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OM : l’opération suicide

Par Steven Oliveira, au Parc des Princes
OM : l’opération suicide

André Villas-Boas l'avait annoncé : l'OM allait monter sur Paris avec l'ambition de jouer. Et force est de constater que le Portugais est un homme de parole. Sauf que sa tactique s'est vite montrée suicidaire et a provoqué la chute de ses poulains au Parc des Princes (4-0).

Arrivé en France cet été, André Villas-Boas maîtrise déjà à la perfection la langue de Molière. Alors, lorsque le Portugais utilise le terme « fier » pour parler de ses joueurs en conférence de presse, il sait ce qu’il dit. Et ce, même si ses hommes se sont fait exploser par le Paris Saint-Germain quelques minutes plus tôt sur la pelouse du Parc des Princes (4-0). Faut-il alors y voir une once d’ironie lorsque AVB déclare être « fier de ses joueurs » ? Absolument pas. Car les Marseillais ont finalement exécuté jusqu’à la dernière seconde le plan demandé par l’ancien coach de Porto. Et tant pis si celui-ci les a envoyés dans le mur.

Droit dans le mur

Il existe deux manières de venir jouer au Parc des Princes lorsqu’on est une équipe de Ligue 1 : parquer le bus ou tenter de jouer. Et, alors que la majorité des équipes optent pour la première solution, André Villas-Boas a lui choisi celle qui avait réussi au Stade de Reims (0-2). Sauf que l’équipe en face n’était pas exactement la même. Que ce soit au niveau des joueurs (seuls Navas, Herrera, Bernat et Kimpembe étaient titulaires parmi ceux qui ont débuté face à l’OM), mais surtout au niveau de l’attitude. Résultat, l’envie de relancer proprement et le pressing tout-terrain des Marseillais se sont vite montrés contre-productifs. À l’image du quatrième but parisien, où les coéquipiers de Marco Verratti profitent des espaces laissés par les Olympiens, alors en mode pressing haut, pour piquer un contre qui part de Keylor Navas et qui arrive sur Kylian Mbappé en trois passes. Pourtant, tout n’est pas à jeter dans cette rencontre de l’OM qui aurait pu avoir un scénario différent si Valère Germain n’avait pas envoyé son ballon en tribunes quelques secondes avant l’ouverture du score de Mauro Icardi. Les Marseillais peuvent même se targuer d’avoir dominé la seconde période (9 tirs à 3). Même si cela est aussi dû à une baisse de régime des Parisiens. Oui, mais voilà, le constat est implacable : c’est la première fois que Paris marque plus de deux buts en première période dans un Classique. Et ça pique.

Lille et Lyon dans le viseur

Mais la question est la suivante : le résultat aurait-il été le même si l’OM n’avait pas tenté cette tactique qui s’est avérée suicidaire ? Impossible à savoir. Alors oui, Marseille est déjà venu faire un nul en parquant le bus en octobre 2016 (0-0). Mais l’OM a aussi pris une valise en Coupe de France deux ans plus tard (3-0) et une autre en mars dernier (3-1), en ne proposant pas grand-chose dans le jeu. Finalement, le problème d’André Villas-Boas sur ce match n’est pas tant la tactique utilisée – qui est même plutôt appréciable sur le principe -, mais la communication en amont. En minimisant l’importance de la rencontre ( « Ce n’est pas un match qui compte trop pour moi » ), le Portugais n’a pas réussi à transcender ses joueurs pour l’évènement. Des joueurs qui se sont montrés bien trop discret sur le plan de l’engagement, avec notamment deux petites fautes commises en première période. Même si AVB ne partage pas forcément ce point de vue : « On peut inventer ce que l’on veut. Mais il y a beaucoup de qualités en face et c’est même difficile de faire des fautes. »

Et, comme avant la rencontre, André Villas-Boas a répété que le plus important reste les deux matchs qui arrivent face à Lille et Lyon au Vélodrome. Ceux « contre les équipes de notre Championnat » . Et finalement, ce Classique n’était pour AVB qu’un match de préparation, où le but était alors de tenter quelques coups tactiques. À l’image de l’envie de jouer le hors-jeu : « C’est de ma faute, je suis responsable. On a essayé de bien jouer le hors-jeu, mais Verratti a réussi à battre notre alignement. Après, ils sont rapides, intelligents dans les espaces. On a travaillé le hors-jeu cette semaine, et on a pris deux buts comme cela. » Traduction : dommage que Bouna Sarr – fautif d’un mauvais alignement sur trois des quatre buts du PSG – n’ait pas écouté les consignes à l’entraînement. Mais que les supporters de l’OM se rassurent, ce match a finalement prouvé la symbiose entre les joueurs et leur coach qu’ils ont écouté jusqu’au bout, et ce, malgré le désastre.

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