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N’y a-t-il de la place que pour un seul Olympique ?

Par Maxime Feuillet
N’y a-t-il de la place que pour un seul Olympique ?

Leitmotiv préféré des Lyonnais et Marseillais, l’expression « Il n’y a qu’un seul Olympique » revient sur le devant de la scène lors de chaque Olympico. Ne serait-ce pas le moment d’arrêter ?

Comme un ping-pong sans fin. Dès qu’ils en ont l’occasion, supporters, joueurs et dirigeants de l’OL et de l’OM se renvoient la pique. « Il n’y a qu’un Olympique » affirme ainsi Alexandre Lacazette en janvier dernier, au sortir d’une victoire lyonnaise au Groupama Stadium (3-1). « Il n’y a qu’un seul Olympique, c’est l’Olympique de Marseille » , rétorque Jacques-Henri Eyraud quelques jours plus tard sur les ondes de RMC. Lors du dernier mercato hivernal, lorsque Morgan Sanson s’engage avec les Phocéens, l’OL poste alors une photo d’Alex Morgan sur Twitter avec la légende « There is only one Morgan. » Réponse immédiate de l’OM : « There is only one Olympique. » Le coup fait mouche, le community manager des Gones est renvoyé dans les cordes. Mais pourquoi ces deux frères ennemis s’écharpent-ils tant autour de cette question ? Pourquoi devrait-il forcément n’y avoir qu’un seul Olympique aujourd’hui, dans le championnat, sans cohabitation possible ?

Le FC Lyon de Jean-Michel Aulas

Du côté marseillais, on avance qu’on a déposé le nom en premier, en 1899, année de la création de l’OM. Le terme « Olympique » est choisi trois ans après les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne d’Athènes en 1896. Il englobe les différentes disciplines sportives alors pratiquées au club (football, escrime, boxe) et renvoie par ailleurs à l’Olympe, permettant de faire le rattachement avec les racines grecques de la ville de Marseille, selon les explications de Laurent Oreggia, auteur de Tout (et même plus) sur l’OM (Hugo Sport, 2009). L’Olympique lyonnais est fondé cinquante et un ans plus tard, en 1950, à la suite d’une scission entre les sections football et rugby du LOU (Lyon Olympique Universitaire). Quand l’OL voit le jour, l’OM peut se vanter d’être déjà double champion de France (1937, 1948) et déjà sextuple vainqueur de la Coupe de France.

« Bien sûr qu’il n’y a qu’un seul Olympique, cette phrase est amplement véridique, affirme l’humoriste marseillais Bengous, qui cumule les centaines de milliers de vues sur ses vidéos des débriefs des matchs des Phocéens. L’OM, c’est un grand club historique. C’est un club plus réputé. Quand on parle d’un club en France avec une histoire, on parle de Marseille, pas de Lyon. On a cette fierté d’être marseillais, on ne veut pas se faire doubler par un autre Olympique qui n’a pas lieu d’exister. » Si bien qu’aux abords du stade Vélodrome, il n’est pas rare de croiser des supporters arborant des T-shirts sur lesquels il est inscrit « Un seul Olympique » sur fond de coupe aux grandes oreilles. Des supporters qui s’amusent aussi parfois à parler du FC Lyon quand ils évoquent le club de Jean-Michel Aulas, pour éviter d’utiliser le terme « Olympique » , jugé illégitime à leurs yeux.

Pas la même saveur qu’un OL-ASSE ou OM-PSG

Pourquoi cette guéguerre prend-elle autant de place entre les deux clubs. Lensois et Strasbourgeois ne se tirent pas dans les pattes pour déterminer lequel des deux se trouve être le « seul Racing » . « Racing Club et Olympique, ce n’est pas vraiment la même chose, soutient Barth Ruzza, chroniqueur pour W9 et ex-présentateur phare d’OLTV. Derrière le terme Olympique, il y a toute une histoire, toute une légende. Racing Club, ça reste tout de même un peu quelque chose de moins élitiste. » Si la rivalité entre les deux Olympiques s’est accentuée ces dernières années, amplifiée par le conflit entre les présidents Jean-Michel Aulas et Vincent Labrune, Gones et Phocéens tempèrent cet emballement autour de l’Olympico. « La rivalité telle que moi je la ressens, elle existe pour le derby contre Sainté. Là, on peut parler d’une rivalité régionale, ancestrale. C’est vraiment ancré dans les gènes depuis tout petit, témoigne Barth Ruzza. Aujourd’hui la rivalité entre l’OL et l’OM, si on la compare à celle du derby, pour moi ça ne vaut pas un pet de lapin. »

Même constat dans le camp d’en face. Bengous : « Bon, nous les Lyonnais, on ne peut pas se les encadrer, mais la rivalité avec eux aujourd’hui n’est pas à la même hauteur que celle avec le Paris Saint-Germain. » Sauf que l’ultra-domination des Parisiens sur le championnat de France ces dernières années pourrait faire naître une belle rivalité sportive entre les deux Olympiques. « J’ai l’impression qu’on est dans le seul championnat européen où, dès le début de saison, on essaie de tout faire pour finir deuxième, analyse l’ancien d’OLTV. Paris est intouchable et ensuite ça se joue entre Monaco, Marseille, Lyon et parfois une équipe surprise. Donc oui, la rivalité avec l’OM ira peut-être crescendo dans les années à venir. » Les batailles stériles pour déterminer qui de l’OL ou de l’OM est le « seul Olympique » perdureront donc, à moins que le Nîmes Olympique, actuel deuxième de Ligue 2, ne vienne ajouter son grain de sel au débat la saison prochaine.

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Par Maxime Feuillet

Propos de Barth Ruzza et Bengous recueillis par MF

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