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On était à l’école de football de Pauleta à Amiens

Par Alexandre Doskov, à Amiens
On était à l’école de football de Pauleta à Amiens

L'intitulé semble incroyable, mais Pedro Miguel Pauleta a bel et bien ouvert une école de football à son nom à Amiens, en Picardie. Depuis la rentrée, ses élèves se pressent pour y recevoir une aide aux devoirs, avant de filer s'entraîner. Avec en bonus, l'Aigle des Açores qui déploie parfois ses ailes jusqu'à Amiens pour jeter un œil à son édifice.

Dans la cour de récréation, un gamin d’une dizaine d’années un peu plus grand que les autres profite de son gabarit pour éliminer les défenseurs. Après un ou deux crochets un peu trop appuyés, et surtout quelques bons coups d’épaule, il se présente seul face à un but constitué de deux manteaux, et bourrine sa balle en mousse. Fier comme un paon, il s’en va célébrer son but, mais l’institutrice en a assez vu. En un coup de sifflet, elle lui indique la fin du match et le fait rentrer dans le rang. Il est 17h30 au centre scolaire La Providence d’Amiens – « La Pro’ » pour les intimes –, et le buteur est invité à retourner en cours. Une fois les lieux vidés des derniers élèves, Dario Moreira sort de l’immense bâtiment pour rejoindre Benoît et Gaëtan, deux de ses coachs, avec qui il discute brièvement de l’entraînement à venir : « Aujourd’hui, c’est jeu, ok ? Mais on verra ça plus tard, pour l’instant on les laisse travailler. » Un demi-tour plus tard, Dario entre à nouveau dans La Pro’ et se faufile sans hésiter parmi les innombrables couloirs. C’est que La Providence est une sacrée boutique. École maternelle, primaire, collège, lycée, le tout logé dans un gigantesque édifice au sud de la ville, où Emmanuel Macron a étudié et rencontré sa future épouse. Et depuis septembre, c’est là que Pedro Miguel Pauleta a ouvert son école de football, la deuxième après celle fondée en 2004 chez lui aux Açores. La légende du PSG qui ouvre une école de foot à son nom à Amiens, en Picardie, le postulat semble improbable. Et pourtant, depuis la rentrée, soixante-sept élèves ont rejoint les rangs.

Pauleta l’inconnu

Les gamins sont jeunes, et certains étaient à peine nés quand Pauleta flambait en Ligue 1. Mais Malo, gardien de but de onze ans, jure que le Portugais n’a aucun secret pour lui : « Oui, je le connaissais. J’ai même un maillot de lui au PSG dans ma chambre. » Benoît, l’entraîneur, se souvient lui des questions de certains gosses un chouia moins informés : « Il y en a qui ne savaient pas qui c’était, qui pensaient que c’était moi Pauleta ! » C’est par exemple le cas de Kévin, lui aussi onze ans, qui commence à réciter sa fiche sans sourciller : « C’était un footballeur, très connu » , avant de s’enrayer : « qui… qui… » « J’ai compris qu’il était portugais » , conclura Pierre-Antoine. Pauleta, lui, préfère en rire et savourer : « C’est étonnant de voir autant d’enfants si jeunes qui me connaissent. Leurs parents y sont pour quelque chose, c’est certain ! » Car les enfants en question sont entre le CP et la 6e, et beaucoup ont découvert Pauleta pour la première fois quand il est venu à la Providence le 19 septembre dernier pour le lancement de l’école. Et si le double meilleur buteur de Ligue 1 a choisi de planter son drapeau ici, c’est d’abord grâce à Dario, l’homme qui chapeaute le projet. Né au Portugal, il arrive en France à six mois et ne retournera pas au pays avant ses trente et un ans, ce qui ne l’empêchera pas de faire venir en France un petit morceau de Portugal. Entrepreneur dans l’âme, Dario ouvre en septembre 2015 un magasin Sport Zone, l’une des plus grosses chaînes de magasins de sport au Portugal et en Espagne, dans sa ville d’Amiens. Pour l’ouverture de sa première boutique en France, Sport Zone veut que la fête soit belle, et lui propose de faire venir un footballeur.

