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On a assisté au derby Paris FC-Red Star

Par Nicolas Jucha
On a assisté au derby Paris FC-Red Star

Un match moyen, un stade à moitié plein, mais une vraie ambiance de football. On était au derby parisien à Charléty ce samedi.

Un groupe d’une trentaine de jeunes squattent devant une sandwicherie et un restaurant-bar aux abords de Charléty. Sans maillots de football, mais visiblement avec le sentiment de devoir montrer leur force. Un peu plus loin, un autre groupe est en approche : « Les filles, vous rentrez à l’intérieur, nous on tient le bar ! » Finalement, la « bande rivale » passe suffisamment loin pour ne pas attirer l’attention des CRS déployés autour du stade. Seul un individu isolé, qui se permet de répondre à une provocation, se prend un méchant coup de pression de cinq courageux gaillards qui lui tombent dessus. Inutile de dire qui est pour le Paris FC, qui pour le Red Star, le match est dans une heure à peine et seuls les forces de sécurité ont leurs couleurs visibles. À l’intérieur de l’enceinte de l’avenue Pierre de Coubertin, il n’y a pas foule : une moitié à peine du stade est occupée, de l’autre côté, une centaine de supporters du Red Star a déjà installé ses drapeaux. Ce sont d’ailleurs eux qui mettent l’ambiance à un quart d’heure du coup d’envoi, sans réplique du camp opposé. Le speaker tente tant bien que mal de booster tout le monde à l’annonce des équipes, c’est dur de chauffer des supporters qui ne sont pas encore là. Quelques jours avant ce tant attendu derby, Pierre Ferracci, président du Paris FC, se voulait pourtant confiant quant au pouvoir de séduction des deux entités : « Le Paris FC, comme le Red Star, ce sont de vraies marques, on intéresse quand même les partenaires. » Mais bon, comme le dit un vétéran de la rédaction sportive de France Télévisions en tribune de presse, « si on était à Londres, le stade serait plein. Ici, cela sonne quand même creux. »

Duels entre supporters

Ce qui n’implique par pour le président du PFC que les présences conjuguées de son club, du Red Star et de Créteil en Ligue 2 soient une anomalie : « On ne va pas comparer Paris à Londres, mais si on pouvait avoir 3 ou 4 clubs parisiens en Ligue 1, ce ne serait pas mal. Quatre clubs en Ligue 1 et Ligue 2, c’est déjà plus conforme aux statistiques, puisque 10 à 15% des effectifs de licenciés de la FFF sont dans le bassin parisien. » Lui aussi contacté en amont de la rencontre, le directeur sportif du Red Star Steve Marlet partage une vision optimiste, persuadé que « le soutien va aller croissant » . Mais pour lui, il faudrait aussi que les pouvoirs publics facilitent les choses, « notamment pour le stade Bauer, tant qu’ils ne prennent pas de décision, on est obligés de jouer à Beauvais. » Cette délocalisation explique peut-être pourquoi les supporters du Red Star ont été ponctuels et mettent l’ambiance au début d’un match dont les U12 du Paris FC, troisièmes de la Danone Cup, ont été invités à donner le coup d’envoi. Il faut dire que ce côté réservoir de jeunes talents, c’est le credo du PFC. « Vinci a été séduit par ce côté formateur » , assure Ferracci. Dans les tribunes, il faut attendre la 10e minute pour entendre les supporters du PFC, avec les traditionnelles amabilités : « Red Star, Red Star, on t’encule ! » De l’autre côté du stade, les visiteurs sont désormais un demi-millier et répliquent « ici on est chez nous » . Sur la pelouse, le premier quart d’heure a déjà donné une idée des limites techniques alliées à la bonne volonté des deux équipes. Le vrai premier frisson vient du numéro 10 du Red Star Sliti, qui envoie une belle frappe que Thébaux détourne en corner (6e). Trois minutes plus tard, le portier du PFC s’impose devant Makhedjouf, à la conclusion d’une belle combinaison. Si le duel des supporters s’est rééquilibré, entre les deux équipes, c’est clairement le Red Star qui domine sans réussir à trouver la faille en première période.

« On a renforcé nos fondations » Pierre Ferracci, président du Paris FC

Au retour des vestiaires, les hommes d’Almeida sont accueillis par une bronca des deux kops du PFC. Pas suffisant pour les déstabiliser, Makhedjouf manquant de quelques centimètres d’ouvrir le score à la 52e. À force de perdre du terrain et de s’appuyer sur le jeu long de Romain Grange, les locaux se font punir à la 86e sur un but de N’Gakumol, bien servi par Sliti. Si l’ouverture du score est méritée, et que la tribune verte et rouge explosent de joie, les supporters du PFC n’en continuent pas moins de pousser jusqu’à ce que dans les arrêts de jeu, l’entrant Bahamboula ne manque d’égaliser de la tête pour la première et seule grosse occasion de son équipe. Au coup de sifflet final, les joueurs du Red Star s’en vont célébrer avec leurs fans comme s’ils venaient de remporter un trophée. Un derby parisien, même en Ligue 2, cela se fête. Bien calé en haut de tableau, le Red Star est parfaitement engagé pour sa mission maintien et peut voir venir. Quant au Paris FC, relégable, il va devoir cravacher, et décrocher des victoires rapidement. Mais pour son président Pierre Ferracci, le travail du PFC ne dépend pas que des résultats de son équipe première : « Ce n’est que le haut de la pyramide, on a renforcé nos fondations, et toutes nos équipes de jeunes sont en niveau national. On vise la montée en 2019 et on veut bâtir un projet axé sur la formation des jeunes. Plus on sera haut, et plus on pourra garder les excellents jeunes que l’on forme. » Déjà soutenu par Vinci, l’homme fort du Paris FC assure que « d’autres gros partenaires » vont le rejoindre. Ses hommes feraient quand même bien de glaner suffisamment de points pour assurer le maintien, car même des fondations solides, un club de National, c’est moins sexy qu’un club de Ligue 2.

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