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Nuno Gomes : « À l’Euro 2000, la France avait une équipe incroyable »

Propos recueillis par Émilien Hofman
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Nuno Gomes a traversé le début du XXIe siècle avec ses têtes plongeantes et ses cheveux longs. Révélé lors de l'Euro 2000 belgo-néerlandais, le Portugais revient sur les grands moments d’un tournoi débuté par un but et achevé sur un crachat.

L’âge avance, mais votre coiffure reste…J’ai toujours eu les cheveux longs, même quand j’étais enfant. C’est aussi à cette époque que j’ai choisi Gomes comme nom de scène, en l’honneur de Fernando Gomes, un attaquant à la grande chevelure qui a passé l’essentiel de sa carrière à Porto et au Sporting Portugal.

Lors de la Coupe du monde 2002, un journal belge a demandé à ses lecteurs d’établir le classement des plus beaux joueurs du tournoi. Vous avez terminé troisième. À une époque où le look n’était pas encore une priorité pour les footballeurs, est-ce que vous en preniez particulièrement soin ?C’est vrai qu’il y a eu une forte évolution de l’importance du look chez le footballeur, mais honnêtement je ne m’en souciais pas. J’étais juste un gars normal avec des cheveux longs. J’ai porté un serre-tête par obligation, surtout pour ne pas ramasser des cheveux devant les yeux en pleine course.

En 2016, la frappe d’Eder est rentrée, elle.

Deux ans avant le Mondial asiatique, le grand public fait votre connaissance pendant l’Euro 2000. On peut dire que c’était le sommet de votre carrière ?Oui, je pense. C’était mon premier gros événement avec l’équipe nationale, et j’ai senti qu’il a changé ma carrière. Je suis devenu plus célèbre, j’ai reçu plusieurs offres de clubs étrangers et j’ai rejoint la Fiorentina (contre 17 millions d’euros, N.D.L.R.). S’il y a une chose qui n’a pas bougé, c’est mon style. J’ai toujours joué de la même façon face au but, de mon enfance jusqu’aux matchs que je dispute encore avec mes amis aujourd’hui. Ce genre de chose ne change pas.

Le Portugal a complètement séduit le public cet été-là…Par la suite, on n’a plus raté une seule compétition internationale alors qu’avant 2000, le pays était absent de toutes les manifestations depuis 1986 (excepté l’Euro 1996, N.D.L.R.). Je pense que notre génération a amené un vent frais sur le football portugais, une sorte de renaissance. On a toujours eu beaucoup de talents, mais jusqu’à l’Euro 2000, on ne performait que dans les compétitions de jeunes. Ce tournoi nous a donné beaucoup de force, mais surtout énormément de confiance en nous : on a compris que le Portugal pouvait réussir de grandes choses. La Fédération et les clubs ont donc continué à travailler pour améliorer l’organisation et les infrastructures afin de profiter des bénéfices dans les années qui suivaient.

En demi-finales contre la France, vous aviez ouvert le score d’un but magnifique. Le Heysel est un stade qui vous réussit…C’est vrai ! Quand j’avais quinze ans, j’ai disputé un tournoi de jeunes juste à côté du Heysel. C’était ma première compétition internationale et j’avais inscrit le but victorieux en finale. Ce souvenir m’est revenu au moment d’entrer dans le stade, neuf ans plus tard, pour affronter la France. Pour un attaquant, marquer un but inutile lui fait perdre de la saveur, j’ai donc eu une meilleure sensation quatre ans plus tard en plantant le but qualificatif au premier tour de l’Euro portugais face à l’Espagne (1-0). On va dire que ce but face à Fabien Barthez est mon plus beau du pied gauche, mais cette élimination en 2000 m’a énormément marqué.

Les circonstances n’y sont pas étrangères. Avec le recul, comprenez-vous la décision de l’arbitre d’accorder le penalty décisif à la France à la 117e minute à la suite de la main d’Abel Xavier ?
Au moment même, dans le stade, on était sûr qu’il n’y avait pas eu main. D’où notre réaction colérique envers l’arbitre. S’il y avait eu la VAR, la situation aurait été différente. Mais là, on était persuadés d’être jetés comme des malpropres. On avait l’impression qu’on nous enlevait injustement ce rêve d’être les premiers Portugais à atteindre une finale. C’est seulement à l’hôtel, en voyant les images, que j’ai compris, mais sur le moment, mon cerveau n’a pas vu bien clair. (Nuno a été expulsé pour avoir bousculé l’arbitre. Il a ensuite été suspendu huit mois, N.D.L.R.)

