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Nzonzi, bien ici

Par Florian Cadu
Nzonzi, bien ici

Ni bruyant dans le vestiaire ni titulaire dans l'esprit de Didier Deschamps, Steven Nzonzi s'est tout de même fait une place dans le groupe de l’équipe de France. Où son profil de milieu défensif tous risques n'est pas en trop.

44e minute au stade de Roudourou. Muni de sa longue carcasse, Steven Nzonzi s’essaye à une jolie frappe devant les cages islandaises. Malheureusement pour lui, Rúnar Alex Rúnarsson se détend bien, dévie le cuir et l’empêche d’inscrire son premier but en sélection après onze capes. Dommage pour le milieu de terrain défensif, qui aurait pu accaparer un peu de lumière pour une fois.

Mais le néo-Romain (il a quitté Séville pour la Roma cet été) n’en a cure. Lui sait qu’il est légitimement jugé par les patrons de l’équipe de France, capables de le distinguer même dans l’ombre. Ainsi, ces derniers savent pertinemment que si les Bleus ont coincé lors de cet amical pour lequel il était titulaire, le champion du monde n’est pas le premier responsable du décevant résultat (2-2). Parmi les Tricolores, il en est même peut-être l’un des derniers (avec Hugo Lloris et Kylian Mbappé).

Une valeur sûre aux yeux de la Dèche

Drôle de trajectoire que celle de l’ancien Amiénois. Appelé à venir chanter la Marseillaise avec les A pour la première fois de sa carrière en novembre 2017, il y a moins d’un an donc, et à pratiquement 29 piges, Nzonzi fait aujourd’hui pleinement partie du groupe EDF. Élément plutôt surprise de la liste des 23 de Didier Deschamps pour la Coupe du monde en Russie, l’ex de Stoke City et de Blackburn a su installer sa discrétion à Clairefontaine et la rendre charismatique aux yeux de DD. C’est que l’entraîneur adore le profil de son poulain. Robuste, physique, rassurant, présent dans les airs et propre avec la balle, le quart-de-finaliste de la Ligue des champions 2018 passe rarement au travers.

« Il a pour lui cette aisance technique, avec une taille assez imposante dans un registre où il est performant, appréciait ainsi le coach en mai 2018 face à la presse au moment de justifier sa présence pour le Mondial et l’absence d’Adrien Rabiot. Pourquoi pas lui ? Une équipe, ce n’est pas que des stars. Il n’a pas que du génie, mais il est très efficace dans son rôle. » Raison pour laquelle le pragmatique technicien n’a jamais hésité à faire appel à lui pendant le Mondial (une titularisation contre le Danemark, quatre entrées en jeu). Notamment en finale face à la Croatie, où la Dèche l’a fait entrer dès la 55e minute à la place de N’Golo Kanté, en difficulté. Avec ces quelques mots emplis de confiance et rapportés par le principal intéressé dans L’Équipe : « Tout va bien se passer bonhomme, donne tout, comme d’habitude. »

L’Islande, symbole de son rôle

Comme d’habitude, Nzonzi avait assuré. Et comme d’habitude, Nzonzi a de nouveau géré devant l’Islande jeudi soir, étant assurément l’un des seuls titulaires inhabituels de la soirée à avoir gagné des points dans l’esprit de Deschamps. Précieux aux côtés de Paul Pogba, solide dans les duels, précis et simple dans son jeu avec des transmissions immédiates, le grand Steven a évité un vrai fiasco en ratissant énormément de ballons et en stoppant de nombreuses contre-attaques adverses grâce à des interventions décisives dans des zones cruciales. Oui, il pourrait séduire bien davantage en dépassant sa fonction première et en prenant un peu plus de risques, mais ce n’est pas ce que lui demande DD. Bien au contraire.

Ultra discipliné sur le terrain et irréprochable à l’extérieur (au moins avec la sélection, le joueur ayant par exemple dû s’excuser auprès des supporters de Séville en avril dernier après être allé en boîte de nuit le soir d’une défaite contre Barcelone), le natif de Colombes ne fait pas de vague quand il vient défendre les couleurs de son pays de naissance, que ce soit dans les médias ou dans le vestiaire, et le sélectionneur aime ça. Au point de ne même plus le faire réfléchir au moment de composer son effectif (en attendant, peut-être, la confirmation de Tanguy Ndombele et le retour de Corentin Tolisso). Pas mal pour un garçon qui, il y a quelques mois encore, disait ne pas penser « vraiment » à la liste des 23.

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