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On était à Sánchez-Pizjuán pour le derby de Séville

Par FM Boudet
On était à Sánchez-Pizjuán pour le derby de Séville

Si, en France, beIN Sports n’a pas jugé bon de le diffuser, le derby de Séville reste un match particulier au cours de la saison. Parce qu’il met aux prises des rivaux d’une même ville, parce que ce sont deux des meilleures aficiones d’Espagne et parce que c’est une histoire d’hégémonie.

Sur le calendrier, l’été va bientôt laisser la place à l’automne. Mais Séville n’a pas grand-chose à faire des saisons. Le soleil est écrasant et se balader en short-bermuda-pantacourt (rayez les mentions inutiles) n’est plus une faute de goût, mais une absolue nécessité. Oubliez les chemises retroussées aussi. Le cagnard n’a que faire du style. Le passage de l’air conditionné des boutiques de la gare Santa Justa au four andalou est notoire. Une seule solution s’impose : se désaltérer en terrasse. À l’Antigua Bodeguita située Plaza del Salvador, Alfonso et Francisco ont leurs habitudes. Peu importe que ce soit quatre heures de l’après-midi, les verres défilent. Alfonso, authentique maillot de Timothée Kolodziejczak sur le dos, crâne lisse et barbe taillée, sort sa carte d’abonné : « J’ai trente-trois ans, mais je suis sevillistadepuis trente-quatre ! Dès le ventre de ma mère, j’étaisrojiblanco. Je vais au stade depuis que j’ai sept, huit piges, par tradition familiale. » Rouge et blanc comme son ami, Francisco précise : « Dans une même famille, tu peux te retrouver avec quatre Sevillistaset unBéticodans une fratrie. Par exemple, mon frangin est verdiblanco, quelque chose de fou. Tu penses bien que ce soir, on ne verra pas le match ensemble ! » La discussion dévie forcément sur les finales de la Ligue Europa remportée par le club. « Unai Emery venait souvent ici » , rigole Francisco, tandis qu’il jette un œil aiguisé sur la faune féminine qui s’attable juste à côté. « Elles ne parleraient pas français ? J’adore ce pays, c’est la fleur de l’Europe. »

Pour montrer véritablement son amour du club, Alfonso remonte la jambe de son pantalon et montre un tatouage enroulant tout son mollet. Y figurent la C3, la carte de l’Europe et le visage d’Antonio Puerta, décédé en match. « Puerta, c’était un symbole sevillista, dit-il en se signant, visiblement ému. J’ai joué dans les classes inférieures du club, mais je me suis cassé la jambe. Tu ne peux pas savoir toutes les plaques de fer que j’ai. En Antonio, il y avait un peu de moi, un peu de tous les supporters du club qui rêvent de jouer pour leur club, de porter ce maillot au Sánchez-Pizjuán, de marquer. » Et Francisco de poursuivre : « Son but contre Schalke en 2006, on peut dire que c’est le début de toute l’aventure en Coupe d’Europe. D’ailleurs, lors de son décès, Schalke a rendu hommage à Puerta et adressé ses condoléances à la famille sevillista. Vraiment un grand club. » Et sinon ce match ? « Nous ne sommes pas encore convaincu par Jorge Sampaoli, explique Alfonso. Déjà pour moi, il faut jouer à quatre en défense. Après, tu peux faire évoluer en cours de match, mais cinq milieux et deux attaquants, ça fait beaucoup et on a peu d’équilibre. Sans parler des blessés en défense centrale. » Avec Rami, Carriço et Kolo forfait, la charnière s’annonce expérimentale. Contre Éibar, c’est carrément Iborra qui s’est découvert de nouveaux talents.