Comment avez-vous géré votre suspension au niveau international alors que vous veniez de rejoindre la Fiorentina ?Ça a été difficile parce que je voulais vraiment réussir ce pas en avant dans ma carrière. Je me suis retrouvé suspendu et remplacé en équipe nationale. Je pense que ça m’a aidé de découvrir un nouveau club et un nouveau championnat, surtout que la Serie A était très forte à cette époque. Mais c’est sûr que j’ai compté les jours jusqu’à la fin de la sanction.

Quelques années plus tard, vous êtes de nouveau sanctionné à la suite d’un geste de la main jugé offensant avec Benfica face à Braga. Étiez-vous un joueur électrique ?Non, je n’étais pas nerveux. Parfois, quand tu disputes un gros match et que tu es dans une phase de stress, ton sang devient très chaud et tu réagis… mal. J’ai toujours été respectueux avec tous les acteurs du jeu, ces épisodes sont des réactions sur le moment que l’on regrette par la suite, mais qui sont difficiles à canaliser au moment même. Et certains étaient pires que moi : Sérgio Conceição, Sá Pinto…

Il y a quelques années, alors qu’il était entraîneur du Standard de Liège, Sá Pinto s’était fait remarquer en se jetant au sol après avoir reçu une bière en plastique à ses pieds.Je ne sais pas s’il a réellement été blessé ou non, mais c’est un avertissement pour la sécurité dans les stades : heureusement que ce n’était qu’un gobelet en plastique. Derrière, je me demande si sa chute n’était pas une manière d’engager ses joueurs, de les enflammer. En tout cas, c’est du Sá Pinto tout craché : il est comme ça au naturel.

Mon but face à Barthez est le plus beau que j’ai marqué du gauche.

Même en dehors du terrain ?C’est un mec très marrant, qui aime parler et surtout jouer. À l’hôtel, lors des rassemblements avec l’équipe nationale, il était tout le temps près de la table de ping-pong ou du jeu de cartes. Évidemment, il était là pour gagner uniquement. C’est un vrai ami. Si j’ai joué à l’Euro 2000, c’est parce qu’il s’est blessé 2-3 jours avant le tournoi. Après mon premier but contre l’Angleterre, j’ai donc couru dans sa direction pour le lui dédier.

Qu’est-ce qui explique que votre génération n’a pas aussi bien réussi, par rapport à celle de 2016 par exemple ?En 2000, on a fait un très bon tournoi de bout en bout là où la génération 2016 a enchaîné les matchs nuls avant d’élever son niveau au bon moment. Ce n’est peut-être pas juste de comparer ces deux périodes, mais on a peut-être joué trop vite à un trop bon niveau. Et puis, il faut reconnaître la force de la France en 2000, qui avait une équipe incroyable. Lors de la seconde période de la demi-finale, alors qu’on menait à la marque (défaite 2-1, N.D.L.R.), on essayait surtout de supporter leur pression. Puis, il y a les détails : on a eu cette terrible occasion avec la tête d’Abel Xavier déviée en claquette par Barthez. En 2016, la frappe d’Eder est rentrée, elle.

Vous avez été surpris par le sacre de 2016 ?Oui, dans le sens où face à l’Allemagne, l’Espagne ou même la Belgique, le Portugal ne faisait pas office de favori en début du tournoi. La force des hommes de Fernando Santos, c’est d’avoir formé une véritable équipe. Les gars ont énormément travaillé et ont surtout cru en eux dès le début. Et puis évidemment, il ne faut pas cacher le fait qu’ils aient pu compter sur Ronaldo quand il le fallait.

Est-il le même que celui que vous avez connu à ses débuts en équipe nationale en 2003 ?Il est plus intelligent maintenant. C’est certainement dû à l’expérience qu’il a engrangée au fil des années. Avant, je me souviens qu’il avait les capacités physiques pour courir partout dans tous les sens, alors il le faisait ! Maintenant, il sait plus comment se placer, anticiper, surgir… et il marque plus de buts !

Vous faites partie des légendes de Benfica. Pourquoi ne pas avoir fini votre carrière là-bas ?Souvent, dans ma carrière, j’ai finalement fait le choix du cœur et non du cerveau en décidant de rester à Benfica. J’ai refusé beaucoup d’offres de l’étranger pour ces raisons émotionnelles. Au début des années 2010, je ne jouais plus beaucoup et les dirigeants m’ont proposé d’intégrer l’organigramme du club. Mais je sentais que ce n’était pas le moment de mettre fin à ma carrière, je voulais encore jouer et j’en étais encore capable. J’ai donc rejoint Braga, puis Blackburn. J’avais bien conscience que si je prenais la décision d’arrêter, je ne pourrais jamais revenir en arrière.

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