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Notre foot féminin est-il sur le bon chemin ?

Par Florian Cadu
Notre foot féminin est-il sur le bon chemin ?

À deux ans du Mondial prévu dans l’Hexagone, les Françaises tentent de se trouver une place dans l’univers du foot national. Et s’il reste encore du boulot pour attirer les foules, la greffe commence à prendre.

Ce mercredi soir, l’équipe de France féminine défie l’Angleterre. Samedi, elle passera au révélateur allemand. Et dans une semaine, la bande d’Olivier Echouafni tentera de faire tomber les États-Unis. Vous n’étiez pas au courant de cette petite tournée amicale programmée en Amérique du Nord ? Aussi peu informé là-dessus que sur le championnat d’Europe prévu aux Pays-Bas cet été ? Vous n’êtes pas seul. Mais vous êtes de moins en moins.

Car depuis quelque temps, le football féminin français essaye de s’imposer tant bien que mal dans l’empire du ballon rond. Et semble prendre la bonne direction. Selon les joueuses, ce football pousse. Évolue. Grandit. Avec un événement précis considéré comme le déclic pour Marie-Laure Delie : la Coupe du monde 2011, durant laquelle l’EDF a atteint les demi-finales. « J’ai connu l’avant-médiatisation, puis j’ai eu la chance de faire partie de l’équipe de France qui a boosté l’image du foot féminin sur le plan national, note l’attaquante internationale du Paris Saint-Germain. Et j’ai observé un véritable changement après le Mondial 2011. On peut dire que le pays a découvert le foot féminin à cette occasion. Auparavant, tout le monde pensait qu’on ne savait pas faire une passe, qu’on était toutes des garçons manqués… Les gens avaient une image du foot féminin complètement faussée, personne ne nous connaissait. »

Fini l’anonymat

Delie, Eugénie Le Sommer et les autres ont ainsi totalement changé de statut à leur retour. Terminée, la petite vie paisible et le shopping en toute tranquillité. Bonjour les premières signatures et selfies dans la rue. « C’est vrai que depuis 2011, on devient de plus en plus connues. On voit vraiment la différence. On nous reconnaît dans la rue. Maintenant, je me fais arrêter dès que je sors, continue celle qui a inscrit 64 buts en 111 capes sous le maillot bleu. Ce n’est pas chiant, les gens sont super gentils, on a que des retours très positifs… Ça fait même réellement plaisir, et je pense que c’est ce qu’il manquait au foot français. » Il faut dire que la section féminine du pays avait (et a encore) beaucoup de retard par rapport au voisin allemand (où l’engouement date de 1954) et aux États-Unis (où le soccer a longtemps constitué un sport essentiellement pratiqué par les femmes, qui représentent environ 50% des licenciés contre 5% en France). Soit les deux seules équipes à devancer la France au classement FIFA.

Nicollin, le pionnier

Pour gommer ce décalage, les clubs ont donc décidé de mettre la main à la poche pour créer des équipes dignes de ce nom et y consacrer un budget. « Louis Nicollin a été le premier à le faire à Montpellier. Ensuite, ce fut le tour de Jean-Michel Aulas avec l’Olympique lyonnais, puis Paris a suivi, comme bien d’autres clubs professionnels. Ce qui fait qu’actuellement, chaque club pro se doit d’avoir sa propre section » , apprécie Delie, première joueuse à avoir été transférée en échange d’une somme d’argent en 2013. Alors bien sûr, on est encore très, très loin du football masculin, dont la popularité est de toute façon un objectif impossible à atteindre, et donc une ambition à oublier pour le foot féminin. Mais la France est désormais capable de chiper les meilleures joueuses américaines à la barbe des États-Unis (comme Alex Morgan, recrue de l’OL en 2017), d’attirer quelque 4000 personnes pour un huitième de finale de Coupe de France opposant une équipe de division d’honneur (Tours) au PSG, et de séduire les plus jeunes (la barre des 100 000 licenciées a été franchie il y a tout juste un an).

Le niveau, toujours la même rengaine

Et le niveau, alors ? Sans tomber dans la comparaison stérile entre les deux sexes, y a-t-il toujours autant de différences entre les trois mastodontes français (Montpellier, Lyon et Paris) et le reste du pays, ou glisse-t-on vers une certaine homogénéité ? Delie opte pour la seconde option : « On voit que ça progresse partout et que ça prend une certaine ampleur. Le niveau se resserre, il n’existe plus de petits matchs. » Mouais. Les raclées restent quand même monnaie courante cette saison, qu’elles soient infligées par Lyon (six buts encaissés en quinze parties ; une seule défaite et zéro nul ; onze victoires par plus de trois buts d’écart ou plus dont un 9-0, un 6-0, un 8-0, un 9-1, un 6-1 et un 5-0), Montpellier (sept victoires par trois buts ou plus dont un 7-0 et un 5-0, sans compter le 16-0 en Coupe de France) ou Paris (six buts encaissés en quinze parties, neuf victoires par trois buts d’écart ou plus dont deux 6-0, sans compter les 11 et 19-0 infligés en Coupe de France). Voilà donc une nouvelle piste de réflexion à creuser pour que le foot féminin français se développe encore plus et donne raison à la FIFA qui l’a choisi pour organiser le Mondial 2019.

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