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On était aux 24 heures du foot

Par Jérémie Baron (éliminé en quarts), à Moncé-en-Belin
On était aux 24 heures du foot

500 bonhommes, 36 équipes, deux tours de cadran entiers à se tirer la bourre à sept contre sept sur un billard de la campagne sarthoise, des projos caractériels et un speaker sous acide : ce week-end, on était à la deuxième édition des 24 heures du foot à Moncé. Et ça valait le coup.

« On a eu la vraie autorisation écrite par la préfecture et la mairie seulement jeudi matin. Avant ça, on avait l’accord, mais on attendait toujours la signature. » Cyprien Gendron et sa bande ont beau préparer ce week-end depuis une longue année, c’est dans le money time que le feu vert leur a été donné, après un report d’un mois provoqué par la pandémie et les mesures du gouvernement. Nous sommes samedi matin, et si la gare du Mans se fait calme, un embouteillage se forme au milieu des pins de Moncé-en-Belin à l’accès du stade Michel-Geoffroy, théâtre d’un tournoi de sixte de grande ampleur. Les bolides viennent de tout l’Ouest – avec même une délégation de région parisienne – et sont chargés comme des mules. Car personne ne quittera ce patelin de moins de 4000 habitants dans la journée : on est parti pour tâter le cuir toute la nuit et jusqu’au dimanche midi, à raison d’un match par heure ou presque. Rien d’étonnant, donc, à voir les tonnelles et campements se poser autour des deux pelouses de l’Entente sportive moncéenne, pensionnaire de Régional 3.

Michel c’est le plaisir

« C’est dur de tenir physiquement, mentalement, les matchs vont être longs, la buvette va tourner, la nuit est rude, prévient Cyprien, président de l’asso et milieu relayeur de la réserve de l’ESM. C’est pour ça qu’on recommande 14 joueurs. L’année dernière, on a vu des équipes qui tournaient à 10 ou 11 et qui ont déclaré forfait dans la nuit parce qu’à cinq heures, ils n’étaient plus que 4 ou 5. Les courbatures, un qui se fait une entorse, un ou deux qui ont trop bu et qui sont en train de ronfler dans leur tente… Le nombre de joueurs diminue facilement. » Des seize équipes de l’an dernier, on est passé à deux poules de dix-huit. Tout ça grâce à une petite dizaine d’étudiants du club déterminés qui ont mis sur pied, en 2019, ce projet un peu fou. Cyprien toujours : « Le Mans, c’est connu pour ses 24 heures auto, moto, vélo… Il y avait même les 24 heures de la bille à Saint-Mars-de-Locquenay ou les 24 heures basket de Neuville-sur-Sarthe. Il paraît que des 24 heures foot ont existé il y a 20 ans du côté de Fresnay-sur-Sarthe, mais c’était un tout autre format. L’an dernier autour d’un verre avec les joueurs, on s’est mis à rêver et on s’est lancés. »

Sous le cagnard sarthois, plus de 500 courageux (avec près de 80 bénévoles pour cette prouesse organisationnelle) sont donc venus profiter d’« un week-end de plaisir » (selon les mots du portier de l’équipe d’Alençon), regoûter au ballon en cette période de disette footballistique, éveiller leur curiosité en acceptant le challenge ou même se consoler de la non-venue du trio L.E.J. à 34 kilomètres de là pour le festival À Tout Bout d’Champ de Chantenay-Villedieu, prévu ce 18 juillet, mais victime du virus. Après une colossale photo de famille, les maillots fluo se mettent en action sur les terrains Intersport, bière Jolicœur, « Karting Sortie 24 » et « pizza N’CO » . Michel, speaker de son état, prend lui ses quartiers en tribune et ne laissera de répit à personne, enchaînant les bons mots sur un rythme impossible ( « C’est Beaugé qui nous fait bouger » ), entre deux annonces de promotion à 40% sur du ravalement de façade. Les vrais champions sont identifiables au cœur du camping improvisé, où des piscines gonflables ont été installées pour garder la boisson au frais et soulager les gambettes entre deux joutes.

Lumière s’il vous plaît

Au milieu de l’après-midi, les voisins venus de Spay, habitués à jouer des derbys à Moncé, sont déjà bien engagés dans la poule « Glinche » . Pas surprenant : ce sont eux qui avaient triomphé un an auparavant. « On était sept, sans tente et sans duvet, se remémore entre deux cervoises le capitaine Charly, qui s’est fait les croisés l’an passé et s’est flingué la cheville cette année. On était étonnés, on s’était organisés à deux semaines du tournoi, on avait dormi sur les bancs du terrain d’honneur. Ce qui nous a fait tenir ? La cohésion. » Et encore une fois, la nuit sera courte pour les tenants du titre, qui tomberont en huitièmes. Scandales arbitraux, points de suture et andouillettes-frites animent la journée, mais les matchs de poule sont loin d’être terminés quand l’homme au micro rend sa casquette sur les coups de 22 heures. Le plus dur arrive : une heure plus tard, le soleil a à peine le temps de se pieuter que les deux projecteurs du terrain supérieur cèdent en plein match. Panique à bord et improvisation, les dix minutes de match se transforment en huit, tandis qu’un seul des deux éclairages reviendra à lui, ce qui condamnera un des deux demi-terrains pour le reste de la nuit.

À minuit, alors qu’on a pu reprendre, c’est le cataclysme : cette fois, c’est le stade entier, si ce n’est tout le quartier, qui passe en off – l’alimentation n’ayant pas survécu à tant de jus – en plongeant l’assistance dans le noir le plus complet. La lumière mettra 40 bonnes minutes à repartir, et le retard accumulé fera sauter la deuxième phase de groupes. Alors qu’un concours de plongeon s’organise pour les plus éveillés dans un bassin au bord du pré, un nouveau tournoi commence, celui du combat contre la fatigue, des micro-siestes et des allers-retours entre le duvet et l’herbe. Les paupières sont lourdes, le volume sonore a baissé même s’il reste le brouhaha du camping, les coups de sifflet et les annonces de match faisant office de réveil. À trois heures et demie, c’est l’heure de la fin de soirée pour le Kusto Foot de Teloché, escouade du coin qui devient la première à abandonner la compétition. À ce moment-là des festivités, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont gardé un peu de leurs forces et ceux qui flanchent.

Les écarts se creusent au classement et lorsque les poules se bouclent au petit matin sous un soleil rasant, les équipes apprennent que c’est une phase à élimination directe qui se prépare à partir de huit heures. Michel a repris place et est en forme : « C’est quand même dommage, ça mériterait une tournée générale », lâche-t-il alors que la team de Lombron, qui ne compte plus que quatre joueurs encore en état, quitte elle aussi l’aventure avant son terme. Les premiers départs ne tardent pas à intervenir, et le tableau se resserre : en finale, La Cancalaise (Ille-et-Vilaine) retrouve Mansigné. Et après une partie acharné (0-0) et une panenka envoyée dans les nuages au cours de la séance de penos, ce sont les locaux (eux aussi emmenés par un certain Charly, tiens donc) qui soulèvent le trophée et repartent avec des tours de kart gratis. Ainsi que le devoir de revenir pour une troisième édition, évidemment.

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