeria ? Pastore et Di María sont titulaires et marquent chacun leur tour. Plus qu’une histoire de pays, plus qu’une histoire de club, PSG-Nantes a toujours été le récit d’une histoire d’individus, de mouvements restés dans l’histoire et de buts rediffusés en mondovision. Paris s’impose 4-1 au Parc en ayant plus trembloté de froid que de peur, et prend six points d’avance en tête du championnat sur l’AS Monaco. Car en devenant hollywoodien, ce joli dessin animé qu’est la Ligue 1 en a également récupéré les écueils : il devient prévisible.

Oh, j’ai cru voir un Grosminet

Comme dans tout bon dessin animé, il convient de poser le décor. La dramaturgie, c’est bien pour l’audimat, mais il n’y plus d’épisode si le chat mange tout de suite la souris. Conséquence : Paris lime ses griffes sur le dos des Nantais qui, façon Titi, se défendent par l’attaque. Ce n’était pourtant pas vraiment le scénario de base, Claudio Ranieri s’étant amusé à glisser en conférence de presse qu’il allait mettre « deux bus » devant les cages de Tătăruşanu. Une domination s’exerce aussi par les chiffres, dont celui-ci : Cavani pèse à lui seul treize buts en championnat, soit deux de plus que tout l’effectif nantais. Mais alors que le premier rate l’occasion du 1-0 à la suite d’une passe en profondeur de Neymar (7e), qui effectuait son retour, les seconds répondent via Léo Dubois, dont la demi-volée décolle bien au-delà du crâne affolé d’Areola (23e).

Comme une proie terrée au fond de son trou dans le mur et cherchant à se frayer un chemin entre les pattes du matou posté à l’extérieur, Nantes n’attaque jamais frontalement. Lima se faufile à droite avec Djidji dans ses pas, profitant en malins des montées de Daniel Alves, tandis que Pastore se frise les moustaches au cœur des coussinets de Rongier et Touré. Mais à force de s’exciter les papilles en envoyant bouler son repas, Grosminet devait bien finir par conclure sa patte-mise. Et comme souvent dans les hautes herbes de la nature, c’est le mâle alpha de la horde qui craque en premier. Edinson Cavani inscrit son 148e but pour Paris toutes compétitions confondues (1-0, 37e), et ouvre la voie pour ses compères, bien suivi par Di María dont le centre rebondissant termine dans les filets canaris (2-0, 41e). Ranieri peut répondre favorablement à la réplique suivante : « Oh, tiens, j’ai cru voir un Grosminet. »

Semblant de suspense

L’arc narratif devant être complet, il convient de garder le téléspectateur devant son téléviseur. Et quoi de mieux qu’un rebondissement inattendu pour relancer le suspense d’un épisode qui vient seulement d’entamer sa seconde partie ? Car pendant que le onze parisien semble se satisfaire de la digestion de ses deux en-cas, la petite bête se rebiffe. Préjuce Nakoulma, littéralement entré sur la pelouse depuis trente secondes, est à la conclusion d’un très joli mouvement collectif encore une fois parti de l’aile droite. Ranieri a bossé son match et colle à son plan de jeu, validant par là même son choix de faire entrer Iloki, à l’origine du centre dangereux. Mais Paris s’égosille et, troquant un instant le minet pour son grand frère lion, s’emploie à reprendre l’avantage. Javier Pastore valide un retour de haute facture en marquant le but du break d’un obus seulement ralenti par Tata, façon Olive et Tom (3-1, 65e), le signal qu’il est temps de déchiqueter le jouet.

Nantes ne presse plus, Nantes recule, Nantes est débordé. Le chat teigne enchaîne les marrons dans la gueule de sa victime du soir et enfonce le clou par Cavani (4-1, 77e). On pourrait évoquer les crochets extérieurs de Verratti, les coups de crocs de Rabiot ou le temps de jeu offert à Christopher Nkunku, mais ce serait peut-être tirer sur une bête déjà sévèrement blessée. On s’y est peut-être trompé, le PSG n’évolue plus dans la cour des dessins animés. Ses matchs ne sont pas à montrer aux enfants, trop violents, trop froids, trop létaux. C’est une multinationale, un blockbuster qui cherche l’efficacité jusque dans les dernières minutes (cette occasion de Neymar… par ailleurs transparent le reste du temps) et rapporte des millions au box-office, tout simplement. Pour le suspense, on repassera. C’est beau, foutrement beau même.

Paris Saint-Germain (4-3-3) : Areola – Yuri, Silva, Marquinhos, Alves – Rabiot (Nkunku, 85e), Verratti (Lo Celso, 77e), Pastore (Draxler, 77e) – Neymar, Di María, Cavani. Entraîneur : Unai Emery.

FC Nantes (4-5-1) : Tătăruşanu – Awaziem, Diego Carlos, Pallois, Djidji (Thomasson, 70e) – Dubois, Rongier, Girotto (Nakoulma, 55e), Touré, Lima (Iloki, 45e) – Sala. Entraîneur : Claudio Ranieri

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