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Olivier Frapolli : « Quand j’amène ma fille à l’école, je vois des gamins avec le maillot de Laval »

Propos recueillis par Tom Binet

Fort de huit succès consécutifs à domicile depuis avril, Laval est passé d'un maintien arraché à l'ultime seconde début juin à un début de saison canon. Analyse de la réussite du leader mayennais avec son architecte, Olivier Frapolli.

Malik TCHOKOUNTE of Laval and Sidiki CHERIF of Angers during the French Ligue 2 BKT soccer match between Laval and Angers SCO at Stade Francis-Le Basser on August 5, 2023 in Laval, France. (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport)
Malik TCHOKOUNTE of Laval and Sidiki CHERIF of Angers during the French Ligue 2 BKT soccer match between Laval and Angers SCO at Stade Francis-Le Basser on August 5, 2023 in Laval, France. (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport)

Est-ce que vous vous attendiez à faire un aussi bon début de saison ?

Ce serait mentir que de dire qu’on s’attendait à être premiers après 7 journées avec déjà 16 points. On a fait une bonne préparation, on a été actifs sur le recrutement très tôt pour avoir à 80% l’effectif présent à la reprise. On avait un peu anticipé les choses, même si notre situation a fait qu’on a attendu le dernier moment pour être actifs sur le recrutement. On avait terminé très fort la saison et on a bien redémarré. On est dans une forme de continuité et on prend ça avec beaucoup de bonheur et d’humilité.

Vous insistez beaucoup sur cette préparation. Concrètement, qu’est-ce que vous avez mis en place pendant l’été ?

On n’a rien fait de très différent de ce qu’on a l’habitude de faire, l’année dernière on avait plutôt bien démarré sur les premiers matchs également. Je pense que la clé a été notre activité dans le recrutement, on a quand même eu treize départs pour neuf arrivées. On a fait ça très vite grâce à un bon retour des joueurs contactés. Ça a été plus facile que la saison précédente où on était promus, et on l’a bien ressenti.

Rémy Labeau-Lascary, qui est arrivé de Lens, a trouvé beaucoup de similitudes entre les deux clubs, dans des proportions différentes. Il y a une grosse chaleur avec nos supporters, on est loin des problèmes que certains clubs peuvent rencontrer.

Olivier Frapolli

Vous aviez ciblé quel type de profils de joueurs ?

On voulait rajeunir l’effectif parce que l’année dernière, on avait déjà un effectif à plus de trente ans de moyenne, qui était le plus vieux de la division. On voulait également de la vitesse et de l’expérience aux deux extrémités, dans les buts et comme attaquant avec les arrivées de Malik (Tchokounté) et Mamadou (Samassa). Il n’y a rien eu d’exceptionnel pour que tout le monde s’intègre bien. Chez nous, le projet est tout aussi important que le sportif, et je pense que ça commence à faire écho au sein du championnat. On attire des joueurs qui ont cette nécessité d’être dans un environnement bienveillant, qui ne peut pas convenir à tout le monde. Laval est aussi une ville paisible, où il fait bon vivre.

Vous mentionnez votre volonté de rajeunir l’effectif, après avoir aligné six trentenaires dans votre XI lors des derniers matchs. Était-ce une volonté de votre part d’avoir un effectif avec un maximum d’expérience ?

Six trentenaires, pour nous, ce n’est pas beaucoup. L’année dernière, parfois, on en avait dix. On a fait le choix de l’expérience pour sortir du National, ça part d’une bonne connaissance du championnat. Quand on est le Stade lavallois dans le championnat de National, il faut assumer le statut de favori et gérer la pression. Les joueurs qui ont fait l’accession nous ont accompagnés l’année dernière, et ensuite, on a souhaité mettre des joueurs avec une grosse connaissance de la Ligue 2 à des postes importants et rajeunir à côté pour créer une bonne alchimie.

Vous êtes sur une série de huit victoires consécutives à domicile. Comment expliquez-vous cette dynamique, en particulier à Le Basser ?

