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ACTU MERCATO

Olivier Sadran, l’homme qui dit non

Par Alexandre Pedro
Olivier Sadran, l’homme qui dit non

Il l'a encore prouvé en tenant tête à Marseille dans le dossier Ben Yedder, Olivier Sadran est un négociateur à qui on ne l'a fait pas. Intraitable ou borné, le président du TFC n'est pas la bonne personne à défier au bras de fer pendant un mercato.

« J’en ai marre de jouer au marchand de tapis. » Roland Romeyer garde un souvenir douloureux des négociations lors du transfert de Franck Tabanou à Saint-Étienne. La faute à un Olivier Sadran pas décidé à lâcher son international espoir en dessous de 5,7 millions d’euros quand les Verts en proposent « seulement » 5,5. Une broutille de 200 000 euros, sauf pour le boss du TFC pas du genre à arrondir à la baisse pour faire plaisir à un homologue président. Romeyer peut encore s’estimer heureux, il a fini par arracher un oui. Une performance pas donnée à tout le monde. Ils sont quelques-uns en effet à avoir découvert le sens profond du mot « inflexible » lors de négociations avec le roi de la restauration aérienne. Au milieu de sa partie géante de Football Manager, Vincent Labrune a bien tenté le coup pour attirer un Wissam Ben Yedder dans la dernière ligne droite du marché des transferts. Sur un malentendu… Sauf que le président de l’OM a essuyé un râteau prévisible. Sur les coups de 23h, Sadran prévient que son buteur ne quittera pas les bords de la Garonne. Et tant pis si après ses envies d’escapades andalouses du côté du FC Séville, Ben Yedder se voyait déjà au Vélodrome, il n’est pas le premier retenu contre son gré. Ni le dernier…

Après cinq ans et 49 buts pour les Violets, l’attaquant pensait pourtant bien tenir son bon de sortie. Encore fallait-il qu’il soit poinçonné par son président. « Si une grande équipe le veut pour un prix qui nous convient, il partira, sinon, il a un contrat de longue durée chez nous et la probabilité qu’il soit chez nous la saison prochaine est largement supérieure à 70% » , prévenait ce dernier en mai. Pourtant, quand Séville gratte à la porte avec un chèque de 9 millions, le joueur s’y voit déjà, mais le compte n’y est pas pour Olivier Sadran pas décidé à lâcher en dessous de dix. Échaudés, les dirigeants andalous lâchent l’affaire et l’un d’entre eux taille sur le site de RMC Info les méthodes toulousaines. « On nous a parlé comme si on était un club de seconde zone européenne. On est champion d’Europe, on traite avec les plus grands clubs européens. On nous a demandé de fournir des garanties bancaires ubuesques alors qu’il n’y avait même pas d’accord. » Pas de quoi empêcher Sadran de dormir a priori.

Gignac, Mathieu, Sissoko, même combat

Irréprochable dans son comportement et ses performances avant sa petite bouderie à Rennes samedi dernier, Ben Yedder écrivait sur son Twitter après ce départ avorté pour Séville : « La patience a beaucoup plus de pouvoir que la force. » D’autres avant lui ont dû faire preuve d’une grande patience avant d’obtenir leur transfert. Été 2009, Jean-Michel Aulas tente une OPA plus ou moins amicale sur André-Pierre Gignac, tout frais meilleur buteur du championnat. Mais celui qu’on surnomme encore le « petit Aulas » montre les crocs et dégaine un des communiqués dont il a le secret pour répondre au président de l’OL. « Nous comprenons, en matière de communication, la nécessité pour vous, après le départ de Juninho et de Karim Benzema, de mettre en avant plusieurs pistes. Cette technique par le passé a sans doute fait ses preuves, mais dans le cas présent, n’a aucune chance d’aboutir. Nous vous demandons donc de prendre acte qu’André-Pierre Gignac n’est pas à vendre. »

Un an plus tôt, Jérémy Mathieu ratait son évasion du Stadium malgré les demandes pressantes de la Roma ou de Bordeaux. Plutôt qu’une opération financière intéressante, Sadran préfère alors garder un de ses cadres pour reconstruire après une année galère. « Nous avons basé beaucoup de choses sur Jérémy, qui est le plus gros transfert de l’histoire du TFC (5 millions d’euros, ndlr),nous sommes attachés à l’homme, au joueur et à ses valeurs. » Le gaucher ira au bout de son contrat avec le TFC et sera un élément décisif de la saison surprise du club (4e avec 61 points) avant de rejoindre libre Valence. À cette occasion, Sadran a démontré qu’il est capable de s’asseoir sur plusieurs millions d’euros par principe.

« Si on laisse partir des joueurs sans vendre, ces gens-là perdront leur emploi »

Dans sa logique, l’intérêt du joueur passe toujours après celui d’un club qu’il a récupéré au bord de la faillite en 2001. Alors quand Moussa Sissoko cherche à partir libre en 2013, le patron prévient : « Moussa a trois choix : prolonger au TFC, partir cet hiver ou rester sur le banc jusqu’en juin. » L’intéressé optera pour un départ à Newcastle contre une indemnité de 2,5 millions à six mois de la fin de son contrat. Dans un entretien à So Foot, il se justifie : « Quand Moussa veut partir gratuitement à Newcastle, je lui montre le centre de formation où il a passé des années. Je lui explique qu’il y a des employés qui gagnent entre 2 000 et 5 000 euros. « Si on laisse partir des joueurs sans vendre, ces gens-là perdront leur emploi. » » Ben Yedder aura peut-être droit à la même visite, lui qui est arrivé dans la peau d’un international de futsal inconnu. Cinq ans après, il représente la seule vraie valeur marchande d’un club pas toujours inspiré depuis trois saisons dans ses achats, notamment avec sa filière de l’Est très low-cost. Entre Veškovac, Furman ou Grigore, sans parler des choix discutables des gardiens, Olivier Sadran a peut-être perdu certaines occasions de dire non.

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