« Si ça leur fait plaisir… »

La saison dernière, le Betis n’a pas touché un chocolat contre son rival. Quatre matchs, aucune victoire. Bonne nouvelle pour les Verdiblancos, Gameiro et Coke, buteurs lors du dernier derby à Sánchez-Pizjuán, ne sont plus là. Surtout, avec l’émergence d’un nouveau projet sportif, les Beticos retrouvent une ambition qui les fuit depuis un bon moment. Le moment où jamais pour taper les Sevillistas et remettre la Giralda sur la place du village. Maillot rayé vert et blanc, Nils est majorquin, au porte de la majorité et il est venu de son île natale avec son pote sevillista Fabian pour son tout premier derby. « La saison dernière n’a pas été terrible pour nous, on a joué quatre derbys sans en gagner un seul (deux défaites en Copa, un nul à domicile, une défaite) » , dit-il sous le regard amusé de son ami qui attend impatiemment les bus des deux équipes. Pendant que fusent les « Betis a Segunda » , Benito, soixante-douze ans, mais bon pied bon œil, évoque ses souvenirs de « Betico de toda la vida » avec un brin de nostalgie, à tel point que cela ressemble à un soliloque : « Il y a trente ans, il y avait plus de respect dans le jeu que maintenant. Et puis, les joueurs portaient le maillot de leur équipe, ils avaient la fibre. La rivalité Betis/Sevilla, c’est juste du football, il faut relativiser. La moitié de la ville est pour le Betis, l’autre pour Sevilla, ça dépend des endroits. Que le meilleur gagne. Parce qu’une seule chose est sûre en football : la meilleure équipe, celle qui veut le plus, c’est celle qui l’emporte. »

À une heure du coup d’envoi, c’est bien simple, c’est une marée rouge et blanc qui entoure Nervion. La calle Benito Mas y Prat est bondée. Javier et son groupe d’amis boivent des coups. Ça discute, ça rigole. L’ambiance est des plus détendues. « Dans chaque famille, il y a un beau-frère, un cousin qui est pour le rival. Toute la semaine, on s’est cherchés. On se chambre pas mal avant, mais surtout après. Les Béticos pensent qu’ils sont les plus nombreux ? Bah… si ça leur fait plaisir. Ce qui est sûr, c’est que les titres sont chez nous, alors ils essaient de se rassurer. »

Ambiance de feu

Le derby sévillan à Sánchez-Pizjuán, c’est ce bruit qui vous assaille et fait trembler votre siège. Les Biris Norte font monter la pression. Le stade se remplit petit à petit. Sous la tribune de presse, impossible de se parler à trois mètres. Le match est rugueux. « Poco futbol » comme disent les Espagnols. Le public vocifère, hurle, soutient son équipe. Les sifflets et les chants résonnent de manière incroyable. Le parcage verdiblanco n’est pas en reste. Ah oui, il y a un parcage, ici c’est normal… Sur le pré, les Palanganas font le jeu, laissant peu d’opportunités au Betis. Même si Adán n’a pas souvent l’occasion de se mettre en évidence, Séville insiste, sans pour autant trouver la faille. C’est la meilleure période de leur saison, avec la deuxième mi-temps contre Las Palmas. Avec Vitolo, Nasri, Vázquez et Nzonzi, Sampaoli a trouvé son quatuor autour duquel il doit bâtir son collectif. Juste avant l’heure de jeu, Mercato inscrit un but tout moche, mais qui libère le stade qui n’en pouvait plus d’attendre. La crispation laisse place à la libération. Cette ouverture du score a le mérite de réveiller les hommes de Gustavo Poyet mais, à l’image de la saison dernière, les Verdiblancos sont un ton en dessous de leur rival. Le but injustement refusé pour hors-jeu quelques secondes après reste un soubresaut et servira à masquer l’incapacité bética à produire du jeu. Des frappes lointaines, peu de tranchant et surtout une mainmise claire et nette de Séville. Ce n’est pas du football spectacle, mais ça a le mérite de prendre des points. Le projet Sampaoli continue d’avancer, même s’il n’est pour le moment pas à la hauteur des attentes. À l’inverse, le Betis nouvelle version demeure chaotique. Au coup de sifflet final, le stade explose, exulte, chante à pleins poumons et gorges déployées. Le derby reste palangana. Encore une fois.

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