Des maths avant le ballon

« Ils m’ont proposé Figo, mais j’ai demandé Pauleta » , se souvient Dario, « C’est quand même un joueur du PSG qui arrivait à se faire applaudir à Marseille ! » Le jour de l’inauguration arrive, et plus de 2000 personnes se pressent devant les portes du magasin. Un succès qui est aussi la genèse du projet d’école. Pauleta, qui n’était jamais venu à Amiens, reste quelques jours sur place, et apprend à connaître son hôte : « De la rencontre avec Dario est née une amitié, on a appris à se connaître, on partage les même valeurs. Et seulement après on a eu envie de monter un projet ensemble. » Sur le modèle de l’école qu’il a ouverte au Portugal, Pauleta et Dario imaginent un tel projet à Amiens, et le chantier avance vite. À la rentrée 2016, tout est prêt et les quelques dizaines d’élèves inscrits se rendent chaque semaine à la Providence pour une séance d’aide aux devoirs, suivie d’un entraînement. Divisés par catégories d’âge, les gamins – filles et garçons mélangés – planchent sur leurs travaux scolaires avant de rejoindre les terrains. Dans les salles mises à disposition par la Pro’, l’ambiance est studieuse, juste dérangée par quelques ambitieux déjà prêts pour leur première interview : « T’es journaliste ? Elle est où ta caméra ? Tu pourras m’interroger ? » Pour encadrer la bande, deux étudiantes en licence de biologie, mais aussi Nicolas, dix-neuf ans et étudiant en ingénierie en génie civil, le fils de Dario. Athlétique, cheveux courts et allure de jeune pompier, il enfilera tout à l’heure son costume de coach pour l’entraînement. Mais pour l’instant, il passe entre les rangs pour aider à résoudre un calcul par-ci, et appliquer un théorème par-là.

Pedro le Picard

Le passage par la case devoirs est obligatoire pour les élèves, qui n’auront le droit de chausser leurs crampons qu’après une heure passée à se creuser les méninges, l’une des règles fondamentales de l’école. Les devoirs réglés, deux étages plus bas, c’est la cohue dans les vestiaires. L’entraînement va enfin démarrer, toujours sur les terrains de la Providence, et les mômes enfilent leur tenue floquée « École de football Pauleta » avec sur le torse le logo du Crédit Agricole, partenaire de l’école, qui a débloqué des fonds pour qu’elle puisse naître et fonctionner. Un peu de cours, puis du football, le principe du centre de formation ? Pour Dario, pas vraiment : « On est complémentaires des clubs, certains de nos joueurs jouent déjà dans une équipe. » C’est le cas de Malo, le gardien. « Chez moi, entre la douche, le pyjama, le dîner, je n’ai pas toujours le temps de faire mes devoirs » , confie-t-il, avant de retourner sur le terrain envoyer une double parade. Un credo martelé par Pauleta himself : « Je suis content que les enfants adhèrent si bien à notre école. Nos valeurs, ce sont l’éducation et le dépassement de soi. L’école et le foot sont aussi importants l’un que l’autre dans ce projet. » Car l’Aigle des Açores ne se contente pas de poser son nom sur les maillots. Investi, il est en contact régulier avec Dario et passe désormais par Amiens dès qu’il le peut : « Je ne connaissais pas Amiens avant l’inauguration du magasin, mais j’y suis très bien accueilli. Je les remercie, les gens sont très sympas ! » La suite ? Que le message passe, et accueillir encore plus d’élèves l’année prochaine, pour commencer. Pauleta n’a pas fini de produire des aiglons.

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Par Alexandre Doskov, à Amiens

Tous propos recueillis par AD

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