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Le Graët : le pire contre-attaque

Par Nicolas Kssis-Martov
Le Graët : le pire contre-attaque

Noël Le Graët a démissionné, mais il ne quitte pas le ring pour autant. Procès en diffamation contre la ministre, demande d’annulation de l’audit, tout cela avant de prendre ses fonctions au bureau parisien de la FIFA. Oui, le Breton va continuer de pourrir la vie du foot français et de la France.

« Le président de la République m’a appelé hier après-midi, à 16 heures. Il m’a dit que j’étais un dirigeant formidable. Nous avions de bons rapports avant. (…) J’aurais souhaité qu’il freine sa ministre. Je ne lui en veux pas. Je reste attaché à l’homme. » Dans les colonnes du Monde, l’ex-boss de la FFF délivre une vision toute singulière d’une République où les affaires se règlent entre bonshommes et où il faut savoir calmer les bonnes femmes facilement « hystériques ». Apparemment, il n’a rien compris à ce qui lui était reproché. Il continue même à se positionner en victime d’une « cabale médiatico-politique ». Cela dit, pourquoi changerait-il de braquet ? Entre la standing ovation du comex, qui n’a pas eu un mot pour les femmes qui se sont dit victimes de ses comportements, et donc Saturne qui vient le consoler, il peut légitimement se sentir intouchable.

Gianni Infantino, cet ami qui veut du bien à Le Graët

De fait, sa démission s’apparente de moins en moins à une reconnaissance d’une quelconque faute, y compris de communication, ou bien la volonté de faire passer avant tout l’intérêt du football, mais bel et bien à une nouvelle tactique dans la guerre de position qu’il a engagée contre l’État, et bien sûr la ministre, dont il était persuadé qu’il lui survivrait. Dans ce bras de fer, il a reçu le soutien inconditionnel de son grand ami, Gianni Infantino, avec l’opportunité immédiate de prendre la tête du bureau de la FIFA à Paris. Bingo pour NLG : les représentants de l’État ou du ministère seront contraints, forcément, de passer par lui. Il devrait particulièrement savourer ces futures réunions, surtout s’il croise « l’autre, vous m’avez dit qui ? », comme il la désigne désormais, histoire de conforter son image d’un homme d’un autre temps. Cette position de la FIFA n’est guère surprenante. Forte avec les démocraties, conciliante avec les dictatures, elle continue d’imposer sa loi à des États dont elle attend seulement des exemptions fiscales et des beaux stades. Si Poutine devait quitter le pouvoir, Gianni lui trouverait sûrement un poste à Zurich.

La ministre des Sports dans le viseur de NLG

Pour en revenir à nos moutons hexagonaux, Noël Le Graët va donc poursuivre en diffamation une ministre à qui il reproche de n’avoir pas su rester à sa place et d’avoir « violé [choix sympathique du vocabulaire] son obligation d’impartialité ». Elle lui a répondu sur RTL ce mercredi matin : « Je trouve cela affligeant, je n’ai jamais insulté personne, je suis restée polie, je ne l’ai jamais accusé de harcèlement, (…) je ne laisserai pas dénigrer la qualité du travail qui a été fait. (…) C’est le procureur qui a décidé souverainement d’ouvrir une enquête pour des faits de harcèlement moral et sexuel. » Le Graët veut en outre faire annuler l’audit devant les tribunaux administratifs. Ce dont rêve secrètement la comex, qui aura bientôt aussi à rendre des comptes sur les affaires d’abus sexuels étouffés sur mineurs à Clairefontaine, ou encore le plan social de licenciement, sans parler du cas de Florence Hardouin.

Je trouve cela affligeant, je n’ai jamais insulté personne, je suis restée polie, je ne l’ai jamais accusé de harcèlement. Je ne laisserai pas dénigrer la qualité du travail qui a été fait.

Amélie Oudéa-Castéra sur RTL

Si sur le fond, il existe peu de risque que les divers tribunaux donnent raison au Breton, cette guerre d’usure vise surtout à instiller le doute. Si Noël Le Graët gagne, l’État de droit aura encore un peu plus reculé dans notre pays, et surtout dans le sport et le foot. Quoi qu’il en soit, toujours habité par ce que Régis Debray, qui avait conseillé François Mitterrand, qualifiait de libido du pouvoir, l’ancien maire socialiste de Guingamp (dont le parcours éclaire finalement le naufrage du PS) ne désire pas prendre sa retraite immédiatement (de quoi rassurer Olivier Dussops). Il va donc continuer à alimenter l’actualité tout en demeurant incontournable dans la vie de la Fédé et du foot français. Un foot contre la France, selon Noël Le Graët.

Par Nicolas Kssis-Martov

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