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Paris dépose Guingamp

Par Théo Denmat, au Parc des Princes
Paris dépose Guingamp

Suspendu à un but de Cavani comme une araignée à son fil de soie, le Parc aura vécu une belle rencontre où Paris aura encore encaissé deux buts, mais remis la machine en marche après la défaite lyonnaise.

Paris Saint-Germain 4-2 En Avant de Guingamp

Buts : Rabiot (21e), Deaux (25e, csc), Pastore (64e) et Marquinhos (89e) pour Paris // Thuram (33e, sp) et N’Gbakoto (74e, sp) pour Guingamp

Il faudrait arrêter le temps sur cette 67e minute. Pouvoir, comme dans ces ralentis FIFA, zoomer sur le visage de Cavani lorsqu’il reçoit la balle en profondeur de Lo Celso, puis lorsqu’il relève le visage et aperçoit Johnsson face à lui. C’est un face-à-face légèrement excentré, mais le buteur est déjà sur son pied droit. Le couvert est dressé, comme dirait l’autre : « C’est magnifique » . Oui, que l’on donne un ralenti aux 40 000 spectateurs du Parc des Princes, et peut-être, alors seulement, pourront-ils comprendre pourquoi Edinson Cavani n’a pas tiré et battu le record de Zlatan Ibrahimović. À la place, une passe pour Di María, dans un mouvement altruiste que sa position n’exigeait pas réellement, comme si l’Uruguayen ne voulait définitivement pas tirer la couverture à lui. Paris s’impose 4-2 et se qualifie pour la suite de la Coupe de France, mais il est de ces soirs où l’enjeu n’est pas vraiment au tableau d’affichage. Et voilà trois rencontres que cela dure.

Le mata-dort

Mazette, Lucas est là. Sa mine juvénile dépasse du haut de son manteau qu’il a relevé jusqu’au menton, comme un petit écolier sur le chemin du bahut, et sa calvitie naissante est recouverte par ce bonnet aux couleurs du club qu’il porte quasiment en permanence. Bien protégé du vent qui souffle fort sur le Parc et de la froidure ambiante, le Lucas. Comme le poussin trop longtemps placé en couveuse qu’il est désormais, et qu’il faudrait protéger d’un mauvais rhume. Bref, tranquillement calé dans son siège chauffant de remplaçant, l’ancienne poule aux œufs d’or du PSG n’a tout d’abord qu’à relever les yeux pour observer cette banderole déployée en tribune Auteuil avant le coup d’envoi. « Siffler nos joueurs est à l’opposé de nos valeurs » , qu’ils disent. La mémoire est courte, mais le message plein de sympathie pour Neymar, qui s’autorise un rab de pop-corn devant sa télé.

Sans surprise, Paris pose le pied sur le ballon, et l’acre parfum de la fatalité commence à embaumer le Parc. C’est forcément maintenant que cela doit se faire. Toutes les attaques terminent par lui, on le cherche, il se cache un peu, se ferait presque un peu mousser. Lui, c’est Cavani, un type censé battre le record de buts de son club depuis deux journées, et qui prend un malin plaisir à faire durer le suspense. Au gré des vagues parisiennes, lui dépose sa tête à côté des cages de Johnsson, rate ses frappes à bout portant, ne lobe pas assez son ballon… On en oublierait presque que Rabiot a entre-temps ouvert le score sur corner (1-0, 21e), que Lucas Deaux a doublé la mise contre son camp (2-0, 25e) et que Thuram a réduit la marque sur penalty après une sortie qui ne devrait pas trop faire perdre de points à Trapp dans sa course à la titularisation (2-1, 33e). Un journaliste tape du poing sur sa Gazzetta dello Sport en tribune presse : « Il dort ce soir, c’est pas possible ! » Luciano Spalletti, en Une, encaisse sans broncher.

De bien secondaires rebondissements

Puisque l’on aurait tendance à ne s’attacher qu’au match des Parisiens, un œil bienveillant aux adversaires du soir : N’Gbakoto se démerde avec talent, n’ayant pas pour lui la finition que ses gestes méritent, et Ludovic Blas offre quelques percées intéressantes dans le court laps de temps où Guingamp a la balle dans les pieds. Le reste est sérieux. Appliqué, comme on dit dans ces cas-là, pas une ligne de travers. Le seul élément qui s’autorise à briser l’alignement est Johnsson, qui multiplie les horizontales chères à Keen’V (54e, 57e). Toujours devant Cavani. Il devient d’ailleurs perceptible, au fur et à mesure que les minutes s’égrènent, que le match importe peu. La tension monte dans les tribunes, mais aucun rapport avec ce scénario par ailleurs rebondissant, agrémenté de ce but de Pastore (3-1, 64e) et d’un deuxième penalty logiquement sifflé pour l’EAG, transformé par N’Gbakoto (3-2, 75e).

Non, ce que le public demande, décollant son fessier de son siège dans un mouvement quasi général – rare, ces dernières années –, c’est un but de Cavani. C’est obsédant. Les pensées ne vont qu’à cela, la rumeur prend quelques décibels à chaque prise de balle du Matador, qui rode dans les herbes de la surface. On entend quelques injonctions descendre des tribunes, des insultes, des mots d’amour. Le Parc se suspend à chaque nouveau pion, espérant voir émerger du paquet de célébrants la figure de son idole. Un dernier frisson sur le quatrième but de Marquinhos (4-2, 89e), et le soufflé retombe : pas pour ce soir. On se consolera en se disant que c’est aussi ça, l’art des plus beaux séducteurs : savoir se faire attendre.

Paris Saint-Germain (4-3-3) : Trapp – Meunier, Marquinhos, Kimpembe, Berchiche – Lo Celso, Pastore, Rabiot – Di María, Cavani, Draxler (Nkunku, 76e). Entraîneur : Unai Emery

En Avant de Guingamp (4-2-3-1) : Johnsson – Ikoko, Kerbrat (Sorbon, 62e), Eboa Eboa, Rebocho – Phiri, Deaux – Coco (Briand, 74e), Blas (78e), Ngbakoto – Thuram. Entraîneur : Antoine Kombouaré

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