La saison dernière, il y a eu un match contre Sochaux qui a été un peu un déclic (première victoire de la série, NDLR), le stade était plein et ensuite on a gagné les trois suivants à domicile et terminé très fort la saison, en particulier avec cette victoire à Amiens à la dernière seconde. Finalement, il s’est passé peu de temps entre la fin du championnat le 2 juin et la reprise, on a démarré par un derby contre Angers dans un stade à guichets fermés et on a retrouvé les mêmes ingrédients, la même ferveur. Les nouveaux joueurs étaient aussi en quête de cette chaleur. Rémy Labeau-Lascary, qui est arrivé de Lens, a trouvé beaucoup de similitudes entre les deux clubs, dans des proportions différentes. Il y a une grosse chaleur avec nos supporters, on est loin des problèmes que certains clubs peuvent rencontrer. On défend nos couleurs et notre territoire avec beaucoup d’énergie, et les nouveaux se sont vite imprégnés de cet état d’esprit.

Venir à Le Basser est devenu un moment incontournable dans la vie des Mayennais.

Olivier Frapolli

Cela se ressent-il au quotidien dans la ville ?

Ça a pris une grande ampleur. On voit beaucoup de gens se balader avec le maillot dans la semaine. Quand j’amène ma fille à l’école, je vois des gamins avec le maillot du club. Quand je suis arrivé en 2019, ce n’était pas du tout le cas. Ces deux dernières saisons, avec des émotions très hautes dans le bon comme le moins bon avec une montée et un maintien acquis à la dernière seconde, ont ravivé la flamme. Comme c’est un territoire de foot, venir à Le Basser est devenu un moment incontournable dans la vie des Mayennais. C’est une grande fierté pour moi de voir qu’on remplit le stade à tous les matchs.

Vous avez gagné vos trois derniers matchs dans les dix dernières minutes en renversant notamment Caen, puis Guingamp. C’est quoi le secret de ces fins de match folles ?

Si j’avais un secret, croyez-moi que je l’aurais breveté. (Rires.) Il y a des spirales positives, on connaît tous ça dans le sport. Le mérite en revient aux joueurs, qui ne renoncent jamais, l’équipe est très combative. Contre Caen, ce sont deux jeunes joueurs qui vivaient leur premier match de Ligue 2, Loïs Martins et Noa Mupemba, qui ont débloqué la situation, et c’est tout un symbole. Encore une fois, cet état d’esprit, on le cultive depuis trois saisons et on en tire les profits aujourd’hui.

 

À titre personnel, comment définiriez-vous votre philosophie de jeu ? Comment aimez-vous voir jouer vos équipes ?

J’aime bien que mon équipe propose un football vertical, je suis plutôt sensible au football joué avec intensité où on arrive à se projeter assez vite vers le but. Mais il faut aussi se rendre à l’évidence et avoir conscience de ce qu’on peut faire dans une division. Chaque entraîneur a ses convictions, mais est-ce qu’on peut les mettre en place ? Par exemple, l’année dernière, Le Havre a bâti un projet basé sur la possession, et ils se sont rendu compte qu’en Ligue 1, ce n’était pas fait pour eux à ce niveau-là. Pour l’instant, ils ont opéré un changement réussi, en devenant une équipe beaucoup plus habile sur les transitions. C’est aussi ça le travail d’un entraîneur : j’ai des idées, maintenant, dans ce championnat et avec cet effectif, qu’est-ce que je peux mettre en place pour que tout le monde prenne du plaisir et que l’équipe soit performante ? Depuis trois ans, on joue avec une défense à trois par exemple. On travaille aussi beaucoup les coups de pied arrêtés (six buts marqués sur coups de pied arrêtés sur dix depuis le début de saison, NDLR), parce que ce sont des éléments qui peuvent faire la différence.

Qu’est-ce que ça représente pour un club historique comme Laval d’être à nouveau dans la lumière des projecteurs ?

Laval faisait partie des clubs sympathiques de première division, qui ont marqué des générations, dont la mienne. Dans les années 2000, il y a eu un peu moins de succès. On écrit une nouvelle histoire. On essaie de créer un modèle un petit peu différent, par conviction, par les valeurs qu’on porte, mais aussi par nécessité parce qu’on pense que c’est le meilleur moyen pour continuer à progresser.

Propos recueillis par Tom Binet

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