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On est allé voir à quoi ressemblait Consolat

Par Romain Canuti, à Marseille
On est allé voir à quoi ressemblait Consolat

Le petit club des quartiers nord de Marseille commence à faire parler de lui, prenant de plus en plus ses aises sur le podium de National. De quoi créer une alternative à l'OM dans la ville ?

C’était un petit plaisir des Parisiens. Ceux qui ne se retrouvaient plus dans le nouveau PSG pouvaient toujours aller s’encanailler en tribunes dans les divisions inférieures avec Créteil, le Red Star ou encore le Paris FC. Dans le football vrai, comme on dit. Le phénomène observé depuis quelques années est en train de faire des émules à Marseille. Si la gestion Labrune exaspère un grand nombre de Phocéens, aujourd’hui résignés, il y a désormais de quoi vibrer avec Consolat, le club des quartiers nord, en National depuis deux ans. L’occasion était belle, avec la réception de Chambly la semaine dernière, d’aller voir ce que ça donne.

Kebabs et selfies avec René Malleville

Pour cela, il faut se rendre à l’extrémité de la ville, bien au nord. « Après le rond-point des kalachnikovs, vous passez tout droit entre les tours où ça deale et c’est là » , comme l’avait un jour décrit en plaisantant le truculent président du club, Jean-Luc Mingallon, à son homologue de Moulins qui venait aux renseignements avant un déplacement en Coupe de France. Si, évidemment, le cliché ne se vérifie pas, le stade de la Martine reste bien perché. Juste à côté de l’autoroute qui mène à Aix, avec une seule tribune au béton glacé. Le seul avantage géographique, c’est la proximité avec Saint-Antoine, véritable Mecque des kebabs dans le Sud-Est de la France. Contre Chambly, il y a plus de monde qu’à l’accoutumée : ils sont près de 400. On y trouve de tout : des jeunes du quartier, la troupe derrière le mouvement « Bielsa no se va » , des arbitres de petites divisions et même René Malleville. Le supporter inconditionnel de l’OM traîne sa chevelure mythique à tous les matchs. Du coup, on trouve aussi en tribunes des fans qui avalent des kilomètres plus pour prendre un selfie avec lui que pour regarder le match. Niveau ambiance, c’est donc plutôt calme et bon enfant. Pas plus mal, remarque, pour tordre le coup aux idées reçues sur l’accueil coupe-gorge.

Gigliotti et le derby de Milan

Le piège, qui fait que Consolat, plus petit budget de la division, est aujourd’hui sur le podium, c’est sur le terrain qu’il est proposé. Et il n’est question que de football. Nicolas Usaï, pendant des années adjoint de Pasqualetti à Istres, est parvenu à convaincre ses joueurs que leur salut passait par un pressing de dingue pendant 90 minutes. Comme l’effectif est à la base composé d’éléments portés sur la technique, le mélange permet au bloc-équipe de proposer un jeu plutôt bien léché. On trouve dans l’équipe des recalés du centre de formation de l’OM revanchards, les cadres de la sélection des Comores, dont la diaspora est solidement implantée dans la cité phocéenne, mais aussi un top player devant sans qui rien ne serait possible. Il s’agit d’un ancien pro, David Gigliotti. Formé à Monaco, l’attaquant avait claqué un beau ciseau, mais n’avait jamais vraiment éclaté malgré des passages à Troyes, Saint-Étienne ou Ajaccio. À Consolat, quand il parvient à contenir ses nerfs, il est impressionnant. « Je vois beaucoup d’attaquants de Ligue 1 qui n’ont pas son niveau » , fait remarquer en tribunes Jean-Michel Rouet, ancien journaliste phare à L’Équipe aujourd’hui vice-président de Chambly. Impliqué sur les trois buts, il permet ce vendredi à son équipe de s’imposer 3-2. Ce qui fait plutôt plaisir à son président, toujours en survet du Milan AC, alors que la formation venue de l’Oise a calqué son logo sur celui de l’Inter.

Pied de nez à l’OM ou destin à la Arles-Avignon ?

Cette victoire fait surtout plaisir car elle permet au club de rêver à l’impossible en fin de saison : Consolat est désormais second, à un point de Strasbourg avec cinq unités d’avance sur le quatrième. Le coach ne veut pas en entendre parler, rappelant le calendrier où tous les gros vont se présenter désormais, et les quinze rencontres encore à disputer. Mais dans la tribune, dans les dernières minutes, les spectateurs avaient tous leurs portables dans la main pour checker les autres scores. Certains rêvent d’une montée en Ligue 2, de jouer les rencontres au Vélodrome, un formidable pied de nez à la direction actuelle de l’OM, qui a toujours écarté toutes formes de partenariat. D’autres ne sont pas si enthousiastes. « Il faut savourer maintenant, c’est encore le temps de l’innocence, je sais de quoi je parle » , soupire par exemple un supporter venu d’Arles (dont le club est aujourd’hui liquidé après des montées successives, une fusion avec Avignon et un passage-éclair en Ligue 1 en 2011). En attendant, en cas de montée de Consolat, il y aura l’opportunité de créer « un vrai classique » avec les matchs contre le Red Star.

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